L'Amour Brisé de Paris
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Chapitre 2

La porte de la chambre s'est ouverte brusquement. Marc est entré, le visage empreint d'une panique théâtrale.

« Amélie ! Mon Dieu, j'étais si inquiet ! J'ai foncé dès que l'hôpital m'a appelé. Comment tu te sens ? Tu as mal quelque part ? »

Il s'est précipité à son chevet, a pris sa main. Ses mains étaient chaudes, mais son contact donnait à Amélie la nausée. Elle a fixé son visage, cherchant une trace de sa trahison. Il n'y en avait aucune. Il jouait son rôle à la perfection.

L'image de la photo était gravée dans son esprit. Marc, à genoux. Sophie, surprise. La Tour Eiffel.

« Le bébé... » a-t-elle murmuré, sa propre voix lui semblant lointaine.

« Ne t'inquiète pas pour ça, mon amour, l'important c'est toi. »

Il a caressé ses cheveux, son front. Son inquiétude semblait si réelle, si sincère. Mais il n'était pas là quand elle s'est réveillée. Où était-il ? Au Trocadéro ? Était-il en train de célébrer ses fiançailles avec Sophie pendant qu'elle était inconsciente sur le bitume ?

« Tu as si mal ? Ta jambe... Oh, mon Dieu, c'est terrible. Je vais tuer le conducteur qui t'a fait ça. Je n'aurais jamais dû te laisser prendre ce scooter. C'est de ma faute. »

Il se blâmait, se frappait presque la poitrine. C'était trop. Le contraste entre son absence au moment crucial et cette démonstration de "douleur" maintenant était flagrant. C'était un spectacle. Un mensonge de plus.

Amélie voulait hurler. Elle voulait lui jeter le téléphone au visage et lui demander des explications. Elle voulait lui demander pourquoi. Pourquoi elle ? Pourquoi sa sœur ? Depuis quand ?

Mais elle n'a rien dit. Une force étrange, une froideur qu'elle ne se connaissait pas, l'a envahie. Elle a compris qu'elle ne devait pas lui montrer qu'elle savait. Pas encore. Elle devait comprendre l'ampleur de la supercherie. Elle a fermé les yeux, feignant la fatigue et la douleur.

« Je suis juste fatiguée, » a-t-elle dit d'une voix faible.

Le médecin est entré à ce moment-là. Il avait un air rassurant.

« Madame Lefevre, nous avons fait des examens. Votre fracture à la jambe est nette, elle nécessitera une petite opération, mais vous vous remettrez complètement. Quant au bébé... »

Amélie a retenu son souffle. Marc a serré sa main plus fort.

« Le fœtus n'a pas été touché. La grossesse peut se poursuivre normalement. Vous avez eu beaucoup de chance. »

Un soupir de soulagement a échappé à Marc.

« Oh, merci, docteur. Merci. »

Amélie, elle, n'a rien ressenti. Ce "bébé" qui, quelques heures plus tôt, était le symbole de leur amour, était maintenant le fruit d'un mensonge. Il la liait à cet homme, à cette trahison. Le soulagement qu'elle aurait dû éprouver s'est transformé en un vide glacial. Le bébé allait bien. Mais elle, non. Rien n'allait bien.

Marc est resté à ses côtés, lui parlant doucement, lui promettant de la ramener à la maison dès que possible, de prendre soin d'elle. Amélie ne l'écoutait plus. Elle fixait le mur blanc de la chambre d'hôpital. Elle ne lui a pas demandé où il était avant. Elle n'a pas demandé pourquoi il avait mis si longtemps à arriver. Elle n'a posé aucune question sur la photo.

Son silence était une décision. Elle avait besoin de temps. Elle avait besoin de comprendre. La femme naïve et amoureuse était morte sur le pont Neuf. Une autre femme, blessée et méfiante, venait de naître dans cette chambre d'hôpital. Et cette femme-là n'allait plus jamais croire aux contes de fées.

            
            

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