Entre Douleur et Renaissance
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Chapitre 2

La nuit était tombée sur l'hôpital. Le silence des couloirs était seulement rompu par le bip régulier des moniteurs et les pleurs occasionnels d'un nouveau-né. Béatrice dormait paisiblement dans son berceau transparent à côté de mon lit. Je la regardais, épuisée mais déterminée. La cicatrice de ma césarienne me lançait, une douleur sourde et constante.

Soudain, la porte de ma chambre s'est ouverte sans un bruit. Une silhouette s'est glissée à l'intérieur. C'était Chloé.

Elle s'est approchée du berceau, son visage à l'ombre. Une peur froide m'a saisie.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? » ai-je murmuré, ma voix faible.

« Je suis venue voir le bébé, » a-t-elle répondu, sa voix un sifflement venimeux. « C'est à cause d'elle que Marc hésitait encore. Sans elle, il m'aurait épousée il y a des mois. Ce bébé n'aurait jamais dû naître. »

Elle a tendu la main vers le visage de Béatrice.

L'instinct maternel, pur et féroce, a balayé ma douleur et ma fatigue. J'ai arraché la perfusion de mon bras, ignorant la douleur aiguë, et je me suis jetée hors du lit. J'ai attrapé le bras de Chloé juste avant qu'elle ne touche ma fille.

« Ne la touche pas ! » ai-je grondé, ma voix pleine d'une fureur que je ne me connaissais pas.

Chloé a crié, plus de surprise que de douleur. Elle a essayé de se dégager, et nous avons lutté en silence pendant un instant. J'étais faible, ma plaie me brûlait, mais je tenais bon.

C'est à ce moment que Marc a fait irruption dans la chambre.

« Qu'est-ce qui se passe ici ? » a-t-il hurlé.

Chloé a immédiatement changé de visage. Elle a trébuché en arrière, des larmes coulant sur ses joues, et s'est effondrée sur le sol.

« Marc ! Elle m'a attaquée ! Elle a dit... elle a dit qu'elle allait tuer notre bébé ! »

Je suis restée figée, le souffle coupé par l'absurdité du mensonge. Marc n'a même pas jeté un regard dans ma direction. Il s'est précipité vers Chloé, l'a aidée à se relever, la tenant protecteur dans ses bras.

« Ça va, mon amour ? Le bébé va bien ? »

Puis il s'est tourné vers moi, ses yeux brillant de haine.

« Espèce de monstre. Comment oses-tu ? Après tout ce qu'elle a traversé... »

Il s'est avancé vers moi. J'ai reculé jusqu'à ce que mon dos heurte le mur froid.

« Je ne l'ai pas touchée ! Elle voulait faire du mal à Béatrice ! »

« Tais-toi ! » a-t-il crié, et sa main a frappé ma joue. La force de la gifle m'a fait tourner la tête. Le monde a basculé.

« Tu es folle. Complètement folle. Je ne peux pas te laisser près de Chloé, ni près de cet enfant. »

Il a sorti son portefeuille, a jeté une liasse de billets sur le sol.

« Prends ça et dégage. Je ne veux plus jamais te voir. Sors de ma vie. Sors de cet hôpital. Maintenant. »

Chloé, blottie contre lui, me regardait par-dessus son épaule avec un air de triomphe.

Le sang coulait de ma lèvre, se mêlant aux larmes de rage et d'humiliation qui coulaient sur mes joues. Ma cicatrice me pulsait violemment, chaque battement de cœur envoyant une vague de douleur dans mon abdomen.

J'ai regardé les billets par terre, puis le visage de Marc, déformé par la fureur. J'ai compris. Il n'y avait plus rien à sauver. Plus rien à espérer de cet homme.

Lentement, avec une dignité que je ne savais pas posséder, je me suis dirigée vers le berceau. J'ai soigneusement emmailloté Béatrice dans sa couverture, l'ai soulevée dans mes bras. Son petit corps chaud contre le mien était la seule chose réelle dans ce cauchemar.

Je suis passée devant eux sans un mot, sans même un regard pour les billets souillés sur le sol. J'ai senti leurs yeux sur mon dos alors que je sortais de la chambre.

Le couloir était désert. Il était trois heures du matin. Le vent froid de l'extérieur s'engouffrait par une fenêtre ouverte. Je portais toujours ma blouse d'hôpital, fine et inadaptée. Une tache de sang commençait à se former sur le tissu au niveau de ma cicatrice.

J'ai marché. J'ai marché le long des rues sombres et vides, serrant ma fille contre moi pour la protéger du froid. Chaque pas était une agonie, mais je continuais. Je devais continuer.

Après ce qui a semblé une éternité, j'ai atteint une station de taxis. Le chauffeur m'a regardée étrangement, mais n'a rien dit.

« Où on va, madame ? »

J'ai hésité une seconde. Je n'avais nulle part où aller. Pas de famille proche, pas d'amis à qui je pouvais imposer ça. Puis, une image m'est venue à l'esprit. Un visage ridé et bienveillant.

J'ai donné l'adresse de la vieille chocolaterie de Monsieur Antoine, mon ancien mentor.

Dans le taxi, alors que la ville endormie défilait, j'ai pris une décision. Je ne me contenterais pas de survivre. Je ne me contenterais pas de reconstruire ma vie. Je reprendrais ce qui m'appartenait de droit. Le talent, la réputation, le succès.

Marc pensait m'avoir détruite. Il s'était trompé. Il venait de créer son pire ennemi. Et je n'aurais aucun scrupule à le réduire en cendres.

            
            

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