Quelques jours plus tard, Thomas est revenu, seul cette fois. Il avait l'air fatigué, les yeux cernés. Je l'ai laissé entrer, mais je suis restée distante, le cœur fermé.
« Maman, on doit parler. »
Je me suis assise à la table de la cuisine, les bras croisés. « Je t'écoute. »
« Ce qui s'est passé l'autre jour... Madame Leclerc a été un peu... directe. Mais elle ne pensait pas à mal. »
J'ai ri, un rire sans joie. « Directe ? Thomas, elle a exigé ma maison et cent mille euros. Tu appelles ça être directe ? »
Il a baissé les yeux, mal à l'aise. « Écoute, maman. Réfléchis. De toute façon, cette maison me reviendra un jour, non ? Et l'argent, c'est juste pour nous aider à démarrer. C'est comme si ça passait de ta main gauche à ta main droite. Ça reste dans la famille. »
J'ai cru que j'allais m'étouffer. Cette rhétorique, ce n'était pas lui. C'était les mots de Sophie, de sa mère, qui sortaient de sa bouche. Ils l'avaient complètement retourné.
« Thomas, tu t'entends parler ? Ta main gauche à ta main droite ? Et si demain, Sophie te quitte et part avec la moitié de la maison et de l'argent ? Tu y as pensé ? Ils n'apportent rien, mais ils veulent tout prendre. C'est ça, leur plan. »
« Tu ne comprends pas, maman. On s'aime. Et on ne divorcera jamais. »
Sa naïveté était désarmante. J'ai eu envie de pleurer, de le secouer pour qu'il se réveille. Mais j'ai vu dans ses yeux qu'il était déjà trop loin, aveuglé par cet "amour".
J'ai pris une profonde inspiration. « Écoute-moi bien, Thomas. Je ne donnerai pas un centime de plus que ce que j'ai promis. Vingt mille euros. Et ils n'auront pas cette maison. C'est ma dernière offre. »
« Mais maman, la mère de Sophie a dit que si tu ne donnes pas ce qu'ils demandent, ils n'auront pas de dot de leur côté. Sophie arrivera les mains vides. »
« Et alors ? Ils n'ont rien à apporter de toute façon ! C'est une tentative de vol pur et simple ! Ils veulent tout prendre sans rien donner en retour. »
Il a commencé à pleurer, comme un enfant. « S'il te plaît, maman. Ne me fais pas ça. Je l'aime. »
Ses larmes, qui autrefois m'auraient brisé le cœur, me laissaient maintenant de marbre. J'étais fatiguée de sa faiblesse, de sa crédulité.
« C'est non, Thomas. C'est ta vie, tes choix. Tu es majeur. Si tu veux te marier avec cette fille, fais-le. Mais n'attends rien de plus de moi. »
Je pouvais presque voir ses pensées. Il était pris au piège. Il avait promis la lune à Sophie et à sa famille, certain que sa mère finirait par céder.
Je me suis levée. « Tu as fait ton choix. Maintenant, il faut que tu partes. »
Il m'a regardée, incrédule. « Tu me mets à la porte ? »
« Tu n'habites plus ici, Thomas. Tu as choisi ta nouvelle famille. Alors va vivre avec eux. »
Je suis allée dans sa chambre, j'ai pris une valise et j'ai commencé à y jeter ses affaires. Il est resté là, paralysé, à me regarder faire.
Quand j'ai eu fini, j'ai posé la valise devant la porte. « Voilà. Maintenant, va-t'en. »
Il a pris la valise, le visage défait. En partant, il s'est retourné une dernière fois. « Tu es dure, maman. »
« Non, Thomas. Je suis juste fatiguée d'être faible. »
J'ai fermé la porte derrière lui. Je me suis appuyée contre, et j'ai laissé les larmes couler. Je venais de perdre mon fils. Je le savais. Quelques minutes plus tard, mon téléphone a vibré. Un message de Thomas.
« Tu le regretteras. »
Non, je ne le regretterai pas. Je regrettais de ne pas avoir été plus ferme avant.