Mon mari et mes enfants l'apprécient beaucoup
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Chapitre 4

La fureur de Pierre était terrible. Quand ils sont revenus de l'hôpital, une fois les enfants stabilisés, il a confronté Jeanne dans le salon. Sophie se tenait derrière lui, l'air inquiet mais avec une lueur triomphante dans les yeux.

« Comment as-tu pu faire ça ? » a-t-il grondé, sa voix basse et menaçante. « Tu as essayé de leur faire du mal par jalousie ? »

« Je n'ai rien fait, » a répondu Jeanne, sa voix tremblante. « Je ne savais même pas qu'il y avait des mangues dans la maison. »

« Ils disent que c'est toi ! Mes propres enfants ! Tu crois que je vais te croire, toi, plutôt qu'eux ? »

Il a attrapé un pichet de jus de mangue fraîchement pressé que Sophie avait laissé sur la table.

« Tu aimes tant les mangues, n'est-ce pas ? Alors bois. »

Il a saisi Jeanne par le bras et lui a forcé le menton vers le haut.

« Bois ! » a-t-il ordonné.

Jeanne s'est débattue, mais il était trop fort. Il a versé le liquide froid et sucré dans sa gorge. Elle a avalé en s'étouffant, le jus lui brûlant la trachée.

Presque immédiatement, elle a senti que quelque chose n'allait pas. Sa gorge a commencé à se serrer. Des démangeaisons intenses ont parcouru sa peau. Sa respiration est devenue sifflante. Elle aussi, elle était allergique aux mangues. Une allergie qu'elle avait développée après ses grossesses, une chose que Pierre n'avait jamais remarquée, parce qu'il ne l'avait jamais vraiment regardée.

Elle s'est effondrée sur le sol, luttant pour respirer, son visage devenant rouge et enflé. La dernière chose qu'elle a vue avant de perdre connaissance était le visage choqué de Pierre et le regard horrifié, presque satisfait, de Sophie.

Elle s'est souvenue. Elle s'est souvenue de la douleur de l'accouchement de Louis, trente heures de travail atroce. Pierre n'était pas là, il était en voyage d'affaires. Il était revenu deux jours plus tard, avait regardé le bébé dans son berceau et avait dit : « Il me ressemble. C'est bien. » Pas un mot pour elle.

Pour Chloé, c'était pire. Une césarienne d'urgence. Elle avait failli y rester. Pierre était à l'opéra avec Sophie ce soir-là. Il était passé à l'hôpital le lendemain, avait trouvé le mensonge de Sophie plus intéressant que la naissance de sa propre fille.

Ces enfants, elle les avait portés, mis au monde dans la douleur et la solitude. Et maintenant, ils la trahissaient pour une femme qui ne leur avait rien donné.

Quand Jeanne s'est réveillée, elle était dans un lit d'hôpital. Le même hôpital où elle était morte dans sa vie précédente. Une infirmière ajustait sa perfusion. La porte était légèrement entrouverte, et elle pouvait entendre des voix dans le couloir. C'était Sophie et les enfants.

« Ce n'était qu'un petit malentendu, mes chéris, » disait Sophie d'une voix doucereuse. « Maman ne voulait pas vous faire de mal, elle est juste un peu... confuse ces derniers temps. Et elle ne savait pas qu'elle était allergique non plus. Papa s'est un peu emporté, c'est tout. »

« Mais elle nous a fait peur ! » a dit la voix de Chloé.

« On ne l'aime pas. On te veut, toi, Tante Sophie, » a ajouté Louis.

Le cœur de Jeanne, qu'elle croyait déjà en morceaux, s'est brisé une nouvelle fois. La trahison de ses enfants était la blessure la plus profonde, la plus insupportable. Ils minimisaient ce qui s'était passé, protégeant l'image de leur père et de Sophie, tout en la condamnant.

Une décision glaciale s'est formée en elle. Elle ne pouvait plus rester. Pas une minute de plus. Ce n'était plus une question de divorce ou de liberté. C'était une question de survie. Elle devait partir, loin, très loin de ces gens qui portaient son nom mais qui lui étaient plus étrangers et plus cruels que n'importe qui d'autre.

Son téléphone a vibré sur la table de nuit. C'était un message de l'agence de voyages.

« Confirmation : votre billet pour Lyon, vol de demain 10h00, est confirmé. »

Elle a fermé les yeux. Demain. Demain, elle commencerait une nouvelle vie. Loin de la famille Moreau.

                         

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