Mon mari et mes enfants l'apprécient beaucoup
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Chapitre 3

Le lendemain, Sophie Bernard a emménagé. Elle est arrivée avec plusieurs valises, un sourire éclatant sur le visage, comme une reine reprenant possession de son royaume. Pierre l'a accueillie avec une chaleur évidente, et les enfants se sont suspendus à ses bras, l'appelant « Tante Sophie » avec une affection débordante.

Jeanne est restée dans sa chambre, écoutant les sons de la nouvelle dynamique familiale qui s'installait en bas. Les rires de Sophie, les exclamations joyeuses des enfants, la voix détendue de Pierre.

Sophie n'a pas perdu de temps. Elle a commencé à réorganiser la maison, à imposer sa marque. La première chose qu'elle a faite a été de se débarrasser des quelques objets que Jeanne avait choisis au fil des ans. Un vase qu'elle aimait bien, des coussins qu'elle avait brodés elle-même, des cadres photos discrets.

« Oh, ces vieilleries ! » a-t-elle dit d'une voix forte, s'assurant que Jeanne, dans sa chambre, puisse l'entendre. « Ça manque de goût. On va mettre un peu de vie ici. »

Jeanne a entendu le bruit d'objets jetés dans une boîte. Chaque bruit était comme un effacement de sa propre existence dans cette maison. Elle n'a rien dit, elle n'a rien fait. Elle avait accepté l'accord.

Le soir, au dîner, elle est descendue. Sophie était assise à sa place, à la droite de Pierre. Elle riait, racontant une anecdote, et Pierre l'écoutait, captivé. Louis et Chloé étaient penchés vers elle, buvant ses paroles.

Jeanne s'est assise à l'autre bout de la table, en silence. On lui a servi une assiette comme à une invitée de passage. Personne ne lui a adressé la parole. Elle était une étrangère dans sa propre salle à manger, regardant une autre femme vivre la vie qui aurait dû être la sienne. La nourriture n'avait aucun goût.

Les jours suivants ont suivi le même schéma. Sophie jouait le rôle de la mère parfaite. Elle emmenait les enfants au parc, leur lisait des histoires, organisait des goûters avec leurs amis. Mais Jeanne voyait les détails. Sophie ne préparait jamais les repas elle-même, elle donnait des ordres aux domestiques. Elle ne s'occupait pas vraiment des devoirs des enfants, elle les faisait faire par une tutrice. C'était une performance, et Pierre et les enfants étaient son public conquis.

Les domestiques chuchotaient entre eux. Ils voyaient bien que Sophie était une maîtresse exigeante et capricieuse, bien différente de la discrète et gentille Jeanne. Mais ils n'osaient rien dire. Le pouvoir avait changé de camp.

Un après-midi, la catastrophe est arrivée. Jeanne était dans le jardin quand elle a entendu des cris de panique. Elle s'est précipitée à l'intérieur. Louis et Chloé étaient assis sur le canapé, le visage rouge et enflé, respirant avec difficulté. Ils avaient une réaction allergique grave.

Pierre était au téléphone, appelant une ambulance, sa voix tendue par la peur. Sophie se tenait à côté, l'air affolé.

« Qu'est-ce qu'ils ont mangé ? » a crié Pierre.

Sophie a pointé du doigt un bol de fruits sur la table.

« Des mangues... je ne savais pas qu'ils étaient allergiques ! »

Pierre s'est tourné vers Jeanne, ses yeux lançant des éclairs.

« C'est toi ! C'est toi qui as acheté ces mangues ! Tu savais qu'ils étaient allergiques ! »

Jeanne a secoué la tête, abasourdie.

« Non... je ne savais pas. Je n'ai jamais... »

« Maman nous a donné les mangues ! » a pleuré Chloé, entre deux quintes de toux. « Elle a dit que c'était bon pour nous ! »

Louis a hoché la tête vigoureusement, les larmes coulant sur ses joues bouffies.

« Oui ! C'est elle ! »

Le regard de Pierre s'est durci. La trahison et la fureur se lisaient sur son visage. Les ambulanciers sont arrivés et ont emmené les enfants en urgence. Jeanne est restée là, figée, le cœur brisé non pas par l'accusation de Pierre, mais par le mensonge cruel de ses propres enfants.

            
            

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