Chapitre 2

Enfermée. De nouveau.

La poignée de la porte a cliqueté, le son final de ma prison. J'ai entendu leurs voix étouffées dans le couloir.

« Elle ne sortira pas. Jean-Luc veillera à ce qu'elle reste tranquille. » C'était la voix d'Alan, pleine d'une assurance froide.

« Bien. Je m'occupe de la localisation. Ça ne prendra pas longtemps. » Brandon, le technocrate, déjà au travail pour condamner sa propre femme.

Je me suis assise sur le lit, le silence de la chambre pesant sur moi. La douleur sur ma joue était vive, un rappel constant de leur trahison. Mais cette fois, la panique était remplacée par une rage froide.

Je ne pouvais pas les laisser gagner. Pas encore.

J'ai regardé autour de moi, cherchant une issue, n'importe quoi. La fenêtre. Elle donnait sur le jardin arrière, une chute de dix mètres. Trop risqué.

Mon regard est tombé sur mon téléphone, que j'avais réussi à garder. L'appel manqué à Robert Palmer, le grand-oncle d'Alan, un colonel à la retraite de la Garde républicaine. Un homme de principe. Un homme qui respectait Cara plus que quiconque.

Est-ce que ça suffirait ? Un simple appel manqué ?

L'attente était une torture. Chaque minute qui passait était une minute de plus pour eux pour finaliser leur plan. Chaque seconde rapprochait Cara du danger.

Je me suis levée et j'ai fait les cent pas. Mon esprit tournait à toute vitesse. Je devais trouver un moyen de les retarder, de gagner du temps.

Une heure plus tard, la porte s'est ouverte brusquement. Alan et Brandon se tenaient là, leurs visages sombres.

« On y va », a dit Alan.

« Où ? » ai-je demandé, même si je connaissais la réponse.

« On va régler ce problème. Une bonne fois pour toutes », a répondu Brandon, ses yeux brillant d'une lueur fanatique.

Ils m'ont attrapée par les bras. J'ai résisté, me débattant avec toute la force que je pouvais rassembler.

« Lâchez-moi ! Vous ne pouvez pas faire ça ! C'est votre fille ! C'est ta femme ! »

Mes mots n'ont eu aucun effet. Ils étaient des étrangers pour moi maintenant, des hommes possédés par leur propre égoïsme.

Ils m'ont forcée à descendre les escaliers. Dans le hall d'entrée, Kyle nous attendait. Mon fils. Il tenait les clés de la voiture, son visage pâle et torturé.

« Maman... » a-t-il commencé, sa voix brisée.

« Kyle, ne fais pas ça. S'il te plaît. Pense à ta sœur. »

Il a détourné le regard, incapable de me faire face. « J'ai vu le testament, maman. Je... je ne peux pas... »

La peur avait gagné. Elle avait empoisonné toute ma famille.

Ils m'ont poussée dehors et m'ont jetée sur la banquette arrière de la voiture. Alan s'est assis à côté de moi, Brandon au volant, et Kyle sur le siège passager.

La voiture a démarré, s'éloignant de notre maison, de notre vie.

Nous roulions sur l'autoroute, le paysage provençal défilant à toute vitesse. Le soleil commençait à se coucher, peignant le ciel de couleurs orange et violettes. Une beauté cruelle et indifférente.

Alan tenait mon bras si fort que je sentais ses doigts s'enfoncer dans ma chair.

« Tu vas rester sage, Juliette. Tu comprends ? »

J'ai regardé droit devant moi, mon esprit cherchant désespérément une solution.

C'est alors que j'ai eu une idée. Une idée folle, suicidaire.

« Si vous n'arrêtez pas cette voiture maintenant », ai-je dit, ma voix basse et menaçante, « je vais attraper le volant et nous envoyer tous dans le décor. »

Le silence dans la voiture est devenu électrique.

« Tu es folle », a sifflé Brandon.

« Peut-être. Mais je préfère mourir avec vous que de laisser ma fille mourir à cause de vous. »

J'ai regardé Alan dans les yeux. « Tu penses que je bluffe ? »

Il a hésité. Il a vu la détermination dans mon regard.

C'est Kyle qui a réagi.

Dans un mouvement flou, il s'est retourné et m'a frappée. Un coup sec à la tempe.

Les étoiles ont dansé devant mes yeux. Le monde est devenu noir.