Chapitre 3

Marc a jeté Amélie sur le canapé du salon. "Alors, la chienne est de retour."

Amélie s'est relevée, le défi brillant dans ses yeux. "Ne me touche pas."

Marc a ri. "Tu n'as pas changé, toujours aussi arrogante, même après cinq ans de 'traitement'."

Il s'est approché, mais Julien est entré dans la pièce à ce moment-là. "Sors." a-t-il ordonné à Marc.

Marc a haussé les épaules et est parti en sifflant.

Julien s'est tenu devant Amélie, la dominant de toute sa hauteur. "Tu as dit que tu ne me devais rien."

"C'est la vérité." a-t-elle craché, même si chaque mot lui coûtait.

La main de Julien s'est abattue sur sa gorge, la serrant fort. "Répète ça."

Amélie a commencé à suffoquer, ses mains griffant les siennes, mais il était trop fort. Des points noirs dansaient devant ses yeux.

"Tu... tu crois... que ça me fait peur ?" a-t-elle réussi à articuler.

Il a desserré sa prise juste assez pour qu'elle puisse respirer, son visage déformé par la rage. "Tu as peur, je le sais, je le sens."

Ses doigts ont tracé une ligne sur son cou, s'arrêtant sur une vieille cicatrice à peine visible. "Tu te souviens de ça ? C'était la première fois que tu as essayé de me défier, il y a cinq ans."

Bien sûr qu'elle s'en souvenait. C'était la nuit où il avait appris la "vérité" sur la mort de Sophie, il était devenu fou de chagrin et de haine, et il l'avait presque étranglée.

Amélie a détourné le regard, essayant de cacher la douleur dans ses yeux. Elle a forcé un rire moqueur. "Oh, ça ? C'est juste un souvenir d'un amant un peu trop passionné, tu n'es pas le seul homme dans ma vie, tu sais."

Le mensonge était ignoble, mais c'était son seul bouclier.

La main de Julien s'est resserrée. "Menteuse."

Il l'a poussée sur le canapé, arrachant ses vêtements. Amélie n'a pas lutté, elle est restée immobile, son corps était là, mais son esprit était ailleurs. Elle s'est dissociée de la douleur et de l'humiliation.

Il a pris son corps avec une violence froide, comme pour la punir, pour la briser.

Quand il a eu fini, il s'est relevé, se réajustant. "Tu n'es rien de plus qu'une putain, Amélie, tu sais que Chloé est enceinte ? Je vais l'épouser, elle me donnera une famille, quelque chose que tu as détruit."

Le mot "enceinte" a frappé Amélie comme un coup de poing en plein ventre. Une douleur sourde et profonde s'est installée dans sa poitrine, bien pire que la douleur physique.

Il allait avoir un enfant avec Chloé.

Leur rêve d'avoir une famille, il allait le réaliser avec une autre.

"Félicitations." a-t-elle dit d'une voix vide.

Julien a ricané. "Ne sois pas si pressée de me féliciter, tu as encore un rôle à jouer, tu vas préparer mon mariage avec Chloé, tu seras notre servante personnelle."

Il l'a laissée là, seule et brisée sur le canapé.

Amélie s'est traînée jusqu'à la salle de bain. Elle s'est regardée dans le miroir, son reflet était celui d'une étrangère.

Elle a déboutonné sa chemise, révélant sa poitrine et son ventre.

Sur sa peau, gravés avec une lame rudimentaire au fil des ans, des centaines de fois, il y avait deux mots :

Julien Moreau.

Pendant cinq ans, dans l'isolement de sa cellule, écrire son nom sur sa propre peau avait été son seul moyen de ne pas devenir folle, son seul lien avec l'homme qu'elle aimait encore, malgré tout.

C'était son secret, sa douleur, son amour tordu et désespéré.

Elle a regardé les lettres cicatrisées, et pour la première fois, elle a senti quelque chose se briser en elle, de manière irréversible.