J'avais été percutée par une voiture, j'étais tombée d'une falaise, j'avais été empoisonnée. Chaque mort était plus brutale que la précédente, et la douleur, à la fois physique et mentale, était devenue insupportable.
Cette fois, pour cette neuvième réincarnation, j'avais pris une décision.
J'abandonnais.
J'étais fatiguée, épuisée, à bout de forces. L'idée de revivre encore une fois ces événements, de me battre pour une cause perdue, me révulsait. Je préférais mourir une bonne fois pour toutes plutôt que de continuer cette quête futile.
"Ça suffit," me suis-je dit en fixant mon reflet dans le miroir. Mon visage était pâle, mes yeux cernés par la fatigue et le désespoir. "C'est fini. Je ne jouerai plus leur jeu."
Alors que je prenais cette résolution, une voix glaciale et mécanique a résonné dans ma tête, comme à chaque début de boucle.
"La mission de sauvetage de Léa Moreau doit être accomplie. Tout échec entraînera une punition."
Une douleur fulgurante a traversé mon crâne, me faisant grimacer. C'était leur façon de me rappeler que je n'étais qu'un pion, un personnage secondaire dont le seul but était de servir l'héroïne.
La porte de la chambre s'est ouverte à ce moment-là. Léa est entrée, magnifique comme toujours, vêtue d'une robe blanche qui accentuait sa beauté angélique. Mais derrière ce visage d'ange se cachait une cruauté sans nom, surtout lorsqu'elle était sous l'influence de Marc.
Marc Lambert était juste derrière elle, grand, charismatique, le sourire aux lèvres. Il a posé une main possessive sur l'épaule de Léa, et son regard s'est posé sur moi. Un regard plein de mépris et d'aversion.
"Camille, tu es encore là ?" a dit Léa, sa voix douce mais chargée d'un reproche à peine voilé. "Je pensais t'avoir dit de faire tes valises. Marc n'aime pas te voir traîner ici."
Elle parlait de moi comme si j'étais un objet encombrant, une nuisance. Mon cœur s'est serré, mais je n'ai rien laissé paraître. J'étais habituée.
"Je suis en train de le faire," ai-je répondu d'une voix neutre.
Sans un mot de plus, j'ai pris le grand sac posé sur mon lit et j'ai commencé à y jeter mes affaires sans ménagement. Je n'avais plus rien à faire ici. Je devais partir, loin de Léa, loin de Marc, loin de cette histoire qui me dévorait.
En rangeant, mes doigts sont tombés sur un cadre photo. C'était une photo de Léa et moi, prise il y a des années, bien avant que Marc n'entre dans sa vie. Nous souriions, complices et heureuses. À cette époque, j'étais sa protectrice, sa confidente, presque sa grande sœur. Elle m'avait sauvée d'une situation difficile, et en retour, je lui avais juré une loyauté éternelle.
Un éclat de rire amer m'a échappé. Quelle ironie. La loyauté m'avait conduite à la mort, huit fois de suite.
J'ai regardé la photo une dernière fois, puis, sans hésitation, je l'ai jetée dans la poubelle avec le reste de mes souvenirs. C'était fini. Je ne me souciais plus de Léa, ni de son destin. Ma seule préoccupation, désormais, était ma propre liberté. Même si cette liberté signifiait la mort.
J'ai fermé mon sac et je me suis dirigée vers la porte.
"Où vas-tu ?" a de nouveau demandé la voix mécanique dans ma tête.
"Loin d'ici," ai-je pensé avec défi.
"Échouer à la mission entraînera votre effacement définitif."
"Tant mieux," ai-je répondu intérieurement. "C'est tout ce que je demande."
J'ai posé la main sur la poignée, prête à franchir le seuil et à laisser ce cauchemar derrière moi.