Chapitre 2

Mon humiliation est devenue le spectacle principal de la soirée. Les amis de Juliette, tous des jeunes gens riches et arrogants de Paris, se sont rassemblés autour de moi.

Un garçon aux cheveux blonds a levé son verre.

« À Alan Murray ! Le plus grand romantique de France ! Ou devrais-je dire, le plus grand idiot ? »

Les rires ont fusé, cruels et perçants.

Je cherchais dans les yeux de Juliette une trace de regret, de pitié, n'importe quoi. Il n'y avait rien. Juste un amusement distant.

« Tu as vraiment cru qu'une fille comme Juliette pourrait tomber amoureuse d'un... provincial ? » a lancé une jeune femme en robe de soie. « Elle collectionne les cœurs brisés comme elle collectionne les sacs à main. »

Mon regard s'est fixé sur Kyle. Mon propre sang. Il m'a regardé avec un mépris non dissimulé.

« Tu as toujours été trop sentimental, Alan. Tu pensais avec ton cœur, pas avec ta tête. C'est pour ça que père ne t'a jamais vraiment fait confiance. »

Juliette s'est approchée de moi, sa robe frôlant mes jeans usés. Elle a pris la bouteille de Romanée-Conti de la caisse.

« C'était un bon jeu, je dois l'admettre, » dit-elle, sa voix basse et intime, mais chaque mot était un coup. « Tu étais très convaincant dans ton rôle d'amoureux transi. »

Elle a fait sauter le bouchon avec un bruit sec. Le son a résonné dans le silence soudain.

« Un toast, » a-t-elle déclaré à la foule. « Au nouveau maître du domaine Murray. »

Elle a levé la bouteille vers Kyle. Il a souri, savourant sa victoire.

Je me suis senti vidé, exposé. Ma vie, mes sacrifices, mon amour... tout cela n'était qu'une farce pour leur divertissement.

J'ai fait demi-tour et je suis parti. Personne n'a essayé de m'arrêter.

Leurs rires me suivaient dans la nuit, se mêlant au bruit du moteur de ma vieille voiture.

Je suis tombé en panne quelques kilomètres plus loin. J'ai fini par abandonner la voiture sur le bord de la route et j'ai marché, sans savoir où j'allais.

La pluie a commencé à tomber, lavant le sang séché sur mon visage, mais pas la saleté de leur trahison.