Chapitre 4

Le lendemain matin, Juliette a posé une carte de crédit sur la table.

« Tiens. Va t'acheter de nouveaux vêtements. Tu fais honte à voir. »

Dans ma vie passée, j'avais refusé, blessé par son mépris. Cette fois, j'ai pris la carte sans un mot.

Je suis parti. Pas pour acheter des vêtements, mais pour Marseille. J'ai retiré le maximum d'argent autorisé. Puis je suis allé à Cannes et j'ai fait de même.

J'ai passé les deux mois suivants à vivre. J'ai séjourné dans les hôtels les plus luxueux, mangé dans les restaurants les plus chers. J'ai dépensé son argent sans compter.

Un soir, dans un bar chic de Marseille, j'ai rencontré Krista Brown. Elle était la gérante, une femme magnifique, intelligente et directe. Elle a vu que j'étais un connaisseur en vin et nous avons commencé à discuter.

« Vous avez un palais exceptionnel, » m'a-t-elle dit, impressionnée.

« C'est mon métier. Ou plutôt, c'était mon métier. »

Nous avons parlé pendant des heures. Avec elle, tout était simple, honnête. Pas de jeux, pas de manipulations.

Pendant ce temps, Juliette me bombardait de messages.

« Où es-tu, Joseph ? »

« Reviens à la maison. »

« Joseph, je m'inquiète. Réponds-moi ! »

J'ai ignoré chaque appel, chaque message. Je laissais le téléphone sonner jusqu'à ce qu'il se taise.

Krista m'a regardé, un sourcil levé.

« Une femme en colère ? »

« Une femme du passé, » ai-je répondu en éteignant mon téléphone.

Les rumeurs ont commencé à circuler. La grande Juliette Gordon, la reine de l'industrie du luxe, avait été abandonnée par son mari vigneron. On disait qu'elle le cherchait partout, comme une folle.

L'ironie me faisait sourire.

Un soir, alors que j'étais au bar avec Krista, la porte s'est ouverte à la volée.

Juliette était là, le visage défait par la fatigue et la fureur. Ses yeux se sont posés sur moi, puis sur Krista.

« Joseph ! » a-t-elle crié, traversant la salle. « Comment oses-tu ? Te vautrer dans un endroit pareil, avec ce genre de femme ? »

Je n'ai pas bougé. J'ai siroté mon verre, calmement.

« Madame, je ne crois pas vous connaître. »