Le Retour du Vigneron Trahi
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Chapitre 1

Dans la cellule humide et froide de la prison des Baumettes à Marseille, je fixais le plafond moisi. Trois ans. Trois ans que j'étais enfermé ici, accusé d'un crime que je n'avais pas commis.

On m'avait dit que j'avais poussé Alan Moore de la terrasse du château. Alan, le soi-disant amour d'enfance de Juliette, ma compagne.

Et celle qui m'avait dénoncé à la police, sans même écouter un mot de mon explication, c'était elle. Juliette Gordon. La femme que j'avais sauvée, que j'avais aimée plus que ma propre vie.

La porte en fer s'est ouverte avec un grincement. Un gardien m'a regardé avec dégoût.

« Larson, tu as de la visite. »

J'ai été conduit dans une salle d'interrogatoire stérile. Juliette était assise là, impeccable dans son tailleur Chanel, son visage aussi froid et beau que jamais. Elle ne m'a pas regardé.

« Joseph, » a-t-elle commencé, sa voix dénuée de toute chaleur, « Alan a survécu, par miracle. Mais ses reins sont défaillants. Il a besoin d'une greffe. »

Je suis resté silencieux, mon cœur battant à tout rompre.

Elle a finalement posé ses yeux sur moi, un regard glacial qui me transperçait.

« Tu vas lui donner un de tes reins. C'est ta chance de te racheter. »

Le monde semblait s'effondrer autour de moi. Une demande absurde, cruelle.

« Juliette, tu sais très bien que je n'ai pas poussé Alan. »

Elle a eu un petit rire méprisant.

« Ça n'a plus d'importance. C'est ta seule issue. Si tu acceptes, je peux faire en sorte que ta peine soit réduite. Tu pourras sortir d'ici. »

Une menace à peine voilée. Une humiliation totale. Elle me traitait comme un objet, une simple banque d'organes pour son véritable amour.

Je l'ai regardée droit dans les yeux, la voix tremblante.

« Je ne peux pas, Juliette. J'ai déjà donné un rein il y a des années, après un accident. Une deuxième opération me tuerait. »

C'était la vérité. Un secret que je n'avais jamais partagé, même avec elle.

Son visage s'est durci.

« Encore un de tes mensonges. Tu ferais n'importe quoi pour ne pas payer pour tes actes. Tu me dégoûtes. L'accord est signé. Tu seras transféré à l'hôpital demain. Ne salis pas mes yeux avec ta présence plus longtemps. »

Elle s'est levée et est partie, sans un regard en arrière.

Le lendemain, sur la table d'opération, sous les lumières crues, j'ai vu une infirmière parler à une autre, pensant que j'étais déjà sous anesthésie.

« C'est une arnaque totale. Le patient, Alan Moore, n'a aucun problème de rein. Ils veulent juste le sien. C'est horrible. »

Mon sang s'est glacé. Alan n'était pas mort. Alan n'était pas malade. Tout était un mensonge.

Et Juliette, la femme que j'aimais, m'envoyait à la mort en toute connaissance de cause.

L'anesthésiste s'est approché. J'ai senti le froid du liquide se répandre dans mes veines, mes paupières devenir lourdes. Ma dernière pensée a été pour elle. Pour sa trahison.

Puis, le noir total.

...

Je me suis réveillé en sursaut, le souffle court.

Où suis-je ?

Je n'étais pas dans une salle d'opération. J'étais dans ma chambre, dans notre domaine en Provence. Le soleil filtrait à travers les rideaux.

J'ai entendu une voix familière, pleine de fausse inquiétude, venant du rez-de-chaussée.

« Oh mon Dieu, Juliette ! Je suis tombé... Je crois que Joseph m'a poussé dans les escaliers... »

C'était la voix d'Alan Moore.

J'ai regardé le calendrier sur ma table de chevet. Le 15 juin. Trois ans avant ma mort.

Je suis revenu. Je suis revenu au jour où tout a commencé.

            
            

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