Chapitre 4

Le choc a été trop violent. Le lendemain matin, je me suis réveillée avec une fièvre brûlante et des douleurs insupportables. Le chagrin avait empoisonné mon corps. J'ai réussi à appeler une ambulance avant de m'effondrer.

À l'hôpital, le diagnostic est tombé : une grave infection rénale, aggravée par le stress et l'épuisement. J'étais branchée à des perfusions, faible et seule.

J'ai appelé Kyle. Il a fini par répondre, sa voix pressée.

« Juliette ? Qu'est-ce qui se passe ? Je suis un peu occupé. »

« Je suis à l'hôpital, Kyle. C'est sérieux. »

Il y a eu un silence. Puis il a soupiré.

« D'accord, j'arrive. Quel hôpital ? »

Il est arrivé une heure plus tard, l'air contrarié. Il est resté à peine dix minutes, regardant sa montre toutes les trente secondes.

Puis son téléphone a sonné. C'était Cécilia, bien sûr.

« Allô ?... Quoi ? Tu t'es foulé la cheville ?... Non, ne bouge pas, j'arrive tout de suite. »

Il a raccroché et s'est tourné vers moi.

« Je suis désolé, chérie. Cécilia a eu un petit accident, elle s'est foulé la cheville. Je dois aller l'aider. Je reviens dès que possible. »

Il m'a embrassée sur le front, un baiser vide et sans chaleur, et il est parti. Il m'a laissée seule dans cette chambre d'hôpital stérile, avec mon infection et mon cœur brisé, pour aller soigner la "légère" entorse de Cécilia.

C'était la goutte d'eau. Le moment où la tristesse s'est transformée en une rage froide et déterminée.

Dès qu'il a franchi la porte, j'ai pris mon téléphone. J'ai cherché le contact de Brandon Evans, mon ami d'enfance, le propriétaire d'une galerie d'art à Paris. Il m'avait toujours dit que si un jour je voulais changer de vie, une place m'attendait à ses côtés.

Il a répondu à la première sonnerie.

« Juliette ? Ça ne va pas ? »

Ma voix s'est brisée.

« Brandon... Ton offre... est-ce qu'elle tient toujours ? »

« Toujours, » a-t-il répondu, sa voix douce et rassurante. « Qu'est-ce qui se passe ? »

« Je quitte Kyle. Je quitte Lyon. J'arrive à Paris. »