Chapitre 2

Le lendemain, je suis retournée sur son ordinateur. Je devais être sûre. Je devais tout voir, tout comprendre. J'ai rouvert le journal, et j'ai commencé à relire notre histoire, mais cette fois, à travers ses yeux.

Notre première rencontre, dans cette galerie d'art. Il avait écrit : "Elle lui ressemble un peu. Les mêmes cheveux, le même amour pour l'art. Peut-être que ça marchera."

Le jour où nous avons emménagé ensemble. "C'est un grand pas. Peut-être que si Cécilia voit que je suis sérieux avec quelqu'un, elle reviendra."

Chaque souvenir heureux était souillé, réinterprété. Chaque "je t'aime" qu'il m'avait murmuré était en réalité un cri silencieux pour elle. Je n'étais pas sa Juliette. J'étais le fantôme de sa Cécilia.

Ce n'était pas pour moi, ce voyage en Italie. C'était parce que Cécilia avait posté des photos de ses vacances en Grèce.

Ce n'était pas pour moi, ce restaurant étoilé. C'était parce que Cécilia avait fêté son anniversaire dans un endroit similaire.

Ce n'était pas pour moi, sa demande en mariage. C'était un ultimatum pour elle.

Pas pour moi. Rien n'avait jamais été pour moi.

J'ai imprimé chaque page de ce journal maudit, chaque photo d'elle. Le bruit de l'imprimante était la seule chose qui brisait le silence de l'appartement. C'était la bande-son de la fin de mon monde.

Le soir, quand il est rentré, il m'a trouvée sur le canapé, entourée de ces preuves. Il ne les a pas vues tout de suite. Il s'est approché, un bouquet de pivoines à la main.

« Pour ma future femme. »

Les pivoines. Ses fleurs préférées à elle, bien sûr. Je me suis levée, j'ai pris le bouquet et je suis allée le jeter directement à la poubelle, devant ses yeux stupéfaits.

« Qu'est-ce que tu fais ? » a-t-il demandé, l'incompréhension totale dans sa voix.

Je me suis retournée vers lui, la bague de fiançailles dans ma main.

« C'est terminé, Kyle. »

Je lui ai tendu la bague. Il l'a regardée, puis m'a regardée, le visage décomposé.

« Mais... pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? »

Le voir jouer l'innocence a été la dernière insulte. J'ai laissé tomber la bague sur la table basse. Elle a roulé et s'est arrêtée juste à côté de son ordinateur. Le symbole était parfait.