Chapitre 1

Six ans. Six ans que je partageais ma vie avec Kyle Larson, l'architecte le plus en vue de Lyon. Six ans d'une passion que tout le monde nous enviait. J'étais convaincue, au plus profond de moi, que j'avais trouvé l'homme de ma vie.

Ce soir-là, alors qu'il était sous la douche, son ordinateur portable est resté ouvert sur la table basse du salon. Un simple dossier, nommé "Archives", a attiré mon attention. Je n'étais pas du genre à fouiller, mais une curiosité soudaine m'a poussée à cliquer.

À l'intérieur, il n'y avait pas de plans d'architecture. Il y avait des centaines de photos de Cécilia Moore, son ex-petite amie. Et un fichier texte, un journal.

Mon cœur a commencé à battre anormalement vite. J'ai ouvert le journal. Chaque ligne était une déflagration. Chaque mot me glaçait le sang.

Notre premier week-end romantique à Annecy, celui que je chérissais tant ? Il l'avait organisé le lendemain du jour où Cécilia avait annoncé ses fiançailles sur Instagram.

Le collier de créateur qu'il m'avait offert pour mon anniversaire ? Il l'avait acheté le jour de l'anniversaire de mariage de Cécilia. C'était son cadeau à elle, un cadeau qu'il ne pouvait pas lui donner.

Et puis, il y avait l'entrée la plus récente, datant de trois jours à peine. Le jour où il m'avait demandée en mariage, à genoux, les larmes aux yeux, dans notre appartement baigné de lumière.

"Cécilia, si tu ne quittes pas ton mari avant la fin de la semaine, j'épouserai vraiment quelqu'un d'autre."

L'air m'a manqué. Le monde autour de moi s'est effondré. Six ans de ma vie. Un mensonge. Je n'étais qu'un pion dans son jeu pervers, une doublure pour la femme qu'il n'avait jamais cessé d'aimer.

J'ai refermé l'ordinateur, le corps parcouru d'un froid glacial. Je me suis assise sur le canapé, fixant le mur, incapable de pleurer, incapable de crier. J'étais vide.

Quand Kyle est sorti de la salle de bain, une serviette nouée autour de la taille, il m'a souri.

« Mon amour, tout va bien ? Tu as l'air pâle. »

Il s'est approché, a posé ses mains sur mes épaules. Son contact, qui me réconfortait tant auparavant, me donnait la nausée.

J'ai levé les yeux vers lui, essayant de déceler une once de vérité dans son regard. Je n'ai vu que le même amour passionné qu'il me jouait depuis six ans.

« Je suis juste un peu fatiguée, » ai-je menti, ma voix sonnant étrangement calme.

Il m'a embrassée sur le front.

« Repose-toi. Demain, on ira choisir les alliances. Je veux que tu aies la plus belle bague de Lyon. »

La plus belle bague. Probablement celle que Cécilia aurait aimée. Le dégoût m'a submergée. J'ai hoché la tête, un sourire amer figé sur mes lèvres. Le spectacle devait continuer, au moins pour cette nuit.