Je me suis réveillée dans ma chambre sordide. Joseph était penché sur moi, une lueur étrange dans les yeux. Un mélange de haine et... d'inquiétude ? Ça n'a duré qu'une seconde. Son masque de cruauté est revenu en place.
« Tu ne peux pas mourir, » a-t-il sifflé. « Pas avant que j'aie fini avec toi. »
J'étais faible, mon corps tremblait. C'était le sixième jour. Demain, ce serait le septième jour depuis la mort de Luc. Le jour de ma propre mort.
« Joseph, » ai-je murmuré, ma voix rauque. « S'il te plaît... Rends-moi les cendres de Luc. C'est tout ce que je te demande. »
« Les cendres ? » Il a ri, un son horrible. « Elles sont à moi. Tout comme toi. »
Plus tard dans la journée, Carole est entrée dans ma chambre, un sourire triomphant sur les lèvres.
« Joseph est sorti. Mais il m'a laissé une tâche. Il veut que tu te nourrisses. »
Elle tenait un bol de soupe chaude.
« C'est pour toi. Pour te redonner des forces. »
J'ai refusé, mais elle a menacé de jeter les cendres de Luc dans les toilettes si je n'obéissais pas. Tremblante, j'ai pris le bol et j'ai bu. La soupe était épaisse, avec un goût étrange et granuleux.
Quand j'ai fini, Carole a éclaté de rire.
« Tu aimes ? C'est une recette spéciale. Soupe aux cendres de ton cher frère. »
Le bol m'a glissé des mains et s'est brisé sur le sol. Le monde a basculé. J'ai vomi, encore et encore, mais je ne pouvais pas expulser l'horreur que je venais d'avaler.
Une fureur comme je n'en avais jamais ressentie a explosé en moi. J'ai attrapé un éclat de céramique du bol cassé et je me suis jetée sur elle.
« Je vais te tuer ! »
C'est à ce moment que Joseph est revenu. Il a vu la scène, m'a vue menacer sa femme bien-aimée. Il ne m'a pas posé de questions. Il m'a attrapée, m'a arraché le morceau de céramique des mains et, avec une froideur calculée, il a brisé mes doigts, un par un.
Le son des os qui craquent a résonné dans la pièce, suivi de mon hurlement de douleur.
« Tu as signé ton arrêt de mort, Juliette. »
Alors qu'il levait la main pour me frapper à nouveau, une voix a retenti depuis la porte. Une voix que je n'avais pas entendue depuis deux ans.
« Arrête, Joseph ! »
Nous nous sommes tous retournés. Ann Larson se tenait là, vivante.