La panique de Chloé a grandi dans les jours qui ont suivi. Elle a commencé à me surveiller, à fouiller dans ma chambre quand elle me pensait sortie. Elle cherchait la broche.
Un soir, elle m'a confrontée directement.
« Où est-elle ? »
Sa voix était tendue, méconnaissable.
« De quoi parles-tu, Chloé ? »
« La broche ! La broche que je t'ai donnée ! Ne joue pas à l'innocente avec moi ! »
Elle s'est approchée, ses mains serrées en poings.
« Je l'ai donnée, » ai-je répondu calmement.
« Donnée ? À qui ? Tu n'avais pas le droit ! »
« C'était un cadeau. Je peux en faire ce que je veux. Je l'ai offerte à Louis. »
Son visage est devenu livide. La compréhension, puis la fureur, se sont peintes sur ses traits.
« Tu... Qu'as-tu fait ? »
« Je lui ai dit que c'était un porte-bonheur pour les amants. Il était ravi. Il a dit qu'il ne la quitterait jamais. »
Elle a poussé un cri étranglé. Elle a essayé de m'attraper par le bras, mais je me suis écartée.
« Tu vas la récupérer ! Tout de suite ! »
« Je ne crois pas, non. »
La confrontation a été interrompue par la sonnerie de son téléphone. C'était Louis. Son ton était paniqué.
« Chloé, il faut que tu voies ça ! Je... je ne comprends pas ce qui m'arrive ! »
Chloé a blêmi en écoutant. Elle m'a lancé un regard meurtrier avant de se précipiter hors de l'appartement.
Je savais ce que Louis avait découvert. Les mêmes marques, la même fatigue inexplicable qui m'avaient tourmentée pendant des mois. Le pouvoir de la broche était maintenant divisé. Trop faible pour tout transférer sur moi. Le reste... restait sur les porteurs originels. Chloé. Et maintenant, Louis.
Le grand événement approchait : la fête d'anniversaire de Chloé. Une soirée somptueuse organisée par mes parents au plus grand hôtel de Paris. Tout le gratin de la société serait là.
C'était la scène parfaite pour le dénouement.
J'ai passé un appel à une amie, une jeune journaliste ambitieuse qui travaillait pour un magazine en ligne.
« J'ai une histoire pour toi. Une performance artistique sur le 'body shaming' et la cyber-intimidation. Ça se passera à la fête d'anniversaire de Chloé de Vigny. Sois là. »
Puis, j'ai sorti ma trousse de maquillage. Pas pour me faire belle. Mais pour créer une illusion.
Avec une précision d'artiste, j'ai recréé les marques de la honte sur ma propre peau. Des bleus sur les bras, un faux suçon sur le cou. Des traces plus vraies que nature.
J'étais prête pour le spectacle.