L'Arnaque des Sentiments : Le Triomphe d'Adèle
img img L'Arnaque des Sentiments : Le Triomphe d'Adèle img Chapitre 3
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Chapitre 3

Nous nous éloignons du quai. Bastien ne me lâche pas la main. Je sens son regard sur moi, curieux, presque respectueux.

Il sort son téléphone. Je vois l'écran s'allumer. Il tape quelque chose rapidement.

Une nouvelle notification apparaît sur mon propre téléphone.

Un nouveau live a commencé.

Titre : « La Cendrillon parisienne peut-elle gagner le cœur du rebelle ? »

En dessous, un système de paris. Les gens peuvent miser de l'argent sur l'issue de notre "histoire".

Je regarde les chiffres. Le pot grimpe déjà. C'est indécent. C'est leur monde. Un monde où les sentiments des autres sont un divertissement, une marchandise.

Bastien me regarde, un sourire en coin. « Alors, Cendrillon ? Tu paries sur toi ? »

Ma colère est une braise ardente. Je ne veux pas seulement leur faire mal. Je veux leur prendre ce qui compte le plus pour eux. Leur argent.

« Oui, » je réponds, ma voix ferme. « Je parie tout ce que j'ai. Et je dis que je le gagne en une semaine. »

L'argent que j'avais économisé pour le bateau. L'argent de mon travail, de mes nuits blanches. Je le mise. C'est un pari sur ma vengeance. Et sur ma liberté.

Bastien lève un sourcil, impressionné. « Une semaine. C'est précis. Tu as un plan ? »

« Je n'ai pas besoin de plan, » je réponds froidement. « J'ai juste besoin que tu sois toi-même. »

Les jours qui suivent sont un jeu étrange. Bastien me teste. Il veut voir si ma dévotion est réelle.

Le premier test arrive vite. Grève des transports. Paris est paralysé.

« J'ai besoin d'un disque, » me dit-il au téléphone. « Un vinyle rare. On ne le trouve qu'au Marché aux puces de Saint-Ouen. »

C'est à l'autre bout de la ville. C'est presque impossible d'y aller.

« J'arrive, » je dis simplement avant de raccrocher.

Je marche des heures. Le ciel devient noir. Une pluie torrentielle s'abat sur la ville. Je suis trempée jusqu'aux os en quelques minutes. Mais je continue.

Je trouve enfin le disquaire. Je trouve le vinyle. Je le paie avec le peu d'argent qui me reste.

Je l'enveloppe dans le seul sac plastique que j'ai, puis je le glisse sous mon manteau, contre ma peau, pour le protéger de la pluie.

Quand j'arrive enfin devant l'atelier de Bastien, je suis un fantôme dégoulinant. Il est là, à la porte, avec quelques amis. Ils me regardent, stupéfaits.

Je ne dis rien. J'ouvre mon manteau. Le disque est parfaitement sec. Je le lui tends.

Bastien me regarde. Son expression a changé. Il n'y a plus d'ironie, plus de jeu. Il y a quelque chose d'autre. Quelque chose de vrai.

Il prend le disque. Ses doigts effleurent les miens.

« Tu es folle, » murmure-t-il.

Mais dans sa voix, je n'entends pas un reproche. J'entends de l'admiration.

Le live continue de tourner. Les paris s'envolent. Les commentaires sont passés de la moquerie à une sorte de fascination.

Je regarde les chiffres monter. Ma vengeance est en marche. Et ma liberté se rapproche.

                         

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