L'Arnaque des Sentiments : Le Triomphe d'Adèle
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Chapitre 2

Le bateau tangue doucement. Bastien arrive, un sourire narquois aux lèvres. Il porte les mêmes vêtements chers que son frère, mais il y a quelque chose de différent, une nonchalance, une rébellion dans sa démarche. Il joue parfaitement le rôle d'Étienne.

« Adèle, » dit-il d'une voix douce, une imitation parfaite de son frère. « Tu voulais me voir ? »

Je lève les yeux vers lui. Je laisse les larmes que j'avais retenues couler sur mes joues. Mon menton tremble.

« Étienne... je... je dois te dire quelque chose. »

Il attend, savourant son triomphe. Il s'attend à ma déclaration d'amour.

Je prends une profonde inspiration.

« Je suis désolée, » je murmure, la voix brisée. « Je t'ai utilisé. »

Son sourire s'efface. La confusion remplace l'arrogance sur son visage. C'est exactement ce que je voulais voir.

« Pardon ? »

« Toi... tu ressembles tellement à ton frère, Bastien. Je pensais... je pensais que si j'étais avec toi, ça apaiserait la douleur. Mais ça ne marche pas. C'est lui que j'aime. Ça a toujours été lui. »

Le silence. Un silence total. Je peux presque entendre les cerveaux de ceux qui regardent le live griller.

Bastien est complètement décontenancé. Il me regarde, bouche bée. Le prédateur est devenu la proie.

« Bastien ? Mon frère ? » il répète, incrédule.

« Oui. »

Je dois maintenant construire mon mensonge, lui donner des fondations solides. Je ferme les yeux, comme pour me remémorer un souvenir précieux.

« C'était il y a des années, à la Fête de la Musique. J'étais seule. Ma belle-mère venait de me punir, elle m'avait interdit de manger. J'avais faim, j'étais triste. Et puis, un garçon s'est approché. Il avait des cheveux en bataille et des taches de peinture sur son jean. Il ne m'a rien dit. Il a juste partagé sa crêpe avec moi. C'était la première fois que quelqu'un était gentil avec moi depuis longtemps. »

Je le regarde droit dans les yeux. « Ce garçon, c'était Bastien. Je ne l'ai jamais oublié. »

En réalité, je me souviens très bien de cette Fête de la Musique. J'étais seule, et personne n'a partagé sa crêpe avec moi. Mais Bastien ne peut pas le savoir. Son enfance a été un chaos, un flou. Il me fixe, cherchant dans ses souvenirs fragmentés. Il ne peut ni confirmer, ni nier.

Mon histoire est parfaite. Elle est invérifiable.

Soudain, un bruit sourd sur le quai.

Étienne.

Il est là, le souffle court, une main ensanglantée. Il a dû briser un verre. Ses yeux lancent des éclairs. Son masque de perfection s'est fissuré.

« Le jeu est terminé ! » crie-t-il.

Je sursaute, jouant la surprise et la peur. « Étienne ? Mais... qu'est-ce que tu fais là ? Et... ce n'est pas toi ? »

Je me tourne vers Bastien, l'air complètement perdue.

Bastien, lui, a changé. Il n'est plus l'acteur d'une farce. Il me regarde avec une intensité nouvelle. Il est intrigué. Protecteur.

Il se place entre Étienne et moi.

« Laisse-la tranquille, » dit-il à son frère. « On doit parler. »

Étienne essaie de m'attraper le bras. « Adèle, viens avec moi. Arrête cette comédie. »

Je recule. Je le regarde avec un mépris glacial.

« Merci de l'avoir envoyé, Étienne. C'est toujours mieux de se confesser à la bonne personne, pas à un remplaçant. »

Je prends la main de Bastien et je le tire vers la sortie du quai, laissant Étienne seul, saignant, au milieu de mes lys blancs.

            
            

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