Mon grand-père est arrivé, alerté par le bruit. Il a vu la Vigne Mère déracinée, gisant sur le sol comme un cadavre, et moi, à moitié consciente à côté. Son visage, habituellement si calme, s'est tordu de fureur et de désespoir.
« Monstre ! Sais-tu ce que tu as fait ? » a-t-il crié en se précipitant vers moi.
Il m'a aidée à m'asseoir, son regard passant de mon visage pâle à mes cheveux qui blanchissaient à vue d'œil.
« Amélie, mon enfant... »
Étienne a haussé les épaules, indifférent.
« Ne vous laissez pas avoir par sa comédie, grand-père. Elle fait ça pour attirer l'attention. »
Le grand-père l'a foudroyé du regard.
« Tu es aveugle et stupide. Tu viens de condamner ta propre femme. »
Il s'est tourné vers moi, sa voix tremblante.
« Je vais appeler un médecin. »
J'ai secoué la tête faiblement.
« Aucun médecin ne peut m'aider. Le lien... est rompu. »
La douleur était maintenant une brûlure constante, sourde, qui irradiait depuis ma poitrine. Chaque respiration était un effort.
Le grand-père a confronté Étienne, le visage déformé par la rage.
« Je t'avais prévenu. Je t'avais tout dit sur le pacte. Tu as épousé Amélie en sachant que la Dame Verte bénirait ta femme d'une longue vie. C'était ça que tu voulais pour ta Chloé, n'est-ce pas ? La santé et la vie d'Amélie en échange de la tienne ! »
Étienne a reculé, surpris par la véhémence du vieil homme.
« Ce ne sont que des légendes ! Des contes de fées pour effrayer les enfants ! »
« Des légendes ? » Le grand-père a sorti un vieux carnet de sa poche, les pages jaunies par le temps. « Lis ça ! C'est le journal de ton arrière-grand-père ! Il décrit le pacte, le lien vital ! Tout est là, notarié ! »
Étienne a jeté un regard dédaigneux sur le carnet.
« Des vieilleries. Je n'ai pas de temps à perdre avec ça. »
Il a ordonné à ses hommes de charger le bois de la Vigne Mère sur une charrette.
« On va utiliser ce bois pour le banquet de ce soir. Chloé dit que la fumée aura des propriétés bénéfiques. »
Une nouvelle vague de douleur m'a submergée, si intense que j'ai crié. C'était comme si on me jetait dans un feu.
Étienne m'a regardée avec un dégoût non dissimulé.
« Tu vois, grand-père ? Elle exagère tout. C'est pathétique. »
Il est parti sans un regard en arrière, laissant derrière lui le chaos et la destruction.
Mon grand-père m'a serrée dans ses bras.
« Pardonne-moi, Amélie. J'ai cru que ce mariage te protégerait. J'ai été si naïf. »
Les larmes coulaient sur mes joues, mais je n'avais plus la force de parler. Je sentais la vie me quitter, lentement, inexorablement.