Chapitre 2 Tony

C'est comme une odeur de cerise ou de framboises sauvages.

Elle est pour moi un fruit bien mûr et bien juteux.

Un fruit défendu.

Cependant quand elle est dans les parages un peu plus longtemps, je peux aussi déceler une note de fond plus riche et plus profonde, avec une petite pointe d'amertume,comme le chocolat noir ou le café.

J'ai très souvent été intrigué voir subjugué par le doux parfum de Carmen Jimenez. C'est même la première chose que j'ai notée, lors de notre première rencontre. Son parfum intoxicant.

Mais ce soir, son parfum est encore plus enivrant.

Il a l'odeur de la peur, mais aussi de la douce excitation que vous auriez à la perspective de commettre un acte interdit, mais oh combien délectable!

Tous ses sens en éveil, cette petite femme lève ses yeux de biche sur moi et elle me renvoie la pareille. De cette manière si propre à notre espèce, elle ne peut s'empêcher de me renifler elle aussi et ses pupilles se dilatant, l'attirance étant mutuelle.

Carmen serre les cuisses devant moi, me faisant bien sentir que je ne me trompe pas!

Elle non plus n'est pas indifférente à cette proximité entre nous.

À ma présence.

Celle du véritable alpha qui lui était prédestiné!

Je ferme les yeux à demi pour tenter de ne pas perdre la maitrise de moi-même. Ne pas libérer cette bête sauvage qui rue dans les brancards au plus profond de moi-même, et qui me supplie de la libérer chaque fois que je suis en présence de la compagne qui m'est prédestinée... mon âme-cœur... ma Divine Consorte...!

C.A.R.M.E.N. J.I.M.E.N.E.Z.

Je devrais résister.

Elle est la femme de mon cousin.

Mais je n'en peux plus de lutter contre cette bête en moi...qui ne désire que de la posséder!

L'Alpha en moi la désire plus que tout... et lui, contrairement à « l'honorable Tony Jimenez », il se fiche bien des conséquences!

J'ai toujours été capable de me maitriser.

Capable de brider ces pulsions si violentes de notre espèce!

Mais avec Carmen... c'est comme si tout ce qu'on m'avait enseigné... je l'oubliais d'un seul coup!

Je réouvre les yeux et je constate alors qu'elle a baissé les yeux, cherchant à éviter mon regard, ses épaules s'affaissant. Je peux sentir en elle la peur, mais aussi la honte de cette attirance envers un autre homme que son Alpha.

Même si j'ai bien failli l'oublier ce soir en raison de l'alcool sans doute... Luis sera toujours un obstacle entre nous!

Mais ce soir, Luis trouve enfin son utilité!

― Qu'est-ce que tu avais dans la tête Carmen! Crois-tu vraiment que mon cousin approuverait de te voir aller à des soirées dans un club BDSM ou traîner avec des gens comme Jumin Kang qui ne fera que te considérer comme un jouet sexuel... un passe-temps pour tromper l'ennui tout au plus! HEIN Carmen! Comment peux-tu envisager même de tromper Luis avec un type comme lui!?

Mais ce que je veux vraiment dire, c'est : pour quoi l'accepter LUI et me refuser moi!?

Carmen lève les yeux et elle me fustige du regard.

Eh! Comme si souvent, elle me provoque d'un simple regard!

Cependant, ce soir, j'ignore si c'est parce qu'elle a trop bu ou quoi, mais sa réponse contient un fragment de vérité :

« Oui! Ça en vaudrait la peine! Même si ce n'est pour un soir où je suis enfin libre de ce mariage qui m'étouffe... ce serait toujours ça!»

Sa réponse me laisse sans voix. Luis est tellement violent, pervers... inhumain avec elle... que j'ai toujours cru que la seule raison qui la faisait rester... c'était qu'elle aimait mon cousin. D'un amour tordu et toxique... mais quand même!

Mais elle en parle comme si ce mariage était une torture. Une obligation. Une responsabilité trop étouffante!

Carmen éclate d'un rire sarcastique devant moi en constatant mon étonnement.

Elle se moque de ma naïveté :

« Tu crois que Luis me divorcerait s'il apprenait? JAMAIS! Luis ne me laissera jamais tranquille... Me torturer est son activité favorite entre toutes! Vois, tu, j'ai le malheur d'être la fille de l'homme qu'il déteste le plus sur cette terre... alors il ne me lâchera jamais! C'est sa manière de punir mon père du mal qu'il lui a fait! Je suis un jouet pour lui Tony! Il me torture... sans arrêt! Même le fait qu'il me laisse travailler pour toi est une forme de torture!»

Ma respiration devient saccadée. Une veine pulse à mon cou. L'alpha en moi menace d'entrer dans une rage folle. Je me fais violence pour ne pas laisser mes émotions venir tout embrouiller. Venir l'effrayer au point qu'elle se refermerait comme une huitre, elle qui me dit enfin les vraies choses!

Si vous saviez le nombre de fois où je lui ai laissé la porte ouverte pour qu'elle se confie à moi et me donne enfin une raison valable de me battre pour elle!

Mais ce qu'elle me dit me brise le cœur une fois de plus!

Mon âme-cœur est avec un autre alpha. Et un qui s'amuse à la torturer..!

Soudain, une chose qu'elle a dite me frappe de plein fouet et j'en ressens la blessure si vive dans mon cœur. Comme une lame qu'elle tournerait et retournerait dans la plaie déjà si vive!

Ma voix témoigne de ma souffrance intérieure quand je demande :

« Pourquoi?....Mi Tessoro... Pourquoi est-ce une torture de travailler pour moi?»

Je croyais que de la prendre à mon service... d'en faire ma cuisinière et de l'obliger à me suivre en tournée lui permettrait d'échapper au moins un tout petit peu à cette vie misérable qu'elle avait avec mon cousin...

Je croyais aussi que nous avions trouvé un espace pour nous deux... Un lieu où nous pouvions être heureux ensemble... d'une certaine manière.

Mais de ce qu'elle en dit, pour elle, cela semble être le contraire!

La gorge serrée, elle détourne les yeux : « Parce que je t'aime Tony... et que ton cousin le sait parfaitement.»

Ma main appuyée sur la porte retombe le long de mon corps, sous le choc de cet aveu. Elle n'ose même pas me regarder, comme si cet amour était un secret honteux!

Je la prends par le menton et je l'oblige à me regarder dans les yeux. Mon pouce caresse tendrement sa lèvre inférieure alors que je demande :

― Combien...? Depuis combien de temps... Carmen?

Sa voix n'est qu'un murmure quand elle m'avoue : «Depuis le tout début, Tony...»

Je me penche alors sans réfléchir et je l'embrasse. Mes lèvres charnues entre en collision avec ses petites lèvres pulpeuses. Ma langue explore sa bouche sans fin alors que je la prends par la taille. Tandis que notre baiser s'approfondit, je tente de glisser une main sous la jupe de sa robe et de lui baisser la culotte, ma bite frottant contre sa hanche à travers mon pantalon.

Carmen en gémit de plaisir contre ma bouche.

Je peux sentir sa propre excitation. Comme elle mouille pour moi!

Je veux lui faire l'amour. Ici contre cette porte. Laisser entendre tous ces gens qui se trouvent derrière! Prendre ce qui me revient de plein droit!

La clamer! ELLE! Ma Consorte! Mon âme-cœur!

Mais comme je suis sur le point de lui baisser la culotte, je sens la petite main de Carmen sur mon cœur, qui me repousse doucement, ses lèvres se détachant des miennes.

― Non! Tony! Pas ici!

Pas comme ça! Et pas dans un endroit où nous pourrions être surpris!

Je colle mon front contre le sien, fermant les yeux.

Je tente de retrouver mes esprits.

Quand je les réouvre, elle peut sentir ma détermination. Je me penche subitement et je la prends dans mes bras pour la transporter.

Carmen pousse un petit cri de surprise, ses bras se pendus à mon cou, et se blottissant contre mon épaule.

À grandes enjambées je nous fais quitter les lieux, par une porte secondaire donnant sur le couloir principal. Je l'embrasse sans fin tout en la conduisant vers la chambre que j'occupe un étage plus haut.

Cette nuit, tu seras enfin à moi, Carmen Jimenez...

Cependant, si tu penses que je te laisserai partir demain matin... maintenant que tu m'as enfin avoué la vérité... tu te trompes lourdement!

            
            

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