/0/25278/coverbig.jpg?v=fbc4f42c07351cc377fac9708863c618)
Depuis cet incident de l'été dernier, lors des Tony Awards à New York... disons que je suis plus vigilant. Je ne m'accorde que quelques heures de repos quand nous sommes en déplacement...
Alors comme tous les matins, je me lève de très bonne heure pour retourner auprès de mon patron. D'autant plus qu'il est en déplacement en Irlande, au Château de Dunvarne pour le mariage d'un couple d'amis. Et quand il est en déplacement, mon expérience m'a démontré que tout peut arriver, alors je dois être deux fois plus sur mes gardes.
Moi et tous les autres gardes du corps de leurs riches invités, on nous a tous installés dans de petites chambres au deuxième. La mienne est évidemment dans la même aile où est logé mon patron. Je n'ai qu'à descendre les escaliers en fait et je tombe directement sur le corridor dans lequel se situe sa chambre.
Au même moment où je suis sur le point de surgir dans le corridor, je vois Carmen Jimenez sortir discrètement de la chambre du patron, avec pour tout vêtement la chemise du boss, qu'elle a refermée sur son corps. Elle s'empresse de se diriger vers sa propre chambre un peu plus loin, passant devant moi sans me voir pour très vite y pénétrer.
Quand je suis parfaitement sûr qu'elle ne va pas ressortir, je quitte ma cachette et je viens m'assieds sur le sofa qui se trouve le long du mur, entre la porte de la chambre occupée par mon patron et celle qui est voisine, prenant mon quart de travail.
Assis sans bouger, je songe aux événements de la nuit dernière.
Le big boss est enfin passé à l'acte!
Quand je l'ai vu entrainer Carmen hors du grand salon hier soir, puis la transporter dans ses bras jusque dans sa chambre tout en lui dévorant la bouche, je n'étais pas du tout surpris!
Il était grand temps si vous voulez mon avis!
Carmen est la cuisinière de mon patron, mais je crois bien qu'il avait un motif ultérieur quand il lui a offert ce poste, seulement un an après qu'elle ait épousé son cousin Luis.
Je n'ai jamais cru à toutes ces histoires que les Anciens nous racontent sans arrêt, sur la prédestination des âmes... les âmes-cœur et tout le tintouin! Comme si le fait de m'accoupler pouvait décupler mes dons surnaturels... ou stabiliser la flamme sacrée qui est en moi!
Mais depuis que Carmen Jimenez est entrée au service de mon patron... je n'en doute plus!
Chaque fois que cette femelle et lui se trouvent dans la même pièce, il y a comme des étincelles! L'aura de mon patron s'intensifie aussi et j'ai aussi constaté que les dons surnaturels du big boss décuplaient. Carmen aussi me semble avoir une présence plus digne, plus forte... plus... noble! Quand elle et mon patron sont au même endroit...
Et que dire de la tension sexuelle! Et leur excitation à tous les deux peut parfois se renifler sur des kilomètres! Non, mais à qui pourraient-ils faire croire qu'il n'y a rien entre eux!?
Même le plus ordinaire des alphas le reniflerait!
Même son mari Luis doit s'en douter!
Je renifle fortement en songeant à cette grosse brute épaisse. Ah! Ce n'est pas moi qui vais le plaindre, celui-là! Si Luis Jimenez ne traitait pas sa Consorte aussi mal... elle ne se serait jamais réfugiée dans les bras de son cousin!
Une fois, elle est même venue travailler avec une belle bosse sur la tête. Elle avait l'arcade sourcilière fendue. Quand je pense que cette idiote a tenté de faire croire à mon patron qu'elle s'était seulement cogné la tête sur une armoire. Hmph! Une armoire à glace de six pieds de hauts et tout en muscles, tu veux dire, oui!
Traitant sa blessure, mon patron était aux petits soins avec elle si vous l'aviez vu! Les mains de Tony Jimenez, tout comme sa voix, sont très précieuses. C'est pourquoi il ne serre jamais la main de personne en général ni le laisse les gens le toucher.
Carmen est aussi la seule personne devant qui il ne se fâche jamais, mais alors là jamais! Il n'oserait jamais hausser la voix devant elle! Et ce n'est pas par galanterie masculine. Oui. Tony est un homme très galant. Il est aussi réputé pour être un grand pacifiste... mais c'est uniquement parce qu'une autorité naturelle émane de lui. Une autorité qui force le respect. Il n'a donc en général aucun besoin de se fâcher. C'est la marque d'un véritable Alpha si vous voulez mon avis.
Mais ça ne veut pas dire que mon patron ne se fâche jamais ou qu'il serait incapable de lever la main sur quelqu'un!
Ne vous y trompez pas. Sous ce charme apparent qui fait tourner la tête à bien des groupies, le chanteur et charmeur de réputation international Tony Jimenez peut être un Alpha extrêmement dangereux.
Carmen Jimenez a toujours eu droit à un traitement préférentiel.
Mais aussitôt qu'elle était retournée à ses fourneaux après qu'il avait soigné sa blessure, l'aura de mon patron s'était intensifiée et une grande énergie meurtrière émanait de lui, au point de me donner des sueurs froides. J'crois que c'est une des rares fois où j'ai pu sentir l'étendue pleine et entière des dons surnaturels de mon patron. En percevoir toute la majesté. Comparativement à un Alpha ordinaire tel que son cousin Luis... il se situe, disons à un tout autre extrême!
Personnellement, je suis moi-même considéré comme un alpha de haut calibre... mais rien qui se compare à mon patron! En fait, en général, je dirais que ma tâche est davantage de protéger les autres de lui ou alors de le protéger de toutes ces groupies qui l'adorent tel un dieu vivant. La voix de Tony Jimenez, tout comme son charme charismatique, peut avoir, disons, des effets... dévastateurs!
Ah! Et même si son cousin Luis apprenait ce qui s'est passé la nuit dernière et qu'il désirait le provoquer en duel selon les anciennes coutumes... il ne ferait pas le poids et je pense bien que Luis le sait parfaitement!
Sérieusement. Même si le cousin de mon patron était un type bien... Je ne me désolerais aucunement pour lui. J'irais jusqu'à dire que même si entre Carmen et Luis Jimenez c'était le parfait amour... Moi je ne serai toujours loyal qu'à mon patron. Son bien-être est ma priorité. Les autres, je m'en bas les cojones!
Quinze minutes plus tard, Carmen quitte de nouveau sa chambre fraiche comme une rose. En fait, elle ne sent absolument, rien, ce qui est un peu étrange, parce qu'ordinairement, je détecte toujours son odeur quand elle approche. Elle est une de ces femmes qui ont une odeur inoubliable.
J'ai un petit sourire en coin. Je vois! Elle utilise sans doute de la Brume Fugueuse! C'est un parfum inhibiteur de phéromones qui neutralise la signature olfactive des alphas, du moins temporairement. Elle doit surement avoir encore l'odeur du boss sur elle, même après s'être douchée et Carmen ne désire surement pas que tous les alphas du secteur devinent qu'elle a eu une aventure extra-conjugale avec le cousin de son mari!
Ah! Ah! Connaissant comme il est possessif, le boss a surement tout fait pour l'imprégner au maximum de son odeur, histoire de marquer son territoire. Hmmm et avec ce foulard autour du cou et ces vêtements qu'elle porte et qui cachent tout, je ne doute pas non plus qu'il lui a fait quelque petites « Mordida de amor »!!!
Je renifle fortement en y songeant, amusé par la chose.
M'entendant, Carmen détourne les yeux d'un air coupable et sans doute très mortifiée par son infidélité de la nuit dernière. Nous avons toujours été d'excellents collègues de travail comme elle bosse pour mon patron, mais ce matin elle m'ignore sciemment, et, rejointe par sa cochambreuse, une petite blonde un peu boulote, elle s'engouffre dans les escaliers alors que la blondinette lui confie avoir vécu une expérience inoubliable hier soir à la partie de strip-poker, version BDSM. Ah... Quand elle lui dira tout, Carmen va regretter de ne pas y voir participer elle aussi!
J'ai un sourire en coin, le bruit de leur voix s'éloignant. Je doute que Carmen Jimenez regrette d'avoir passé la nuit avec mon patron! En tout cas, aucune de ses anciennes conquêtes ne l'ont jamais regretté!
Quelques secondes plus tard, les ratant de peu, la porte de la chambre de mon boss s'ouvre de nouveau. Il apparait sur le seuil tout frais et tout propre lui aussi. Je bondis de ma place automatiquement, prêt à le suivre.
Il se tourne en ma direction, constatant que je suis déjà à mon poste, mais je ne comprends pas pourquoi ça le contrarie.
― Est-ce que Carmen t'a vu quand elle est sortie? s'inquiète-t-il.
Une lueur de compréhension traverse mon regard. Le boss n'aimerait pas que sa précieuse Carmen fasse la marche de la honte devant moi!
Je lui fais un signe négatif de la tête et mon patron est immédiatement soulagé.
―Est-ce que quelqu'un d'autre nous a vus?
Je lui fais mon rapport : « Un serveur... hier soir... mais j'ai confisqué son smartphone et je lui ai fait un chèque pour les inconvénients.»
Mon patron en est visiblement irrité et ça se comprend. C'est l'inconvénient d'être une vedette internationale. Sa vie est scrutée à la loupe. Mais il est tout de même rassuré que j'aie eu la prévenance d'y voir!
Hé! Hé! Je sais aussi me montrer très convaincant! Surtout quand il s'agit de journalistes ou de paparazzis! Alors un petit serveur, vous comprenez bien!
Mon patron passe devant moi et il s'engage dans le couloir de marbre très riche de ce château. Je lui emboite le pas et nous bifurquons vers un escalier en colimaçon, que mon patron descend d'un pas leste. La façon de bouger et même de marcher de Tony Jimenez est tout aussi mesurée que l'aura qu'il laisse filtrer.
Il ne laisse jamais des étrangers prendre la mesure de son pouvoir ni voir à travers le masque de ce charme surnaturel qui le caractérise. Son attitude, ses gestes... tout semble très spontané... mais il n'en est rien.