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Le froid du marbre sous mes pieds me rappelait que j'étais à peine vêtue. L'humiliation était totale. Je n'étais qu'un jouet, un instrument dans sa guerre personnelle contre ma sœur. Mon seul but était de servir de réceptacle à sa douleur et à sa jalousie.
Je me suis enfuie de la salle, cherchant refuge sur une terrasse surplombant la Seine. L'air froid de la nuit me brûlait la peau. Je voulais juste disparaître.
« Pathétique. »
La voix de Chloé m'a fait sursauter. Elle se tenait derrière moi, un sourire cruel sur ses lèvres parfaites.
« Tu pensais vraiment que tu pouvais prendre ma place ? Regarde-toi. Tu n'es qu'une ombre. »
Elle s'est approchée.
« Tu me voles tout, » a-t-elle murmuré, sa voix soudain pleine de venin. « Même son attention, même sa colère. Il devrait me détester, moi ! Pas te remarquer, toi ! »
Avant que je puisse réagir, elle m'a poussée. Violemment. J'ai basculé par-dessus la balustrade basse. Le choc de l'eau glacée de la Seine m'a coupé le souffle. Je me suis débattue, la robe déchirée s'enroulant autour de mes jambes, m'entraînant vers le fond.
J'ai vu son visage penché au-dessus de moi, impassible, alors que je sombrais.
Soudain, des mains m'ont agrippée et m'ont tirée hors de l'eau. C'était des agents de sécurité du gala. Chloé était là, sur le quai, l'air affolé.
« Oh mon Dieu, Amélie ! » a-t-elle crié, jouant la comédie.
Dès que j'ai été déposée sur le sol, tremblante et crachant de l'eau, elle s'est approchée.
« Ça va ? » a-t-elle demandé, l'air faussement inquiet.
Puis, alors que les gardes se tournaient pour appeler les secours, elle s'est giflée. Fort. Une marque rouge est apparue instantanément sur sa joue.
« Au secours ! » a-t-elle hurlé, les larmes aux yeux. « Elle m'a attaquée ! Elle a essayé de me pousser dans la Seine ! »
Maxence est arrivé en courant, alerté par les cris. Il a vu Chloé, en larmes, la joue marquée. Il m'a vue, trempée et misérable. Il n'a pas hésité une seconde.
« Comment oses-tu ? » a-t-il rugi en se jetant sur moi.
Il m'a attrapée par le bras et m'a traînée loin des regards, sa poigne de fer me broyant les os.
« Tu as touché à Chloé. »
Sa voix était blanche de fureur. Il m'a jetée contre un mur dans une ruelle sombre. La douleur a explosé dans mon dos.
« Tu vas le regretter. »
Il ne m'a pas frappée. Sa punition était plus cruelle. Il m'a laissée là, seule, trempée et grelottante dans la nuit parisienne, sans argent, sans téléphone.
Je suis rentrée à pied, des heures plus tard, à la Maison Valois. Pierre, le majordome, m'attendait. Il m'a tendu une couverture chaude et une tasse de thé.
« Le directeur a demandé de s'assurer que vous rentriez, » a-t-il dit doucement. « Il a laissé ceci pour vous. »
Il m'a tendu une pommade pour les contusions.
« Il s'inquiète pour vous, à sa manière, » a-t-il ajouté.
J'ai regardé la pommade. Un geste de "soin" après une punition si injuste. C'était la chose la plus perverse que j'aie jamais vue.