Alan me regardait comme si j'avais perdu la raison.
« Rejouer ? Mais avec quoi ? Avec 200 euros ? Juliette, c'est de la folie. On a tout perdu ! L'acompte, l'opération de ton père... »
Sa voix s'est brisée à nouveau.
« Je vais travailler jour et nuit. Je ferai des heures supplémentaires, je prendrai tous les chantiers. Je te promets, je rembourserai chaque centime. Ça prendra des années, mais... »
Je l'ai interrompu.
« On n'a pas des années, Alan. Mon père a besoin de cette opération maintenant. Et cet appartement, c'était notre rêve. Je ne vais pas laisser un petit escroc de province nous voler ça. »
Mon ton était dur, sans pitié.
« Ton plan, c'est de te tuer à la tâche pendant dix ans pour réparer une injustice ? Mon plan, c'est de récupérer notre argent en une nuit. »
Je lui ai attrapé le bras, mes doigts s'enfonçant dans sa chair.
« Tu vas m'écouter attentivement. Ce soir, tu vas retourner dans ce caveau. Tu vas dire à Robert que tu as parlé à ta femme. Que je suis furieuse, mais que je suis aussi intriguée. Tu diras que je suis une novice, que je n'y connais rien en vin, mais que j'ai la chance du débutant. »
Je l'ai forcé à me regarder dans les yeux.
« Tu ne joueras pas. Tu me laisseras jouer. Tu ne diras rien. Tu ne feras rien. Tu te contenteras d'observer. Compris ? »
Il a hoché la tête, hébété, incapable de formuler une protestation. Il était dépassé par ma détermination.
« Bien. Maintenant, va prendre une douche. Essaye de dormir un peu. On a une longue soirée devant nous. »
Je l'ai relâché et je me suis détournée. J'avais besoin d'être seule un instant. Mon passé, ce passé que j'avais enterré si profondément, que j'avais juré de ne plus jamais réveiller, était en train de remonter à la surface.
Le Palais Absolu était de retour. Et ce soir, il allait réclamer son dû.