Chapitre 6

La douleur a explosé dans mon crâne.

Bastien se tenait au-dessus de moi, son visage déformé par la rage.

« Tu es folle ! Toujours à faire des scènes ! Tu l'accuses de plagiat ? Où sont tes preuves ? »

Clara s'est effondrée en larmes dans les bras d'Hugo.

« Je ne comprends pas... Je n'ai jamais vu ce dossier de ma vie... Pourquoi est-elle si méchante avec moi ? »

J'ai croisé le regard de mon frère. Il a détourné les yeux.

Il savait.

Il était complice.

Bastien a pris la bague de fiançailles qu'il m'avait rendue, que j'avais posée sur la table dans un geste de défi. Il l'a jetée à mes pieds.

« Tiens, reprends ta camelote. Je n'ai jamais eu le moindre sentiment pour toi. Notre fiançailles n'était qu'un arrangement commercial. »

C'est alors que j'ai vu.

Au poignet de Clara.

Une montre Cartier vintage. Le cadran était unique, fait sur mesure pour ma mère.

C'était son bijou préféré. Celui qu'elle m'avait légué dans son testament.

Mon souffle s'est coupé.

« Hugo. »

Ma voix était à peine un murmure.

« La montre. »

Il a finalement osé me regarder. Un éclair de culpabilité a traversé ses yeux, vite remplacé par de l'agacement.

« Ce n'est qu'une montre, Amélie. Clara l'aimait beaucoup. »

Clara a fait mine de l'enlever.

« Oh, non, je ne savais pas... Je peux te la rendre, si tu veux... »

Hugo a arrêté son geste.

« Garde-la, Clara. Tu la mérites. »

Il s'est tourné vers moi.

« Arrête de t'accrocher au passé. Ce ne sont que des objets. Je t'en achèterai une autre, dix fois plus chère si tu veux. »

Je me suis relevée, chancelante.

« Je ne veux pas d'une autre montre. Je veux celle de ma mère. Et je ne veux pas qu'elle la porte. »

Ma voix tremblait de rage et de chagrin.

Hugo m'a regardée avec une profonde déception.

« Pourquoi faut-il que tu sois toujours aussi malveillante ? Tu ne peux pas te réjouir pour les autres ? »