Chapitre 5

J'ai attendu Hugo toute la matinée.

En vain.

Je suis allée au cimetière seule.

Sur le chemin du retour, j'ai essayé de l'appeler. C'est la mère de Clara qui a répondu.

« Allô ? Ah, Amélie. Hugo est occupé. C'est l'anniversaire de Clara, tu sais. Il ne veut pas être dérangé. »

Sa voix était triomphante.

« Il a dit que tu étais assez grande pour aller au cimetière toute seule. »

J'ai raccroché.

J'ai bloqué son numéro.

J'ai bloqué celui de mon père.

J'ai bloqué tous ceux qui appartenaient à leur monde.

Je suis retournée sur la tombe de ma mère.

« Maman, je suis là. Je serai toujours là pour toi. »

Le soir, je suis passée devant un restaurant chic près des Champs-Élysées.

Je les ai vus à travers la vitre.

Hugo, Bastien, Clara et sa mère. Ils riaient, célébraient.

Clara tenait un trophée dans ses mains. Le prix international de la parfumerie de Milan.

Hugo l'a félicitée chaleureusement.

« Tu es un génie, Clara. Un vrai talent naturel. »

Clara a baissé les yeux, faussement modeste.

« Oh, non... J'ai juste eu de la chance. »

Bastien a ricané en me voyant à travers la vitre.

« Pas comme certaines qui passent des années dans des écoles de luxe sans jamais rien produire de valable. »

Mon regard s'est figé sur le dossier posé sur la table. C'était mon travail. Ma création. Une formule inachevée de ma mère que j'avais passée des mois à perfectionner.

Elle me l'avait volée.

J'ai senti une fureur froide m'envahir.

J'ai poussé la porte du restaurant.

J'ai marché jusqu'à leur table. J'ai attrapé le dossier.

« Voleuse. »

J'ai levé la main pour la gifler.

Bastien a été plus rapide. Il a attrapé mon poignet et m'a projetée au sol. Ma tête a heurté le marbre froid.