Les larmes me sont montées aux yeux, mais je les ai ravalées.
« C'est l'héritage de maman. Pas une aumône pour ta nouvelle protégée. »
« L'héritage de maman, c'est aussi son amour, sa générosité ! Des choses que tu sembles avoir oubliées ! »
« Ne me parle pas de maman. Tu salis sa mémoire. »
Je me suis détournée.
« N'oublie pas. Demain, c'est l'anniversaire de sa mort. J'espère au moins que tu t'en souviens. »
Je suis partie sans attendre sa réponse.
Cette nuit-là, je n'ai pas dormi.
J'ai rassemblé tous les cadeaux que Bastien m'avait faits au fil des ans. Les bijoux, les sacs, les robes. J'ai tout mis dans de grands sacs poubelles et je les ai déposés sur le trottoir.
J'ai fait la même chose avec les souvenirs de mon frère. Nos photos d'enfance, les lettres qu'il m'écrivait quand il était en pension. Tout.
Il ne restait que les murs de cet appartement, les murs qui avaient vu notre famille se construire, puis se détruire.
Je me suis souvenue de l'époque où cet appartement était plein de rires. Maman, papa, Hugo et moi. Une famille.
Puis maman est partie. Et lentement, Hugo et papa se sont éloignés de moi, attirés par d'autres lumières, d'autres vies.
Je me suis réfugiée dans le souvenir de ma mère. J'ai pris une photo d'elle, je l'ai serrée contre mon cœur et j'ai pleuré jusqu'à m'endormir.
Le lendemain, je me suis réveillée avec un sentiment de vide. C'était le jour de l'anniversaire de sa mort.
Je me suis souvenue de l'année dernière. Hugo était là. Nous étions allés ensemble sur sa tombe. Nous avions pleuré ensemble.
Cette année, il était absent.
J'ai ouvert Instagram par réflexe. Une photo est apparue.
Clara, souriante, un gâteau d'anniversaire devant elle. Hugo et Bastien à ses côtés, l'air heureux.
La légende disait : "Le plus bel anniversaire de ma vie. Merci à mes deux chevaliers servants."
J'ai regardé la photo, sans rien ressentir. Plus de colère, plus de tristesse. Juste un grand vide.
J'ai fermé les yeux.
« Maman, » ai-je murmuré, « libère-moi d'eux. Fais qu'ils sortent de ma vie pour toujours. »