Mon Corps, Son Entraînement
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Chapitre 1

La porte de la réserve de la galerie claqua doucement. C'était notre signal.

Antoine me plaqua contre le mur, ses mains parcourant mon corps. Sa bouche trouva la mienne, avide, possessive.

« Tu m'as manqué, Camille. »

Son souffle était chaud sur ma peau. J'étais Camille, 29 ans, conservatrice d'art. Lui, Antoine, 25 ans, étudiant en architecture. Et l'amant que je cachais au monde depuis cinq ans.

Il était le petit frère de ma meilleure amie, Delphine. C'était notre secret, notre jeu dangereux.

Ses doigts défirent les boutons de mon chemisier avec une habileté acquise au fil des années.

« Antoine, doucement, » murmurai-je, à la fois par peur d'être découverts et par l'intensité de son étreinte. « Quelqu'un pourrait entrer. »

Il rit doucement, un son grave qui me fit frissonner.

« Alors il faudra être silencieux. »

Sa main se glissa sous ma jupe, sa voix un murmure contre mon oreille.

« Tu es à moi, Camille. Seulement à moi. »

Je me laissai aller, comme toujours. Son impétuosité, sa jeunesse, tout en lui m'attirait.

Ces cinq années avaient été un tourbillon. Il était plein de vie, d'idées, toujours à inventer de nouvelles façons de se retrouver, de s'aimer en cachette. Il me faisait sentir vivante.

Il m'embrassa une dernière fois, plus tendrement.

« Tu sais que tu es la seule femme pour moi, n'est-ce pas ? »

Son regard était intense, brûlant.

Je souris, rassurée.

« Je suis à toi, Antoine. Il n'y a jamais eu personne d'autre. »

Il rajusta mes vêtements, son expression redevenant celle d'un jeune homme insouciant.

« Parfait. N'oublie pas le dîner ce soir au Marais. Avec mes amis. »

Il sortit de la réserve aussi vite qu'il était entré, me laissant le cœur battant.

Je me regardai dans le petit miroir. Mes cheveux étaient en désordre, mes lèvres gonflées. Je songeai à ma famille à Bordeaux, à la pression constante pour que je me marie, que je me stabilise.

Bientôt, pensai-je. Bientôt, Antoine finirait ses études. Nous pourrions enfin vivre notre amour au grand jour. Il me le promettait souvent.

« Attends juste un peu, Camille. Quand j'aurai mon diplôme, je te demanderai en mariage. »

Ces mots résonnaient en moi, un baume sur l'angoisse de notre clandestinité.

Ce soir-là, j'arrivai au restaurant chic du Marais. Je le vis à travers la vitre, attablé avec ses amis dans un salon privé. Je m'arrêtai, voulant savourer cet instant, le regarder de loin avant de le rejoindre.

La porte du salon était entrouverte. Des éclats de rire me parvinrent.

Je m'approchai pour écouter, un sourire aux lèvres.

« Alors, Antoine, cette vieille Camille, elle est comment au lit ? » lança un de ses amis.

Mon sourire se figea.

« Ça doit être quelque chose, une femme de presque trente ans. Sûrement plus expérimentée que les filles de notre âge. »

Mon sang se glaça.

« Tais-toi, » dit un autre. « C'est juste un entraînement pour lui. Une partenaire pour se faire la main. »

Le silence tomba dans la pièce. Je retins mon souffle, priant pour qu'Antoine les contredise.

Puis sa voix, claire et froide, brisa le silence.

« Ils ont raison. Ce n'est qu'un entraînement. Chloé rentre de l'étranger la semaine prochaine. Cinq ans de pratique avec Camille, c'est suffisant pour être parfait pour elle. »

Chloé. Son amour de lycée. La fille pure et innocente pour qui il avait toujours eu le béguin.

« Elle n'a jamais rien signifié pour moi, » ajouta Antoine. « Juste un corps chaud pour passer le temps. Une fois que Chloé sera là, je la jetterai. »

Chaque mot était un coup de poignard. Mon monde s'effondrait.

Je ne pouvais plus respirer. Mes jambes tremblaient.

Je me retournai et m'enfuis, sans un bruit.

Je marchais sans but dans les rues de Paris. La pluie se mit à tomber, se mêlant à mes larmes.

Les souvenirs des cinq dernières années défilaient dans ma tête.

Notre première rencontre, chez Delphine. Il avait 20 ans, j'en avais 24. Il était beau, solaire, plein d'assurance.

Un soir, après une fête, j'avais trop bu. Un homme insistait lourdement. Antoine était intervenu, me prenant par la main et me ramenant chez moi.

Cette nuit-là, il était resté. Il avait été doux, patient. Le lendemain matin, il m'avait regardée avec une intensité qui m'avait troublée.

« Reste avec moi, Camille. »

J'avais résisté, consciente de la différence d'âge, de sa relation avec ma meilleure amie.

Mais il avait été tenace. Il m'appelait, m'envoyait des messages, apparaissait à ma galerie.

Finalement, j'avais cédé. Nous avions commencé cette relation secrète, passionnée, que je croyais sincère.

Pendant cinq ans, j'avais été sa maîtresse, sa confidente, son amour caché.

J'avais cru à notre avenir, à sa promesse de mariage.

Tout n'était qu'un mensonge. Un cruel entraînement.

Je n'étais qu'un outil. Un objet.

Je rentrai chez moi, trempée et anéantie. Je m'effondrai sur le sol, le corps secoué de sanglots.

Le téléphone sonna. C'était ma mère.

« Camille, chérie, comment vas-tu ? Ton père et moi, on s'inquiète. Il est temps que tu penses à ton avenir. Le fils des Laurent, tu te souviens de lui ? Il est de retour à Bordeaux. C'est un homme bien. »

Le mariage arrangé. La voie de sortie que je repoussais depuis des années.

« D'accord, maman, » dis-je, la voix brisée. « J'accepte. »

Je devais partir. Recommencer. Loin de lui, loin de ce mensonge qui avait été ma vie.

            
            

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