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Adrian
Adossé à la porche Taycan blanche que j'ai louée pour le séjour, je vérifie l'heure sur ma montre qui scintille autour de mon poignet. Il est 20h18 et Elena n'est toujours pas là. J'expire d'agacement et grince des dents d'impatience. Je lui ai bien fait comprendre que nous ne devons pas être en retard pour ce dîner, sinon Louis Rey pourrait mal le prendre.
Pour le dîner, j'ai changé de voiture. Pas de chauffeur cette fois. J'aime conduire moi-même.
Cinq minutes s'écoulent de plus et je ne vois toujours pas Elena. Je lâche un soupir frustrant et me redresse, prêt à aller la faire sortir de son trou. À l'instant même où je place un pied devant l'autre pour la rejoindre dans l'hôtel, j'aperçois une silhouette féminine au loin, qui avance vers moi avec élégance.
Elena.
Elle est habillée d'une robe longue rose pâle ornée de sequins scintillants, avec un corset à fines bretelles et une fente haute qui dévoile sa jambe. Ses sandales dorées à talons ajoutent une touche d'élégance. Son maquillage est lumineux, avec un regard accentué par des fards rosés et un rouge à lèvres nude. Ses cheveux sont relevés en un chignon tiré en arrière, et de longues boucles d'oreilles en strass complètent le look.
Elle tient dans ses mains une minaudière sobre et élégante qui s'accorde parfaitement à ses escarpins. Elle arrive jusqu'à moi et nos regards se heurtent. Je n'arrive pas à me détacher aussi vite de ses yeux noisettes. Je sens une tension. Pas n'importe laquelle. Une tension électrique qui nous a pris en otage à travers un simple regard, Elena est juste sublime dans cette tenue.
Je la vois déglutir, se pincer les lèvres et détourner lentement ses yeux des miens. Je me reprends tout de suite, racle ma gorge pour me redonner un air sérieux.
___ « Donc, c'est pour si peu que tu m'as fait attendre ? Je croyais que tu te serais métamorphosée en Kim Kadarshian. » lui balance je d'un ton froid et indifférent.
___ « Je ne savais pas que tu aimes les filles à la Kim Kadarshian. » réplique t'elle de manière détachée.
___ « Il faut croire que j'ai élevé mes standards. Mieux vaut avoir le cœur brisé par une fille qui en vaut la peine niveau physique que de... »
___ « On peut y aller maintenant ? » m'interrompt elle d'une voix tremblante.
Je hausse un peu mes sourcils, étonné et plonge mon regard dans les yeux. Son visage légèrement froissée, je réalise que je viens de la blesser. Elle détourne encore son regard de moi et je constate ses doigts qui tremblent aussi.
___ « Ouais, allons-y ! »
Je contourne le véhicule et vais m'installer dans le siège conducteur. Elle s'installe aussi sur le siège passager, enfile sa ceinture de sécurité, tout en évitant de me regarder. Je mets ma ceinture de sécurité en l'observant du coin de l'œil. Elle est silencieuse, les traits de son visage sont relâchés mais son comportement laisse voir quel m'en veut encore.
Mon cœur se serre de culpabilité. Je n'aurai pas dû aborder ce sujet, surtout qu'elle semble avoir tourné la page. Je veux bien lui laisser en paix, mais la haine est plus forte que l'envie. Le désir de la faire souffrir, de l'humilier à tout bout de champ et de lui rappeler ce qu'elle m'a fait, domine plus que tout.
Je lâche un petit souffle, tourne ma tête vers elle et je me surprend lui dire d'une voix un peu douce :
___ « Je suis désolé, Elena.»
Elle reporte son regard sur moi, ses sourcils relevés et ses yeux grandement ouverts. Elle me sonde très attentivement, sûrement pour se persuader que c'est un rêve. Elle ne s'attendait pas à recevoir des excuses de ma part.
Sans rien me dire, je ramène mon regard devant moi, démarre la voiture et fais vombrir le moteur de l'engin, avant de prendre le trajet pour nous rendre au restaurant.
Le trajet se fait dans un silence pesant. Je me contente de suivre le GPS et elle de contempler la ville nocturne. Nous arrivons enfin devant un grand immeuble chic du centre-ville. J'éteins le moteur et sors du véhicule. Je réajuste ma veste, un des employés du lieu vient se charger de garer ma voiture dans leur parking.
Je vais me tenir auprès d'elle, elle scrute le grand bâtiment lumineux. Sans même la toucher, je sais qu'elle est tendue, très tendue.
___ « On y va. » lui lance je, après avoir vérifié l'heure sur ma montre.
Le restaurant est niché au dernier étage d'un immeuble chic du centre-ville, offre une vue panoramique sur les lumières de la ville. Ambiance feutrée, lumière tamisée, nappes blanches impeccables et vaisselle raffinée.
Le service est discret, précis, presque chorégraphié.
Les tables sont suffisamment espacées pour garantir l'intimité des conversations importantes.
C'est l'endroit préféré des hommes d'affaires influents et des négociateurs exigeants, où chaque détail respire l'élégance et le pouvoir.
Nous retrouvons Louis Rey, un homme de la quarantaine, les cheveux un peu grisonnants. Il est vêtu d'un costume bleu marine, une montre luxuese qui embellit son poignet.
___ « Cher Adrian de Luca ! » s'exclame t'il en me serrant la main.
___ « Je suis ravi de te revoir. »
Nous échangeons quelques brefs discussions, avant qu'il ne prête son attention à mon assistante. Elle lui tend la main d'un sourire radieux. Je sens mes sourcils se froncer, en voyant Louis Rey lui baiser la main d'un regard sournois.
___ « Wow, quelle beauté ! » dit-il en libérant la main d'Elena. « Prenez place. »
Nous nous asseyons. Le serveur nous ouvre une bouteille de champagne, nous passons nos commandes et patientons en discutant. Louis Rey ne m'accorde presque plus d'attention, il est complètement happé par Elena. Il ne la quitte presque plus des yeux. Quant à mon ex fiancée, elle ne fait sourire et lui parler avec une certaine aisance déconcertante.
Ils parlent d'affaires certes. Elle tente de lui convaincre à nous laisser ce marché et j'avoue être fier d'elle, des compétences qu'elle possède. Mais, ça me dérange que cet homme la convoite, telle une perle rare. Leurs petits rires et discussions, commencent sincèrement à me taper sur les nerfs. Mais il faut que je reste calme jusqu'à la fin de ce dîner.
Je prends une énième gorgée de mon verre de champagne et croise les bras, essayant de maîtriser l'agacement qui monte.
Le dîner s'achève enfin par un cocktail d'élégance. Louis Rey finit par se lever en nous promettant de reconsidérer la proposition. Ce dernier ose lui lancer un dernier sourire appuyé et me serre la main par la suite. Je contracte ma mâchoire, ne souhaitant qu'une chose : Sortir de cet endroit avec elle.
Une fois dehors, le silence s'installe à nouveau. Je me force à rester calme et de ne rien commenter. Mon sang est chaud et j'ai juste envie de me défouler. Elena me suit avec des pas moins énergétiques. Elle doit être épuisée, après avoir séduit Louis Rey tout au long du dîner, ça ne m'étonne pas.
Nous reprenons la route vers l'hôtel. Mes doigts se resserrent autour du volant, je meurs de colère pendant qu'elle a la tête tranquillement posée contre la vitre, comme si elle n'avait rien à se reprocher ce soir.
___ « J'ignorais que tu avais aussi un talent de séductrice. Et moi qui pensais que tu t'es habillée ainsi juste comme ça. Il n'est pas mal, même si je le trouve un peu vieux pour toi. » commente je avec une note de provocation.
J'aurais bien voulu rester neutre, faire comme si la situation m'importe peu.
Elle émet un lourd soupire, tourne lentement sa tête vers moi et me fixe avec d'un air épuisée.
___ « J'ai juste accompli mon travail. Tu voulais qu'on décroche ce contrat, non ? D'ailleurs, tu m'as bien sous-entendu que je ressemblais à une paysanne par mon accoutrement. Alors qu'est-ce qui te fâche maintenant ? »
Je ne lui réponds pas. Je serre davantage le volant, comme si c'était un règlement de compte.
Aussitôt arrivée à l'hôtel, nous traversons le hall d'entrée sans un mot. Nous prenons l'ascenseur dans un silence encore plus pesant que dans la voiture. Quand les portes s'ouvrent, nous marchons côte à côte dans le couloir feutré. La tension est épaisse. Chaque pas semble plus lourd que le précédent.
Arrivés devant les portes jumelles de nos suites, nous nous arrêtons. Je glisse ma carte dans la fente magnétique, mais ne bouge pas. Elle fait de même. Et pourtant, aucun de nous ne semble vouloir entrer.
___ « Bonne nuit ! » souffle je.
___ « Bonne nuit. »
Aucun de nous, ne bouge encore. Elle est là, comme si elle attendait un truc. Et moi, paralysé.
Pourquoi elle arrive toujours à me déstabiliser ? C'est elle qui m'a brisé. C'est elle qui a menti. Et pourtant... j'ai envie de la plaquer contre cette foutue porte.
Et si elle m'aimait encore ? Et si elle aussi, ressentait le courant électrique qui nous enveloppe ? Il n'a qu'une façon de le savoir...
D'un pas décidé, je me rapproche d'elle et m'empare de ses lèvres pulpeuses. Je sens son corps se tendre sous ma possession, elle ne réagi pas. Je continue de l'embrasser et puis doucement, elle se laisse aller. Elle commence à m'embrasser aussi.
Mon cœur bat très vite, et pour la première fois depuis des années, je sens mon estomac se contracter. Mes muscles se tendent, mais je continue de l'embrasser.
Soudain, je ressens de légers picotements sur ma joue. Ma tête faiblement penchée sous la pression de sa main. Je contracte la mâchoire en réalisant qu'elle vient de me donner une gifle.
Elle m'a giflé. Putain. Je la regarde, incapable de dire un mot. Une partie de moi veut hurler, l'autre veut l'embrasser encore. Et c'est bien là, tout le problème.
Ses yeux humides et son visage qui commence à rougir, elle me foudroie du regard comme si elle me haïssait. Elle tremble en serrant ses poings. Avant même que je ne puisse placer un mot, elle s'enfuit dans sa chambre.