Louise est la dernière à partir. Elle me jette un regard curieux, que j'ignore royalement. Quand la porte se referme, j'entends les pas d'Adrian s'approcher de moi. Mon cœur se met à battre à une vitesse fulgurante.
Soudain, le bruit que font ses pas, s'estompent. Je relève mes yeux, mes affaires dans mes mains. Nos regards se heurtent, je faillis baisser les yeux mais une force intérieure m'en empêche. Une envie de le défier et de lui exiger des explications sur ce voyage soudain.
J'avale difficilement ma salive, en le fixant toujours.
___ « Comment as-tu décidé tout seul qu'on irait ensemble en Italie demain ? Pourquoi tu ne m'as pas prévenu de cette décision en avance ? »
Je lui bombarde de questions d'une voix tremblante de colère mais aussi de peur, mêlée de courage.
___ « Je suis le patron et je suis le seul qui décide dans cette entreprise. » répond t'il, très calmement.
Mon sang fait un tour et ma tension monte, face à cette réplique. J'avance vers lui, furieuse.
___ « Tu crois que j'ai besoin d'un patron qui décide où et quand je dois voyager sans m'informer ? » réplique je d'un ton impulsif.
Il arque un sourcil et me sonde. Je suis très remontée contre lui, d'avoir décidé tout seul que nous irons en Italie demain. Certes, ce voyage est pour une bonne cause. Mais n'empêche qu'il aurait dû me mettre au courant avant.
Et si j'avais d'autres affaires à régler ? Et si j'étais indisponible demain ? Il n'a pas réfléchi une seule seconde que je pourrais être occupée.
___ « Je voulais te prendre à l'improviste. »
Je hausse les sourcils, tout simplement étonnée. Il l'a juste fait, dans le but de me prendre à l'improviste.
___ « C'est tout ? » lâche je, avec un petit rire ironique.
Il ne me dit plus rien. Je souffle et roule des yeux, puis me dirige vers la porte de sortie. Lorsque j'arrive à son niveau, il me retient par le poignet. Le contact de sa peau contre la mienne, me fait frissonner faiblement. C'est comme si j'étais victime d'un accident électrique.
D'un geste rapide, je me libère de son emprise et lui lance un regard déconcerté par son acte.
___ « Reste un instant. »
Sa voix est calme, mais ferme. J'arrive à peine à comprendre ce qui se passe.
___ « D'accord. »
Le silence devient pesant. Adrian s'approche, s'appuie contre la table et me fixe.
___ « Où étais-tu pendant la présentation ? » demande-t-il, sans détour.
___ « Ici. Mon esprit était juste ailleurs. »
___ « Tu crois que je peux me permettre d'avoir une employée qui plane pendant une réunion aussi importante ? »
Je garde mon calme. Je sens qu'il veut me pousser à bout, encore.
___ « Je suis désolée. Je t'ai déjà présenté mes excuses. »
Il se redresse, visiblement agacé par mon ton.
___ « Tu n'étais pas comme ça avant. »
___ « Avant, j'étais encore naïve. Maintenant, j'essaie juste de rester debout. »
Il me fixe un instant, mais ne dit rien. Son regard est différent. Moins dur, presque... troublé.
___ « Est-ce que tout va bien ? » demande-t-il finalement, sa voix plus douce.
Je fronce les sourcils. Ce revirement me désarme.
___ « Pourquoi tu veux savoir ? »
___ « Parce que malgré tout ce qu'il s'est passé, tu m'importes encore. »
Je n'ai pas le temps de répondre. Je sens que si je parle maintenant, ma voix pourrait trembler. Je préfère m'en aller.
___ « Merci de t'en soucier. Mais je gère. »
Je lui lance un dernier regard et sors de la pièce, le cœur en vrac.
Je n'ai pas besoin qu'il s'inquiète pour moi. J'ai besoin de réponses. Et cette fois, je ne m'arrêterai pas tant que je ne les aurai pas obtenues.
***
Je suis rentrée à la maison, après une terrible journée au travail. J'ai dû planifié tout le voyage de mon patron, faire certaines courses avec lui toute la journée.
Avec l'aide de mon amie, je prépare ma valise et tout le nécessaire dont j'aurai besoin durant ce voyage.
___ « C'est pour combien de jours ? » me demande Anna en revenant de mon placard avec quelques uns de mes vêtements.
___ « J'en sais rien. Deux ou trois jours, je pense. Il ne m'a rien dit pour ce voyage, tout ce que je sais c'est que nous allons en Italie pour tenter de décrocher un contrat. »
Elle vient poser mes habits sur le lit, puis s'assoit. Je prépare mes papiers d'identités, pour ne pas les oublier.
___ « Alors, tu as obtenu des informations sur cet inconnu ? »
Elle cesse de ranger un instant mes vêtements dans la valise, se pince les lèvres et secoue négativement la tête. Je soupire de frustration mêlée de déception.
___ « J'ai recherché dans presque tous les hôtels, mais rien. À croire, qu'il s'est volatilisé d'un coup. » m'explique t'elle.
Mon cœur se casse comme une vitre qui se brise. J'espérais que ces recherches aboutissent. Retrouver cet homme et découvrir la vérité, c'était la seule option qui s'offrait à moi.
Anna pose sa main sur la mienne, je lève les yeux en sa direction et elle me fait un petit sourire réconfortant.
___ « Ne t'inquiète pas, je suis sûre que nous allons mettre la main sur lui. Pour le moment, je crois que cet homme essaie de jouer à cache à cache. » rajoute t'elle.
***
Après environ 48 minutes de vol en business classe, nous atterrissons enfin à Milan, une des villes d'Italie. Durant le voyage, Adrian et moi, étions contraints d'être près de l'un et de l'autre. La tension était au rendez-vous. J'étais très tendue de le voir à mes côtés pendant tout le vol. J'essayais d'ignorer sa présence, mais c'était plus fort que moi, bien qu'il ne m'a accordée aucun intérêt. Il a passé tout son voyage à lire. Quant à moi, j'ai dormi la plupart du temps.
Une Lamborghini Urus noire mat attend devant l'entrée VIP, moteur ronronnant, chauffeur à l'extérieur. Les vitres teintées ne laissent rien filtrer, mais dès qu'il ouvrit la porte, l'odeur du cuir italien se mêle à celle de son parfum. Ce gars respire l'argent, mais pas le genre hérité : celui qu'on gagne à coups de décisions tranchantes et de nuits sans sommeil.
La bouche ouverte en forme de «o», les yeux qui pétillent, j'admire le bijou de luxe devant moi.
___ « Tu vas rentrer ou tu comptes rester dehors ? » me lance t'il sèchement à la figure.
Je me ressaisis, cessant de baver. Je m'installe à ses côtés, sur la banquette arrière. La voiture se met à rouler et je mets à admirer la vue extérieure à travers la vitre, tout en rêvant.