Chapitre 4 Chapitre 4 : Ce que cache le silence

Le vent soufflait entre les arbres, faisant danser les feuilles autour d'eux. Lioran n'avait pas bougé. Il l'observait avec cette intensité étrange, comme s'il essayait de reconnaître quelqu'un qu'il avait connu... ou qu'il n'avait jamais pris la peine de connaître.

Elia resta droite, les bras croisés. Elle ne lui faciliterait rien.

- Tu n'as rien à faire ici, dit-elle froidement. Ces terres sont interdites à la meute. Tu le sais.

- Je sais... Mais je devais te voir.

Elle ricana, sans humour.

- Sept ans d'absence. Zéro mot. Zéro regard. Et soudain, "je devais te voir" ? Tu t'attendais à quoi ? Que je t'offre le thé ?

- Elia...

Il fit un pas vers elle. Elle recula aussitôt, les yeux brillants de colère.

- Ne prononce pas mon nom comme si tu y avais encore droit.

Lioran baissa légèrement la tête, mais sa voix resta ferme.

- Tu crois que c'était facile pour moi ? Pour nous tous ? Ce soir-là... tu n'étais pas la seule à souffrir.

- Non. Mais j'étais la seule à être trahie, murmura-t-elle.

Silence.

Il leva enfin les yeux vers elle. Quelque chose d'indéfinissable y brillait - regret, doute, peut-être peur.

- Ce meurtre... Je n'ai jamais cru que tu en étais capable. Pas vraiment.

- Mais tu n'as rien dit, souffla-t-elle. Toi, Kael, ma mère... Vous avez tous laissé faire.

- Ce n'était pas si simple. Les preuves, le Conseil, l'odeur... on ne pouvait pas-

- Tu ne voulais pas, coupa-t-elle.

Elle s'approcha, lentement, jusqu'à ne plus être qu'à quelques centimètres de lui.

- Maintenant tu es là, avec ton air coupable et tes belles paroles. Mais c'est trop tard, Lioran. Je ne fais plus partie de ce monde. Et je n'ai plus besoin de vous.

Un grondement sourd vibra dans l'air. Il venait du fond de la forêt.

Elia plissa les yeux.

- Tu n'es pas venu seul, n'est-ce pas ?

Lioran recula, légèrement mal à l'aise.

- Non. Et tu es en danger, Elia. Ce n'est pas la meute... c'est autre chose. Quelque chose rôde dans les bois. Quelque chose qu'on ne contrôle pas.

Elle croisa son regard, un frisson parcourant son échine.

- Alors peut-être qu'il est temps que vous découvriez ce que vous avez rejeté. Ce que je suis devenue.

            
            

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