/0/24213/coverbig.jpg?v=65c87ed496720e083bc2daef266cbea3)
La pluie tombait sans relâche ce soir-là, comme si le ciel lui-même pleurait ce qui allait arriver.
Elia se tenait au centre du Cercle de Pierre, pieds nus, trempée jusqu'aux os, le cœur battant à en hurler. Autour d'elle, les anciens, la meute, sa famille. Tous l'entouraient comme des juges silencieux, leurs regards chargés d'accusation.
Le corps de la sentinelle avait été retrouvé quelques heures plus tôt, les griffes encore ensanglantées, son cœur arraché - un meurtre rituel interdit depuis des générations. Et à ses côtés... un morceau de tissu imprégné de l'odeur d'Elia.
Elle n'avait rien fait. Rien.
Mais personne ne voulait l'écouter.
- Tu trahis ton sang, Elia de la Lune Noire, avait grondé l'Ancien Maël. Tu as souillé nos lois. Pour cela, tu es bannie. À compter de ce jour, tu n'es plus l'une des nôtres.
Elle s'était tournée vers son frère, Kael. Ses yeux imploraient. Il n'avait rien dit. Pas un mot. Pas un geste.
- Kael... dis-leur... tu sais que je-
- Ne parle pas, Elia, avait-il murmuré, sans même la regarder. C'est trop tard.
Sa mère, droite comme une flèche, avait détourné le regard, les poings crispés. Pas de défense. Pas de compassion.
Et dans la foule... Lioran.
Il ne l'avait pas défendue. Il ne l'avait même pas fixée.
Il avait simplement baissé les yeux.
Et ce fut pire que la condamnation.
Les gardes l'avaient escortée hors du cercle, jusqu'aux limites des terres sacrées. Là, ils lui avaient arraché son collier de meute, brisé en deux devant elle.
- Tu n'as plus de nom, plus de foyer. Tu n'es plus qu'une ombre, avait dit Maël.
Elle avait marché, seule, sous la pluie. Loin des chants du foyer, loin de ceux qu'elle aimait. Loin de ceux qui l'avaient trahie.
Elle s'était construit une cabane. Une vie. Un mur de silence autour de son cœur.
Mais parfois, les souvenirs reviennent. Et certains visages... ne vous quittent jamais.