Chapitre 3 La Redevance Des Sacrifices D'Un Parent

Les rayons de soleil s'allongeaient jusque dans la maison. Par la porte grandement ouverte, je lançai un regard au ciel et fis une courte prière.

À cet instant, papa me dit : « Calme-toi. Tu as l'air nerveuse. » Il souriait, mais le ton de sa voix ne me rassurait pas du tout.

Par politesse, j'allongeai mes lèvres en retour, mais elles tremblaient.

Papa souleva le verre face à lui. « Tu es notre fierté, ma fille. » Il prit une gorgée avant de poursuivre. « J'ai énormément pleuré dans ma vie. J'ai même insulté les dieux de ne pas m'avoir donné de fils. Mais aujourd'hui, la grâce est entrée dans notre maison par toi. »

Je fronçai les sourcils. Papa semblait être en joie. Ce qui n'arrivait que rarement. Perplexe, je dis : « tu mérites d'être heureux papa », faiblement. Ma gorge était nouée devant ces mots auxquels je ne croyais guère.

« Amen ! » Reprit-il, avant de regarder maman et de lui hocher la tête.

Elle posa la main sur mon épaule nue. Ses ongles étaient rongés ; sa peau sèche et glacée. « Chérie, j'ai fait semblant pendant des années d'être une femme forte. » La voix tendue. « Mais au fond, je stressais de ne pas être à la hauteur en tant que mère. » Elle jetait un coup d'œil à mon père avant de poursuivre. « Cyril et moi avons toujours fait tout notre possible pour te rendre heureuse. Tout ce que tu as toujours vu était de la nourriture sur ta table, mais on a souffert pour en trouver. La maison n'a pas de décoration, mais on a meublé ton cœur de plein de sourires. Maintenant, tu es grande. »

« Non, non, non ! » Mes pensées s'agitèrent. Des scénarios déplaisants me heurtaient les neurones. Ma tête bouillonnait.

Maman avala sa salive si fort que je pus l'entendre. Elle me regardait comme si elle attendait une réaction de ma part. Mais j'étais inerte, paralysée par ces sous-entendus. Ses doigts se resserrèrent sur ma peau avant qu'elle ne continue. « Nous avons énormément pensé à l'avenir de notre famille. À la décision qu'il fallait prendre pour que cette situation change. Aujourd'hui, nous avons la certitude que les dieux nous entendaient. Une réponse est enfin venue à nous. Tu sais, certaines personnes doivent quitter leur terre et aller se chercher ailleurs. »

Mes parents semblaient être loin de connaître ma réputation volage dans la ville. Pourtant, la direction que prenait cette conversation ne me plaisait pas pour autant. Maman était vague dans ses mots et papa démontrait une perversité maladive.

« Ah maman... ne me déçoit pas, je t'en prie. » Pensai-je, gardant mon regard dans le vide. Il était hors de question que je leur montre mes incertitudes.

Elle caressa mon dos et me gela la colonne vertébrale. Plus de chaleur maternelle n'émanait de son toucher. Je voulus même secouer mon corps, comme pour chasser un insecte. Un moustique suceur de sang. Mais je me retins pour ne pas la blesser. Son regard était déjà assez meurtri comme ça.

                         

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