Chapitre 5 Chapitre 05

Comment tout a-t-il pu basculer aussi vite ? Je suis à ce poste depuis des mois. Je me fais discret, je ne me fais pas remarquer. Adélaïde est entrée dans ce restaurant aujourd'hui et tout a basculé. Me voilà au bar, à siroter des shots avec l'une des personnes que je dois visiblement faire tomber.

Au début, j'allais juste ruiner la vie d'Adélaïde. Pas intentionnellement. Pas par cruauté, mais par association. Une fois son père déchu, tous leurs biens seraient saisis. Adélaïde se retrouverait sans rien. Maintenant que mes rapports mentionnent son implication... elle coulera probablement avec lui.

J'essaie de ne pas y penser tandis qu'elle me sourit. Lumineux et beau, même avec les néons qui se reflètent sur son visage.

- Je ne bois pas pour me saouler. Je bois pour me détendre un peu et m'amuser, dit-elle en demandant une nouvelle tournée. Ça aide un peu à se détendre, tu vois ? Juste pour se détendre. Tu n'auras pas besoin de me tenir les cheveux pendant que je vomis dans une poubelle dehors. Promis.

Une fois que le barman apporte la tournée suivante, j'en retourne un avec Adélaïde. Elle ne va pas immédiatement en commander d'autres une fois les shots terminés. Ses yeux sombres sont braqués sur moi, reflétant toutes les lumières du club. Ils scintillent de rose, de violet et de bleu tandis que son sourire s'illumine à nouveau.

- Veux-tu danser avec moi, Christian ? demande-t-elle.

Je lui souris en retour, mais je secoue la tête.

- Je ne danse pas, Adélaïde.

Elle grimace avant de lever les yeux au ciel.

- Tu n'es pas obligé de danser. Tu me tiens juste les hanches. Je me charge de tout.

Ce n'est pas un mensonge. Je ne danse vraiment pas. Et même si j'ai très envie de dire oui, je sais que je ne devrais pas. Je ne peux pas laisser les choses se gâter avec Adélaïde. Ça compliquerait tout. Je ne devrais pas être aussi intrigué par elle. Je ne devrais pas vouloir danser avec elle. Je ne devrais pas vouloir être proche d'elle.

Je secoue la tête.

- Tu danses, je te regarde.

Ça ne lui plaît pas. Son nez se fronce et elle fait la moue, juste un peu. Visiblement, elle a l'habitude d'obtenir ce qu'elle veut. Elle ne tape pas du pied ni rien. Elle ne pique pas de colère. Elle hoche juste la tête.

- D'accord. Je vais danser. Tu regardes. Je vais te faire un spectacle.

Elle laisse planer cette phrase, me fait un clin d'œil avant de s'éloigner du bar.

Je ne peux m'empêcher de la suivre des yeux. Adélaïde marche comme si tout lui appartenait. Ses hanches se déhanchent avec détermination. Elle est sûre d'elle. Elle est belle et elle le sait. Et... elle en est un peu fière. Ce qui devrait être un véritable rebut, mais je trouve que ça m'attire encore plus.

Elle trouve une place au bord de la piste de danse bondée, juste sous mon regard. Elle me regarde, presque pour vérifier que je la regarde bien avant de commencer à bouger. Je la regarde se déhancher, la regarder passer ses doigts dans ses longs cheveux noirs.

Je suis fasciné. J'ai l'impression d'être attiré vers elle. Elle me voit la regarder et sourit en continuant de danser. Je sais que je ne suis pas le seul à la regarder. Comment pourrais-je l'être ? Elle attire l'attention sur elle comme un papillon de nuit attire une flamme.

Telle une sirène, elle commence à m'attirer. Elle se perd dans la musique, oubliant presque que je suis là à la regarder. Je me surprends à quitter le bar malgré ce que j'ai dit plus tôt, me rapprochant d'elle. Je veux juste... être près d'elle.

J'ai l'impression de perdre la tête. Je ne sais pas pourquoi je dois être si près d'elle, mais je le suis. Quand Adélaïde me remarque, elle me sourit. Je me glisse derrière elle, pose mes mains sur sa taille. Elle les prend et les porte à ses hanches. Elle ne dit pas un mot, continue de danser, au rythme d'une chanson dont je me fiche complètement.

Je me sens comme un homme possédé. Agissant totalement contre ma volonté. Sa main se lève, s'enroule autour de mon cou, m'attirant plus profondément. Mon visage est pressé contre son cou, et je la respire. Elle sent le miel et les fleurs. Complètement enivrante.

Elle se frotte contre moi, et je serais un sacré menteur si je disais que ça n'a aucun effet sur moi. J'ai beau essayer de penser à autre chose, je ne peux penser qu'à elle. Elle accapare chacune de mes pensées.

La chanson sur laquelle elle danse s'arrête et Adélaïde se retourne dans mes bras, s'enroule à nouveau autour de mon cou et m'attire contre elle.

- Je croyais que tu ne dansais pas, ronronne-t-elle.

Je ris. Je ne me sens pas moi-même, c'est comme si elle me transformait en quelqu'un que je ne suis pas. Elle fait ressortir une part de moi que je ne reconnais pas.

- Tu avais l'air seule.

Cette phrase me paraît tellement stupide. Je m'attends à un lever de yeux au ciel, mais Adélaïde rit.

- J'étais seule. J'espérais que tu viendrais danser avec moi, Christian.

Ses doigts jouent avec les cheveux à la base de mon cou, me faisant frissonner.

- Heureux de te faire plaisir, je murmure.

- Vraiment ? Parce que je pense qu'il y a autre chose que tu pourrais faire pour me faire plaisir...

Sa voix s'éteint, mais je sais où elle pense. Seulement parce que la mienne va exactement au même endroit.

**LE POINT DE VUE : Adélaïde Mansolillo**

Ça n'a jamais fait partie de mes plans. C'est une première. Tout ce que je fais est mûrement réfléchi. Je ne laisse rien au hasard, car c'est comme ça que les choses se gâtent. C'est là qu'on commet des erreurs. Je ne sais pas si c'est une erreur ou non. Tout ce que je sais, c'est qu'il y a quelque chose chez Christian qui m'attire.

C'est probablement parce qu'il est magnifique. De qui je me moque ? Je ne sais presque rien de lui, à part ce que j'ai découvert lors de mes recherches. Et... il agit comme s'il me respectait. Peu de gens avec qui mon père est en affaires se comportent comme ça avec moi. Surtout quand c'est moi qui leur donne des ordres.

Alors, ouais.

Je ne fais pas beaucoup de rencontres sans lendemain. Ce n'est pas un choix ; je n'en ai tout simplement pas l'occasion. Je ne peux pas ramener d'hommes à la maison, et quand je sors, la sécurité me suit constamment. Pas vraiment sexy. Pour l'instant, je suis libre. J'ai une chance et je veux la saisir.

Les mains de Christian sont toujours sur mes hanches, me gardant près de lui. Je le fixe du regard, attendant de voir s'il comprend où je veux en venir. Bien sûr qu'il a compris, c'est un génie, non ? Maintenant, tout dépend s'il est à terre.

- Adélaïde... dit-il avant de s'éteindre.

Ses yeux bleus sont emplis de désir. Son esprit est probablement en train d'inventer mille et une raisons pour lesquelles on ne devrait pas faire ça. Je ne veux pas entendre pourquoi on ne devrait pas. On s'en souciera plus tard.

- Je ne suis pas saoule. Tu n'es pas saoul. Tu n'es pas un inconnu, même si tu es un inconnu la plupart du temps. Je te veux. Tu me veux, je crois. Pourquoi pas ?

                         

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