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Point de vue : Quincy
Pendant que je ramène les rafraîchissements dans le salon, les filles débarquent pour m'aider. L'ambiance est légère, détendue, rythmée par les verres qu'on dépose sur la table basse. J'ai tout prévu... sauf la pince à glace. Évidemment. Sofia file dans la cuisine pour aller la chercher.
- Lima ? m'appelle-t-elle.
- Oui ?
- Tu sais à quelle heure les autres arrivent ?
- Sam m'a appelée tout à l'heure. Ils prennent l'hélico.
- Pourquoi ils ont mis autant de temps ?
- Petit souci technique, apparemment.
- Je vois... Ils seront assez à quatre ?
- Oui, t'inquiète. Ils arriveront avant la tombée de la nuit.
- Parfait. On va commencer à préparer à manger. Sofia et moi avons déjà fait le tour des chambres.
Georgie nous rejoint, une odeur de savon encore dans son sillage, ses cheveux humides, sa peau légèrement rosée par la douche chaude.
- Tu nous fais visiter ? propose-t-il avec un sourire.
- Oui, bien sûr. Juste... Tchad est où ?
- Là, répond une voix grave et familière derrière moi.
Je me retourne. Il est là. Toujours au bon moment. Mon cœur fait ce petit bond idiot que je déteste et adore à la fois.
- On se rafraîchit d'abord, dit Lima en s'installant avec son verre de jus.
- Tu peux bien marcher avec ton verre en main, non ? marmonne Tchad, moqueur.
- Oui, mais je ne veux pas, réplique-t-elle, imperturbable.
- Arrête tes enfantillages, râle Trey en s'adossant à un mur. Tout le monde veut voir la villa. On ne va pas attendre juste parce que mademoiselle veut boire son jus de fruit assise.
Je lève les yeux au ciel. Trey... comment ai-je pu oublier sa présence ?
- Tu peux répéter ? Je crois que j'ai mal entendu, dit Lima avec un sourire narquois.
Ces deux-là... Ils sont faits pour se chamailler. Une énergie électrique et explosive à la fois. Ils s'aiment autant qu'ils se supportent à peine.
- Bon, vous pouvez faire le tour avec Sofia. Moi je reste avec Lima, je lui montrerai la villa quand elle aura fini, dis-je, en tentant d'éviter le clash.
Trey soupire, secoue la tête. Mais ils obéissent. Sofia leur fait signe de la suivre et tout le monde sort, verres en main, direction la piscine.
- Mmmh... c'est délicieux, dit Lima en buvant son jus d'orange. Tu l'as pressé toi-même ?
- De mes propres mains, répondis-je, faussement fière.
- Tu fais tout ici ou tu laisses aussi les autres briller un peu ?
Je ris doucement.
- Je fais tout. Et j'aime ça.
- Combien de pièces au total ?
- Treize.
- Sérieux ?! souffle-t-elle. Et elles sont toutes aussi belles que la mienne ?
- Non. La tienne, c'est la plus belle. Je l'ai fait décorer rien que pour toi.
Ses yeux brillent, son sourire s'élargit.
- J'adore. Genre vraiment. Merci.
Je savais qu'elle aimerait. Il n'y avait aucun doute. Quand elle repose son verre, je me lève aussitôt.
- On va retrouver les autres ?
- Let's go.
Nous sortons ensemble. Le soleil caresse doucement nos peaux. On les rejoint devant la piscine. Sofia, fidèle à elle-même, est déjà en train de leur présenter les installations comme si elle bossait pour une agence immobilière de luxe.
- Et voici la piscine. Chauffée, filtrée, purifiée. Le paradis en version aquatique, dit-elle avec un clin d'œil.
- Cette villa est incroyable, commente Trey, presque impressionné.
- Je suis contente que ça vous plaise. J'ai mis tout mon cœur à la rendre parfaite.
- Mission accomplie, dit Lima. J'adore chaque détail. Surtout ma chambre.
Sofia enchaîne, passionnée :
- Alors, la villa fait 1300 m². La pièce principale est une réception de 200 m²...
Je l'interromps doucement.
- En gros : seize pièces. Deux salons, deux cuisines, une salle à manger, toutes les chambres donnent sur la terrasse, exposées plein sud. Piscine chauffée, jacuzzi, gazebo, coin chill. Sept suites king size de 40 m² avec salle de bain, dressing et terrasse. Et une salle d'étude. Un spa complet avec sauna, hammam, machine à neige, douche aromatique. Un home cinéma, une cave à vin, un garage pour huit voitures, un poste de sécurité. Et un appartement indépendant.
- J'ai arrêté d'écouter après le mot "jacuzzi", lâche Lima en s'étirant.
- Et moi dès que t'as parlé de la cave à vin, ajoute Trey avec un sourire en coin.
- Attendez, vous avez un spa ?! explose Georgie.
- Et un club de nuit privé, renchérit Tchad. Sérieux, ta famille, c'est du lourd.
- C'était surtout mon grand-père, murmurai-je avec un demi-sourire.
- Et vous oubliez la plage privée, ajoute Lima, comme si c'était la cerise sur un gâteau déjà trop sucré.
- Je sens que ces vacances vont être légendaires, dit Trey, les yeux pétillants.
- Heureusement que j'ai emmené mes plus beaux maillots, rigole Lima.
La visite continue. Les rires fusent. Les regards s'échangent. Entre Trey et Sofia, quelque chose semble naître. De mon côté, je me sens étrangement... bien. Entourée. À ma place. Ce moment est précieux.
Après la visite de la villa et les éclats de voix, chacun a regagné sa chambre ou s'est éparpillé dans les coins les plus reposants de la maison. Le soleil est encore haut, mais l'atmosphère s'est légèrement apaisée. Moi, je suis restée au bord de la piscine, les pieds dans l'eau, mes lunettes de soleil sur le nez, les bras en arrière pour me soutenir.
Je lève les yeux vers le ciel et inspire profondément. L'air est chaud, salé, doux. Je me sens presque bien.
- Tu veux que je te mette de la crème solaire ? me demande une voix grave et familière derrière moi.
Je me retourne. Tchad est là. Torse nu, son short beige lui colle à la peau comme s'il avait été cousu pour lui. Il tient une bouteille de crème solaire dans une main, et dans l'autre... ce regard. Ce regard qui me désarme à chaque fois, comme s'il lisait en moi, comme s'il savait exactement ce que je pensais - ce que je ressentais.
Son torse est ferme, musclé, mais pas dans l'excès. Juste assez pour que chaque ligne de ses abdos me donne envie de détourner les yeux... et en même temps, pas du tout. Ses épaules sont larges, solides, comme s'il pouvait porter le monde sur son dos. Sa peau est dorée par le soleil, parsemée de quelques gouttes d'eau qui glissent lentement le long de ses clavicules.
Je me force à ne pas le fixer trop longtemps, mais c'est peine perdue. Il a cette allure désinvolte, ce charme nonchalant qui me fait perdre le fil, me fait oublier ce que je faisais, ce que je voulais dire. Et ce sourire en coin - celui-là même qu'il sort quand il sait qu'il a l'avantage - me donne des frissons.
Bon sang, pourquoi il doit être aussi beau ?
Je ris doucement.
- Tu veux une excuse pour me tripoter, c'est ça ?
- Peut-être... ou peut-être que je suis juste un mec attentionné qui veut protéger la peau de sa copine du vilain soleil.
- Dans ce cas, vas-y, montre-moi à quel point tu es attentionné.
Je me tourne lentement, lui offrant mon dos, le coeur battant un peu plus vite. Ses mains viennent se poser sur mes épaules, froides, presque contre-nature contre ma peau chaude. Mais elles sont si sûres, si délicates. Il prend son temps, comme s'il savourait chaque instant. Ses doigts glissent doucement, effleurent la peau, caressent plus qu'ils ne massent. Chaque mouvement est précis, presque trop lent, me laissant dans une sensation douce-amère de désir non assouvi.
Je sens la chaleur de son corps juste derrière moi, son souffle léger qui frôle ma peau. La proximité de son corps me fait frissonner, une vague de sensations qui déferle en moi malgré la chaleur ambiante. Mon coeur rate un battement quand ses mains remontent un peu plus haut, frôlant la ligne de mon cou.
- Tu m'as manqué, murmure-t-il tout près de mon oreille.
Sa voix, basse et intime, me fait frémir de la tête aux pieds. J'ai l'impression que le temps s'arrête, que rien d'autre n'existe à part lui et cette tension douce qui s'installe entre nous.
Je souris.
- On s'est quittés avant-hier.
- Deux jours, c'est déjà trop.
Je me retourne lentement vers lui, mes yeux rencontrant les siens. Ils brillent, profondément. D'envie, d'amour, mais aussi d'une lueur plus intense, un mélange de douceur et de désir brut. Ce regard... je pourrais m'y perdre pendant des heures. J'aime quand il me regarde comme ça, comme si j'étais la seule chose qui comptait dans ce monde.
- Tu veux qu'on aille s'isoler un peu ? murmure-t-il près de ma tempe, sa voix douce mais pleine de promesses.
- Tchad...
Je ris, gênée, tout en baissant les yeux. Il sait que ce n'est ni le lieu ni le moment. Pourtant, je sens l'envie monter en moi. C'est tentant. Très tentant même.
- Je plaisante, dit-il en me replaçant un brin de cheveux derrière l'oreille. Je voulais juste qu'on passe quelques instants rien que tous les deux. Avant que tout le monde ne débarque et que les vacances ne commencent vraiment.
Je me penche vers lui, mes lèvres effleurent les siennes dans un baiser furtif mais chargé de sens.
- Merci d'être là, soufflé-je, presque dans un murmure. D'être toi.
Il passe un bras autour de mes épaules, me rapprochant de lui. Son geste est tendre, protecteur, et sa chaleur contre moi me réconforte.
- Merci à toi, ma Quincy.
On reste là, juste un instant. Le monde autour de nous semble s'effacer. Il n'y a plus que nos respirations qui se mêlent, le bruit de l'eau qui frappe doucement contre les rochers, et ce silence paisible. Dans quelques heures, tout cela changera. Les rires, la foule, les jeux et les drames viendront troubler cette tranquillité. Mais pour l'instant, tout est parfait. Rien ne peut gâcher ce moment. Et je veux juste le savourer, nous savourer, ici et maintenant.