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Hé. Je suppose que si je vais vous raconter mon histoire, je devrais commencer au début. Même si c'est un peu terne. Au fait, vous pouvez m'appeler Kris.
L'aube de mon existence n'a rien eu d'exceptionnel, mais peut-être que c'est justement là que réside l'ironie de mon destin. Je suis né en 1964 à Iowa City, dans l'État de l'Iowa. À peine avais-je poussé mon premier cri que mes parents biologiques avaient déjà tourné les talons, me laissant à la merci d'un système d'adoption impersonnel. Heureusement, un couple bienveillant, les Anderson, m'a accueilli dans leur foyer. Ils incarnaient à merveille le stéréotype du couple américain de classe moyenne, équilibré, sans histoires, avec un pavillon tranquille niché dans une banlieue paisible à l'ouest de Chicago.
Mon enfance s'est déroulée sans fracas majeurs. Pas de drames familiaux, pas de secrets honteux à déterrer plus tard. En surface, tout semblait d'une normalité presque ennuyeuse. Pourtant, deux événements sont venus troubler cette mer d'ordinaire. Le premier eut lieu quand j'avais quatorze ans. Mon amie Jenny Pierson, une fille au sourire éclatant et aux idées farfelues, m'avait mis au défi d'essayer son monocycle flambant neuf. Fier comme un coq et trop sûr de moi, j'ai accepté sans réfléchir. Mon esprit était si concentré sur l'équilibre précaire de cette roue unique que je n'ai pas vu la coccinelle Volkswagen qui fonçait droit sur moi. Le choc a été brutal, presque cinématographique. Le monocycle a fini en miettes, projeté à plusieurs mètres. Quant à moi, j'ai terminé ma course sur l'asphalte, les coudes en sang, le jean déchiré, le souffle coupé. À ma grande surprise, je m'en suis sorti avec seulement quelques bleus et éraflures.
Le deuxième événement marquant s'est produit deux ans plus tard. J'avais seize ans, l'âge où les hormones dirigent plus souvent nos décisions que la raison. Ce soir-là, j'ai perdu ma virginité. Deux fois. N'insistez pas, je ne saurais vous l'expliquer de manière logique. Tout ce que je peux vous dire, c'est que quelque chose d'étrange se produit en moi : si je reste environ six mois sans avoir de rapports sexuels, c'est comme si mon hymen – oui, j'en ai un – se reconstituait. Inutile de dire que ce phénomène défie toute logique biologique et m'a causé plus d'embarras que de plaisir. J'aurais franchement préféré hériter d'une fortune cachée ou gagner à la loterie.
Mais ces événements étranges ne sont rien comparés à ce qui s'est produit l'année de mes quarante ans. C'était censé être une soirée banale, un dîner d'anniversaire entre amis, quelques verres, des rires, des souvenirs partagés. Et pourtant, cette nuit-là, j'ai frôlé la mort. Littéralement.
Un incident improbable, aussi soudain que violent, aurait dû me faucher sur le coup. Les médecins eux-mêmes n'ont pas compris comment j'avais survécu. Mais le plus étrange, ce n'était pas ma survie. C'était ce qui a suivi. Depuis ce jour, des phénomènes inexplicables ont commencé à se manifester autour de moi. Des choses que ni la science ni la raison ne peuvent justifier. Comme si cette expérience de mort imminente avait ouvert une brèche dans la normalité de ma vie.
Vous voyez, c'est arrivé de cette façon...