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**CHAPITRE 03**
À mi-chemin, mon épaule droite commence à me faire mal. Je grimace et commence à la faire rouler. Je la frotte, mais ça ne change rien à la brûlure qui me traverse l'épaule. Ma mère le remarque et me regarde avec inquiétude. Elle se mord la lèvre.
Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-elle.
Rien de grave. Ça fait une semaine que ça arrive.
Je frotte mon épaule en grimaçant. Je ferme les yeux et compte jusqu'à dix, essayant de me calmer.
C'est sûrement parce que je suis fatiguée.
Je pense que ton é...
Ma mère s'arrête en plein milieu de sa phrase et a l'air effrayée pendant un instant. Je la regarde, intriguée. Elle se mord la lèvre de nouveau et fixe un point dans le vide.
Hein ?
Ça semble la sortir de ses pensées. Bon sang, qu'est-ce qui se passe ? Il ne se passe que des choses étranges en ce moment.
Maman, ça va ?
Oui. C'est sûrement parce que tu es fatiguée. Je veux dire, tu es stressée. Tu as traversé beaucoup d'épreuves.
Elle parle nerveusement. Je la regarde avec suspicion et elle pousse un soupir.
Chérie, tu te rends compte que je suis désolée ? Tu ne mérites pas tout ça.
Maman, ce n'est pas de ta faute. Fais-moi confiance. Je suis avec toi maintenant et je ne pourrais rien souhaiter de mieux.
Je la serre dans mes bras tandis qu'elle commence à pleurer.
J'ai l'impression d'être une mère horrible. Ma fille n'est pas heureuse. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? dit-elle, bouleversée.
Elle essuie ses larmes. Une douleur me serre la poitrine. Elle pense que c'est sa faute.
Laisse-moi me rattraper. Journée spa samedi.
Maman, ce n'est pas ta faute. Et j'adorerais ça.
Je soupire et la serre encore une fois dans mes bras. Elle a l'air excitée et je souris. Ces moments avec ma mère m'avaient manqué. Ces moments où on était juste toutes les deux, à faire du shopping, à se détendre, à se faire les ongles ou simplement à discuter. Elle trouvait toujours un moyen d'illuminer ma journée.
Comme ça, la douleur dans ton épaule disparaîtra, dit-elle avec un clin d'œil. Et puis, tu as une sale tête.
Elle grimace avant d'ajouter :
Et tu pues aussi. Tu as vraiment besoin d'un bain.
Super, merci maman. Moi aussi, je t'aime, dis-je sarcastiquement.
Je marque une pause avant de demander :
Au fait, qu'est-ce que papa t'a dit ?
Rien. Il a fait le lâche, dit-elle en levant les yeux au ciel.
Elle croise les bras avant de continuer :
C'est moi qui ai fait la plupart du discours. Je lui ai dit que tu avais besoin d'espace. J'ai aussi dit quelques trucs violents, mais tu n'as pas besoin d'entendre ça.
Elle a l'air fière d'elle. Elle ne supporte pas qu'on lui manque de respect, encore moins qu'on touche à ses enfants. Quand elle est en colère, elle l'est vraiment. Mieux vaut ne jamais se mettre ma mère à dos, je dis ça, je dis rien.
Sinon, comment ça se passe avec Chase ?
Je craque. Je n'en peux plus. Retenir mes larmes est trop difficile. Mon cœur me fait encore plus mal. Ma mère me regarde avec curiosité tout en me prenant la main. Elle a l'air désolée pour moi. Elle doit sûrement penser que Chase me manque. Pour être honnête, c'est vrai... et je me déteste pour ça.
Il m'a trompée, dis-je entre deux sanglots.
Ma mère écarquille les yeux et me serre dans une étreinte maternelle.
A-avec Ali.
Quoi ?! s'écrie-t-elle, furieuse.
Ses yeux se rétrécissent et elle a l'air prête à tuer quelqu'un d'une seconde à l'autre.
Je te jure que quand je les verrai, ces deux-là, je vais...
Maman, oublie ça. Ils ne signifient plus rien pour moi.
Je l'interromps et affiche un faux sourire.
Maintenant que je suis ici, je vais laisser le passé derrière moi et repartir de zéro.
Je me lève et commence à partir.
Je vais aller prendre une douche, vu que je pue, dis-je en appuyant sur les deux derniers mots.
Elle éclate de rire et j' souris. J'adore son rire. Ça me rend heureuse de savoir que je peux la faire sourire.
D'ailleurs, tu as du sel d'Epsom ? Mon épaule me fait vraiment mal.
Je recommence à la frotter, grimaçant quand la douleur s'intensifie.
Oui, c'est dans le tiroir de ta salle de bain.
D'accord, merci.
Je commence à me diriger vers ma salle de bain.
Bonne nuit, maman. Je t'aime. Merci pour tout.
Je sais qu'elle sourit même si je ne la regarde pas. Je peux ressentir le bonheur qui l'envahit.
Bonne nuit, Danny. De rien, ma chérie, dit-elle doucement.
Puis elle ajoute :
Au fait, tu reprends l'école dans deux jours.
Super, pensé-je. Que la torture commence.
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Je traverse les couloirs à la recherche de la classe A232. L'impatience me gagne.
Bon sang, je vais être en retard pour mon premier cours, le premier jour, pensé-je.
Mon prof va croire que je fais partie de ces gens qui se prennent pour des « durs ». Je roule des yeux. Les profs sont tellement dans le jugement. Tant pis, ce n'est pas de ma faute si les numéros des salles sont effacés et impossibles à lire.
Trop concentrée à déchiffrer les numéros, je percute quelqu'un de plein fouet. L'impact me fait reculer d'un pas, mais heureusement, je me rattrape avant de tomber.
Oh mince, je suis désolée, dis-je, paniquée.
Est-ce que cette personne va me tuer ? Cette école me fout déjà la trouille.
Je lève les yeux vers un grand gars musclé, qui semble avoir mon âge. Il a des cheveux noirs de jais et des yeux bleus. Il est vraiment beau, séduisant même. Il me fusille du regard jusqu'à ce qu'il croise mes yeux.
Le monde entier semble s'arrêter un instant. Comme si on était seuls dans ce couloir. Mon cœur rate plusieurs battements et je vois quelque chose dans ses yeux. C'est comme si j'étais face à une scène : un loup gris, l'air d'avoir enfin trouvé ce qu'il cherchait depuis toujours.
Cette vision me serre le cœur.
Puis tout disparaît. Je cligne des yeux, prise de vertige. Quand je les rouvre, le visage du garçon s'adoucit légèrement, mais en une fraction de seconde, son regard se durcit à nouveau et il me fusille de plus belle.
Regarde où tu vas, salope. T'es aveugle ou quoi ? lâche-t-il froidement avant de partir dans l'autre direction.
Mais avant de disparaître, il me percute violemment l'épaule, me faisant tomber au sol.
Je saisis mon épaule en gémissant. Comme si elle n'était pas déjà assez douloureuse...
Des rires éclatent autour de moi et je sens le rouge me monter aux joues. Il s'éloigne et, pour une raison que j'ignore, j'ai l'impression que mon cœur se brise en deux.
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Salut, je suis Jade Marshall, lance une fille magnifique en s'approchant de moi alors que j'entre dans l'école.
Je me fige et la regarde avec méfiance. Je ne m'attendais pas à rencontrer quelqu'un aussi vite. En fait, j'espérais même ne croiser personne aujourd'hui.
Pas de chance.
Jade a des yeux bleu clair et de longs cheveux noirs qui lui tombent jusqu'au nombril. Sa frange est coupée en biais et son sourire est à tomber. Elle est grande, porte une veste en cuir noir et sa peau mate brille sous le soleil.
Pendant un instant, j'ai l'impression qu'elle sort tout droit d'un shooting photo, mais je chasse rapidement cette pensée et lui adresse un petit sourire.
Bienvenue à Crawford High, le repaire des Lions, dit-elle avec enthousiasme en me tendant la main.
Salut, je suis Daniella Saunders, dis-je en la serrant.
Je lui souris doucement.
Mais appelle-moi Danny.
Cool. Désolée si mon accueil était un peu bizarre, dit-elle timidement.
Elle rit avant d'ajouter :
Je fais partie du « Comité d'accueil » de l'école. Comme c'est une petite ville, on n'a pas souvent de nouveaux élèves.
Elle fait une grimace.
Évidemment, vu à quel point je suis nulle pour ça, c'est ma première fois.