Chapitre 5 Chapitre 5

Elena se tenait sur la lisière de la forêt, ses yeux fixant l'horizon sombre, comme si la nature elle-même l'avertissait des défis à venir. Le vent lui caressait le visage, froid et tranchant, emportant avec lui les dernières bribes de son ancienne identité. *Nyx*. Ce nom, elle l'avait adopté dans l'obscurité de la nuit, l'avait forgé dans les épreuves et les batailles, comme un bouclier contre son passé. Mais aujourd'hui, l'heure de l'affrontement approchait, et elle savait que ce nom ne suffirait pas à effacer ce qu'elle était venue faire. Elle ne pouvait plus fuir.

Le tournoi n'était plus qu'à quelques jours, et elle était prête. Les bruits de la ville, les cris des foules, l'appel de la violence... tout cela l'attirait comme un magnétisme irrésistible. Mais ce n'était pas le tournoi qui la fascinait. Ce n'était pas la possibilité de prendre la place de Leon, ni même de prouver sa valeur. Non, Elena avait une seule raison de revenir : il fallait qu'elle affronte son passé, qu'elle se confronte à l'Alpha qui l'avait brisée. Et pour cela, elle devait tout effacer, jusqu'à son nom.

Dans l'ombre d'une ruelle, elle enfila le masque qu'elle s'était soigneusement confectionné. Une nouvelle identité. Une illusion. *Seraphine*. Une silhouette différente, un visage modifié, une attitude qui ne laissait transparaître aucun des secrets qu'elle portait. Elle savait que la transformation était partielle, mais elle se sentait prête. Ce nom, ce masque, c'était tout ce qu'il lui restait pour avancer. La guerrière qu'elle était devenue n'avait plus rien à voir avec la jeune fille qui, un jour, avait cru en l'amour et en la loyauté.

Les rues étaient bruyantes et agitées, pleines de l'effervescence d'un tournoi qui attirait toutes les meutes environnantes. Les parieurs, les curieux, les autres Alphas... tous étaient là, tous attendaient. La tension était palpable. Elena se faufila dans la foule, observant les visages sans les voir, écoutant les murmures sans y prêter attention. Elle n'était plus ici pour jouer à ce jeu. Elle n'était là que pour une chose : prouver qu'elle était bien plus que ce que Leon avait cru.

Les pensées se bousculaient dans son esprit, mais elles se calmaient chaque fois qu'elle posait le regard sur le terrain où les combats auraient lieu. Chaque pas qu'elle faisait la rapprochait de son objectif. Le tournoi était une scène de théâtre, et elle allait jouer son rôle à la perfection. Se faire oublier, se fondre dans la masse, jusqu'à ce qu'elle soit prête à frapper.

Elle s'arrêta devant une taverne, là où la meute de Leon se rassemblait avant le tournoi. Elle avait besoin d'une dernière observation, d'une dernière chance de jauger la situation. Des voix familières, des rires, des éclats de colère... et là, au centre, l'imposante silhouette d'Leon. Il semblait plus vieux, plus usé. Le temps ne lui avait pas pardonné. Le Leon qu'elle avait connu, cet Alpha impitoyable, était maintenant une ombre de lui-même. Ses traits durs et déterminés avaient perdu leur éclat, et la meute qui l'entourait semblait aussi brisée que lui.

Mais elle ne pouvait pas encore se laisser aller à la tentation de le confronter. Pas maintenant. Elle devait d'abord participer au tournoi, et gagner. Elle devait se montrer à la hauteur de ce qu'elle était devenue. Ce n'était pas une question de vengeance, mais de rédemption. Elle avait besoin que Leon la voie, qu'il réalise la monstruosité de son erreur, mais à travers la force et la puissance qu'elle incarnerait sur le terrain. Rien de moins.

Un homme s'approcha d'elle, un Alpha d'une meute voisine, et la jaugea d'un regard froid. Il savait qu'elle n'était pas d'ici. Il sentait la tension dans ses gestes, la certitude dans sa posture. Elle le renvoya à son propre regard, sans flancher. Elle était prête. La meute de Leon, l'Alpha Leon... ils n'étaient rien de plus que des obstacles sur son chemin.

L'Alpha lui parla d'un ton faussement amical, proposant une alliance tacite pour le tournoi. Mais Elena ne se laissa pas prendre. Elle répondit d'une voix calme, mesurée, mais qui portait en elle une menace sous-jacente. Elle n'avait aucune intention de s'allier à qui que ce soit. Elle n'était pas là pour les autres. Elle était là pour elle-même, pour détruire son passé et reconstruire son avenir. Et si ce chemin passait par la destruction de Leon, alors elle n'hésiterait pas.

Les jours suivants, l'atmosphère se tendit. Les affrontements se rapprochaient, les meutes se préparaient, les conflits se multipliaient. Elena, sous sa fausse identité, se fondait dans la masse, mais chaque geste, chaque mouvement était calculé. Le tournoi serait une épreuve de force, mais aussi une épreuve d'esprit. Car elle savait que la clé de sa réussite résidait dans sa capacité à manipuler ceux qui l'entouraient, à les pousser à se perdre dans leurs propres faiblesses.

Enfin, le jour tant attendu arriva. Les foules se pressaient autour du terrain de combat, une arène ouverte où la brutalité règnerait en maître. Elena se tenait sur le seuil, observant la scène qui allait bientôt se dérouler devant ses yeux. Le tournoi commencerait dans quelques heures. Elle savait que son rôle n'était pas de se faire remarquer tout de suite, mais de se glisser parmi les compétiteurs, de se préparer dans l'ombre, jusqu'à ce que l'heure de la confrontation arrive. Elle regarda une dernière fois Leon, qui se tenait sur le bord, prêt à donner le signal. Ce n'était pas lui qui l'intéressait pour l'instant. Ce serait plus tard, lorsqu'elle serait prête à tout prendre.

Elle se redressa, jeta un dernier coup d'œil aux autres, et s'avança dans l'arène. Le moment était venu.

Elena se tenait au centre de l'arène, les yeux froids et déterminés. L'agitation des spectateurs s'éteignait lentement à mesure qu'elle s'avançait. Son regard balayait les combattants qui l'entouraient, calculant les menaces, épiant les faiblesses. Elle avait vu ce genre de tournoi mille fois auparavant, mais aujourd'hui, c'était elle qui serait la tempête.

Les premières secondes furent presque irréelles, comme si le monde entier se figeait autour d'elle. Puis, les premiers coups fusèrent. Des lames, des griffes, des crocs... l'arène s'embrasait sous la brutalité des affrontements. Mais Elena n'était ni effrayée ni hésitante. Elle n'était pas là pour jouer. Elle se lança dans la mêlée avec la rapidité et la fluidité d'un prédateur parfaitement affûté.

Elle esquiva une attaque venant d'un loup de taille imposante, son mouvement fluide comme un courant d'air. D'un coup sec, elle fit tomber son adversaire au sol, son épée transperçant l'air avec une précision glaciale. La foule se figea, surprise par la vitesse et l'agilité de cette inconnue. Elle n'était pas comme les autres combattants. Elle ne jouait pas, elle tuait. Les autres Alphas, certains avec des années d'expérience dans ces tournois, se retrouvèrent déséquilibrés par l'intensité de sa présence.

Ses yeux brillaient d'une lueur étrange, presque surnaturelle, comme une bête sauvage prête à dévorer sa proie. Chaque geste de son corps émanait une puissance brute qui choquait les spectateurs. Ceux qui pensaient pouvoir la sous-estimer, la repousser ou la réduire à un simple obstacle, découvrirent qu'ils s'étaient trompés. Elena était une force indomptable.

À chaque affrontement, elle remportait la victoire, non par chance, mais par la maîtrise absolue de son art. Elle brisait ses adversaires avec une aisance déconcertante, une violence silencieuse. Elle n'avait pas besoin de paroles, ni de gestes inutiles. Tout en elle respirait la puissance pure.

Les murmures s'intensifièrent parmi les spectateurs. L'inconnu qui dominait cette arène était bien plus qu'une simple guerrière. Il y avait quelque chose de terrifiant dans la façon dont elle se déplaçait, dans la manière dont elle écrasait chaque tentative d'opposition. Les regards se posaient sur elle avec une sorte de fascination mêlée de crainte. Même les plus âgés, les plus expérimentés, se tenaient en retrait, écoutant les battements de leur cœur s'accélérer à chaque mouvement de cette inconnue.

Mais dans l'ombre de l'arène, parmi la foule qui hurlait et applaudissait, un seul homme observait en silence. Leon. L'Alpha, celui qui avait jadis rejeté Elena, observait sans pouvoir détourner les yeux. Au fond de lui, une étrange sensation naissait, une sorte de prise de conscience latente. Il n'arrivait pas à comprendre ce qu'il ressentait en la voyant se battre. Une rage, une admiration, et une sensation étrange de familiarité. C'était comme si un voile se levait, mais il ne parvenait pas à saisir ce qui se cachait derrière.

Ses sens étaient en alerte, ses instincts d'Alpha se réveillaient, cherchant à identifier ce qui le troublait tant. Il la regardait, mais il n'arrivait pas à la replacer dans son passé. Cette guerrière redoutable, cette femme qui imposait son aura sur tous les autres, il la sentait, la reconnaissait d'une manière étrange. Mais pourquoi ? D'où venait ce sentiment qui Emergeait si soudainement dans sa poitrine, ce poids au fond de son cœur qu'il n'arrivait pas à comprendre ?

Il la regarda frapper, un coup dévastateur qui fit tomber son dernier adversaire au sol. La foule rugit, mais Leon ne parvint toujours pas à détacher son regard d'elle. Ses muscles se tendirent, son cœur se mit à battre plus fort. Pourquoi ressentait-il cette attraction envers elle ? Ce n'était pas seulement la puissance qu'elle dégageait. Non. C'était quelque chose de plus profond, quelque chose qu'il ne pouvait nommer.

Le tournoi se poursuivait autour d'eux, mais pour lui, le monde s'était réduit à la silhouette d'Elena. Cette femme, cette guerrière, celle qu'il avait autrefois rejetée, et qui, aujourd'hui, était là devant lui, le dépassant de mille manières.

Peu à peu, la réalité le frappait. Les fragments de mémoire, les bribes d'une époque révolue, se mêlaient dans son esprit, mais le visage de cette femme lui échappait toujours. Il n'arrivait pas à comprendre comment ni pourquoi, mais il sentait que quelque chose dans son être reconnaissait sa présence. La vérité se dérobait, mais elle finissait par s'imposer. Elena. C'était elle. L'âme sœur qu'il avait rejetée, la jeune fille qu'il avait laissée derrière. Elle était là, devant lui, mais elle n'était plus la même. Elle était devenue quelque chose d'autre, une force de la nature qui allait sans doute bouleverser son monde, son pouvoir, tout ce qu'il croyait savoir.

Un frisson parcourut son échine alors que la réalité le frappait de plein fouet. Elle était de retour. Mais était-elle encore celle qu'il avait rejetée ?