Chapitre 2 Chapitre 2

Chapitre 2

Les rires et les murmures s'éteignirent dès que la remarque de Julian Rayne résonna dans la pièce. Il était là, imposant, comme toujours, avec cette capacité à dominer les espaces, à enrober chaque mot de son autorité, comme s'il avait le droit de dicter la règle de chaque situation. Mais ce soir-là, quelque chose avait changé. Lily Bryant, indifférente à ses manières, s'était détournée de lui, un sourire imperceptible en coin. Et puis, il avait parlé.

« On dirait que vous n'êtes pas très à l'aise ici, mademoiselle Bryant. Peut-être que ce genre de soirée est trop sophistiqué pour quelqu'un de votre genre. »

La salle se figea. L'écho de sa phrase se répandit comme une traînée de poudre. Julian avait l'habitude des silences qui suivent ses mots. Il aimait ça. Il aimait observer l'effet de ses paroles, savoir que personne n'oserait contredire ce qu'il venait de dire. Mais elle, Lily, n'avait même pas tiqué. Elle avait souri, une expression fugitive, avant de se tourner à nouveau vers lui, cette fois avec un regard acéré, presque amusé.

Lily savait exactement ce qu'il attendait d'elle : une riposte. Elle aurait pu, comme toutes les autres femmes, se perdre dans la rage ou dans une réplique mielleuse. Mais elle était différente. Elle n'avait pas de temps à perdre à rentrer dans son jeu.

Elle s'avança, sa silhouette découpant la pièce d'un pas assuré. Quand elle se retrouva face à lui, le silence s'accentua. Elle le fixa droit dans les yeux, ne cherchant même pas à masquer la hauteur de son mépris.

« Vous savez, Julian, j'ai toujours trouvé fascinant les hommes qui se sentent obligés d'imposer leur supériorité dès qu'ils pensent avoir le contrôle. » Sa voix, tranchante, perça l'air comme un couteau. « Mais il y a un détail que vous semblez avoir oublié. Vous parlez comme si vous aviez gagné quelque chose, comme si vous étiez déjà en haut de l'échelle. Mais en réalité, ce n'est qu'une illusion. Vous ne contrôlez rien. Vous êtes juste un homme, parmi tant d'autres, avec trop d'ego et pas assez de substance. »

Les murmures se firent plus bruyants, certains échappant à peine un ricanement nerveux. Julian, cependant, ne bougea pas d'un pouce. Il se contenta de la regarder, un sourire fin se dessinant sur ses lèvres. Ses yeux brillèrent d'un éclat presque dangereux, comme un fauve qui venait de trouver une proie un peu trop intéressante.

« Vous ne perdez pas de temps, mademoiselle Bryant. » Il se pencha légèrement vers elle, sa voix plus basse, plus intime. « Mais vous oubliez une chose. Quand on me défie, on finit toujours par en payer le prix. »

Lily ne broncha pas, mais au fond d'elle, quelque chose s'agita. Elle l'avait attaqué frontalement, mais elle savait aussi que l'homme qu'elle avait devant elle n'était pas du genre à se laisser dominer si facilement. Et ce regard... ce regard qui brûlait de défi, de défiance même. C'était une guerre de volonté qui venait de commencer.

« Pourquoi ne me prouveriez-vous pas le contraire ? » Elle le regarda de haut en bas, ses mots chargés d'une ironie glaciale. « Ou est-ce que vous avez peur qu'une femme comme moi vous fasse perdre une partie de votre petit empire de mensonges ? »

Julian, d'un mouvement presque imperceptible, se redressa, un éclat d'amusement traversant ses yeux. Il la mesurait désormais différemment, intrigué. Elle ne le regardait pas comme les autres, ne semblait pas prête à tomber sous son charme. Ce qui l'attirait chez elle, c'était ce manque d'effroi, cette absence totale de soumission.

Il se rapprocha lentement, son souffle effleurant son oreille alors qu'il murmurait : « Vous voulez jouer à ça ? Vous pensez qu'on peut s'attaquer à moi sans conséquence ? Vous me sous-estimez, mademoiselle. » Il marqua une pause, ses yeux brillant d'une lueur calculatrice. « Mais bien sûr, si vous voulez réellement tester vos limites, je suis tout à fait disposé à en discuter. »

Lily, qui ne se laissa pas démonter, se tourna brusquement, mettant une distance infime entre eux. « Je n'ai pas besoin de vos jeux, Julian. Je suis ici pour autre chose. »

Mais Julian ne recula pas. Il la suivait du regard, un sourire cruel se formant sur ses lèvres. Il savait qu'il venait de toucher une corde sensible. Il savait aussi que cette arrogance apparente cachait quelque chose de plus profond chez elle. Elle n'était pas simplement une femme qui aimait provoquer les hommes. Non, Lily Bryant était plus complexe, bien plus compliquée que ça. Et il voulait en savoir plus.

« Pourquoi ne pas relever le défi, alors ? » Il la défia du regard, sa voix prenant une tonalité plus dure, comme un maître qui attendait que son élève se soumette. « Je parie que vous finirez par succomber à moi, mademoiselle Bryant. Vous ne pouvez pas lutter contre ça. Vous êtes bien trop sensible à l'attraction du pouvoir. À la fin, vous céderez. »

Elle le fixa un instant, ses yeux brûlant de colère, mais quelque chose en elle s'éveilla aussi. Elle n'était pas prête à se laisser manipuler, à se soumettre à ce genre de pression. Il pensait qu'elle céderait, qu'elle se plierait. Mais il se trompait.

Elle se tourna, cette fois avec une assurance glaciale. « Vous êtes un idiot si vous croyez que je vais tomber dans votre piège. Je n'ai aucune intention de me soumettre à vous. Ce n'est pas un pari, c'est une perte de temps. »

Julian sourit. Il avait voulu voir sa réaction, et elle lui avait donné plus qu'il n'aurait imaginé. Il n'était pas du genre à se laisser perturber par des petites piques. Non, Lily Bryant venait de jouer son rôle dans la pièce qu'il avait déjà commencée. Et maintenant, il n'allait pas la laisser partir sans qu'elle ait goûté à ce qu'il avait à offrir.

Le défi était lancé. Et, sans qu'elle le sache encore, il allait tout faire pour qu'elle accepte de jouer selon ses règles.