Chapitre 5 Chapitre 5

Chapitre 5

Un souffle court. Une course effrénée. Un poids invisible qui écrase la poitrine.

Le danger est là. Il rode, tapi dans l'ombre, prêt à frapper au moindre faux pas. Une erreur et tout bascule.

Un hurlement.

Un bras qui la saisit.

Un choc.

Le monde tourne, bascule, s'écrase.

Sophie roule sur le sol, son dos heurtant une surface dure. Antonio est au-dessus d'elle, son corps tendu comme un fil prêt à se rompre. Sa main plaquée contre son épaule. Son regard, tranchant.

- Bouge pas.

Un ordre, sec, impératif.

Elle veut parler. Mais l'air manque.

Une silhouette passe en trombe, arme au poing. Un coup de feu fend la nuit.

Antonio réagit avant même que Sophie ne comprenne ce qui se passe. Il se lève, sort son arme, vise. Une détonation. Un cri étouffé. Puis plus rien.

Silence.

Elle sent encore la pression de sa main sur son épaule, même s'il l'a relâchée.

Antonio se redresse lentement. Elle aussi.

Leurs souffles se mélangent, encore tremblants du chaos qui vient de s'abattre sur eux.

- C'est toujours comme ça avec toi ? demande-t-elle dans un murmure.

Un muscle tressaute sur sa mâchoire.

- Ce n'est pas un jeu, Sophie.

- Je sais.

Son regard fouille le sien. Il est furieux. Contre elle. Contre ce qui vient de se passer. Contre lui-même.

Sophie devrait dire quelque chose. Trouver une phrase pour briser la tension. Mais elle n'y arrive pas. Parce que son cœur bat trop vite. Parce que ses mains tremblent encore.

Parce qu'il est là. Trop près. Trop intense.

Et puis il y a ce moment. Cet instant suspendu où plus rien d'autre n'existe.

Un souffle.

Un frisson.

Un baiser.

Brutal. Précipité.

Le monde s'efface.

Les lèvres d'Antonio sur les siennes, dures et brûlantes. Un goût de rage, d'urgence, d'abandon. Un combat dans l'intimité. Elle s'accroche à lui, les doigts agrippant le tissu de sa chemise comme si c'était la seule chose qui la retenait en vie.

Il la repousse.

D'un coup, brutalement.

Comme si ce contact lui brûlait la peau.

Sophie vacille, à bout de souffle.

Antonio détourne le regard, sa mâchoire crispée.

- Ça n'arrivera plus.

- Tu mens.

Il ne répond pas.

Parce qu'elle a raison.

Un pas en arrière. Une barrière invisible qui se reforme entre eux.

- Oublie ça.

Elle serre les dents.

- Pourquoi tu refuses ce qui est évident ?

- Ce n'est pas une question de choix.

Il la fixe une dernière fois, puis tourne les talons.

Elle le regarde s'éloigner.

Et quelque chose en elle se brise un peu plus.

Mais ce n'est pas terminé.

Elle plonge la main dans sa poche. Effleure l'objet froid et métallique.

Une clé USB.

Petite. Insignifiante en apparence.

Mais dangereuse.

Elle la serre entre ses doigts.

Personne ne doit la trouver.