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PVD de Cassandra
Ma mère commence à ronger ses ongles pendant que j'essaie toujours de me convaincre que tout ceci n'est qu'un mauvais rêve. Elle se rapproche de moi en mordant ses lèvres comme si elle regrette tout ceci.
___ « Chérie, je... » bégaie t'elle en essayant de me toucher.
Je m'éloigne immédiatement pour ne pas qu'elle puisse me toucher et lui lance un regard furibond.
___ « À quel prix, tu nous as vendues là ? » rétorque je avec mépris pour sa personne.
Elle ne dit rien.
___ « Tu te rends compte de ce qu'il nous demande ? De se faire passer pour une personne que nous ne sommes pas et ça, c'est puni par la loi. En jouant à la femme de ce pauvre jeune homme, je risque d'écoper une peine d'emprisonnement. »
___ « Léonardo n'est pas un idiot et il sait très bien ce qu'il fait. Cela n'arrivera pas Cassandra, aies confiance ! » insiste t'elle pour que je fasse partie de leur magouille.
Je fais quelques pas pour mieux analyser la situation. Et d'un coup, je me rappelle que cet homme a énoncé l'accident qu'aurait son frère lors de son voyage, de la possibilité qu'il décède ou qu'il perde sa mémoire. Je reviens sur mes pas et fais face à ma mère, qui joue nerveusement avec ses doigts.
___ « Et l'accident alors ? Comment ton ami sait-il que son frère aurait un accident ? Il est voyant ? »
Elle lève les yeux au ciel et j'entends un souffle s'échapper de ses lèvres. Puis elle baisse son regard et le pointe sur moi.
___ « Cela ne nous regarde pas Cassandra. Au lieu de nous attarder sur certains détails, nous devrions prier le bon Dieu pour que ça fonctionne. »
___ « Ah, tu crois sincèrement que Dieu va nous aider dans cette affaire ? Dois-je te rappeler que nous avons une intention mauvaise envers une personne innocente ? » rétorque je.
Je ne suis pas une fervente chrétienne mais je crois en l'unicité et à la grandeur de Dieu.
Elle se tue. Je secoue la tête suivi d'un soupir désespéré puis vais m'affaler sur le canapé. Je la vois tourner les talons et venir vers moi. Lorsqu'elle arrive à mon niveau et elle s'assoit près de moi.
___ « Je sais que ce n' est pas facile tout ça, mais je te promets qu'en prenant ce prêt, je ne voulais pas te mêler à tout cela. »
Je ne lui dis rien.
___ « Ce n'est pas toujours facile d'élever un enfant seule et j'espère que tu le comprendras un jour. Lorsque ton père est mort, il nous a rien laissé. Qu'est-ce qu'il possédait d'ailleurs ? »
Elle fait une pause et mon cœur se pince de douleur lorsqu'elle me raconte notre passé. Ma mère m'a eu très jeune, elle devait avoir 16 ou 17 ans à l'époque.
Malgré qu'elle soit dans la quarantaine, j'ai l'impression qu'elle ne prend pas de l'âge. Elle possède toujours ses formes généreuses, sa peau mate. Elle a toujours pris soin de son corps, ses cheveux noirs mi-long qui lui arrivent juste au dessus des épaules et ses yeux verts émeraudes comme les miens, brillent encore. Elle a également le visage mince et le nez droit, les lèvres peu épaisses.
___ « J'ai fait de mon mieux pour t'éduquer sans l'aide de personne. Même pas un membre de nos deux familles m'a soutenu. Je faisais plusieurs boulots pour pouvoir nous prendre en charge. »
Je n'ai pas connu mon père, je n'ai que de simples photos de lui. Elle ne voulait pas que je sache qui était mon père, mais quand j'ai insisté elle a fini par me montrer quelques photos de lui.
Je ne connais pas non plus aucun membre de ma famille paternelle. Disons que ma mère ne veut pas que je les rencontre parce qu'ils n'étaient pas là quand elle avait le plus besoin d'eux. Et j'ai aussi respecté les choix de ma mère.
Après tout, ils ont joué aux morts pendant ma naissance jusqu'à mon adolescence. Pourquoi vouloir encore les faire revenir d'entre les morts ?
Ma mère laisse résonner dans mes oreilles un léger rire nerveux.
___ « Ces gros porcs qu'étaient mes patrons et clients, ont tous tenté d'abuser de moi. » lâche t'elle avec rage et dégoût. « Je les ai craché au visage et j'ai laissé tomber le taf. » poursuit elle.
Être une femme n'a jamais été facile dans nos sociétés. Pour avoir un véritable boulot et un patron qui ne souhaitera pas connaître tes dessous, il faut être vraiment chanceuse.
Le silence règne désormais dans la pièce après qu'elle sait tue. Je me perds dans mes pensées mais je n'arrive toujours pas à canaliser mes émotions et aussi, cette proposition. Je ne sais même plus où mettre la tête depuis le départ de ce fameux Mark.
Alors que je continue à réfléchir sur notre position actuelle et toute éventualité de s'en sortir sans prendre part au plan machiavélique de cet homme, je sens les doigts de ma mère caresser mon genou. Je sors de mes pensées et la regarde avec hésitation.
___ « Tu es notre seul espoir Cassandra. »
___ « Maman, ce n'est pas si facile que ça. Nous parlons de là, commettre un délit. Je suis sûre que Léonardo et son petit frère peuvent régler cette situation autrement. » essaie je de la convaincre.
Elle expire profondément et se lève d'un bond.
___ « Tu n'as vraiment pas l'air de comprendre la situation. Nous sommes dans une merde et c'est la seule opportunité pour nous de vraiment nous en sortir. »
Elle prend la direction de sa chambre à pas furieux. Je l'observe ouvrir la porte de sa chambre et lorsqu'elle est entrée dans celle-ci, elle me lance un dernier regard agacé puis rajoute :
___ « Penses-y ! »
Elle disparaît totalement dans sa chambre en faisant claquer fortement la porte de sa chambre. Je roule des yeux, épuisée par tout ce que je traverse puis me renfrogne davantage dans le canapé.
*** Le lendemain
*** 14 h 10 min
Je n'ai pas eu un seul moment de répit cette nuit. Le sommeil refusait de me prendre malgré toutes mes tentatives pour fermer l'oeil. Je n'ai cessé de ressasser la discussion que nous avons eu avec ce Léonardo.
J'ai écouté de la musique jusqu'à en avoir mal aux oreilles, dessiner tout ce qui me passait dans la tête, juste pour oublier la situation. Mais rien n'est fait ! Les mots de Léonardo ainsi que ceux de ma mère ont résonné encore et encore dans ma tête.
Je n'ai pas vu ma mère dans les parages lorsque je m'apprêtais à quitter la maison et à me rendre au boulot. Sa chambre était vide et elle n'était pas non plus à la cuisine. Elle est certainement allée marcher pour se vider la tête aussi.
Je travaille dans un restaurant de la place, pas loin de là où j'habite. Ce n'est pas un des plus grands restaurants de la ville mais nous ne manquons vraiment pas du marché. Je n'ai pas de grand diplôme à part le bac car j'ai du interrompre mes études universitaires. Faute de moyens. Alors qu'ici à Los Angeles, il devient de plus en plus difficile de trouver un travail stable sans un diplôme universitaire.
___ « Cassandra, pourquoi t'as une tête de mort depuis ton arrivée ? » me demande mon amie et collègue Andréa.
Nous sommes entrain de rincer les assiettes sales.
___ « Ouf, tu ne croiras jamais à ce que je vais te dire » lâche je en passant l'éponge sur une assiette sale.
___ « Allez, raconte ! »
Je raconte en détails cette histoire de faux mariage à Andréa et celle-ci n'en revient pas. Elle est restée immobile tout au long de cette histoire et ses sourcils relevés laissent deviner toute sa surprise.
___ « Non, ce n'est pas vrai Cassandra ! » chuchote t'elle pour que personne ne nous entende.
Andréa et moi, nous nous connaissons depuis plusieurs années et on a eu toutes les deux, de grosses galères dans la vie. Elle se débrouille pour gagner honnêtement sa vie et je n'ai jamais pu compter sur une autre personne à part elle.
___ « Et qu'est-ce que tu as décidé ? » m'interroge t'elle en posant sa main sur mon épaule.
Je jette tout simplement l'éponge sur l'une des assiettes et me tourne vers elle. Elle pince ses lèvres en me regardant avec intérêt.
___ « Je ne sais pas Andréa. Je réfléchis toujours mais je suis perdue. » lui confié je.
___ « Je ne pense vraiment pas que tu as le choix dans cette histoire. Si tu refuses, ce serait comme décider de lui rembourser son argent dans un délai de 24h. »
___ « Je sais. » lâche je abattue.
Je baisse la tête de tristesse. Je suis coincée dans cette affaire et la seule issue c'est d'accepter la proposition de Léonardo Davis.
___ « J'aimerais pouvoir te venir en aide mais comme tu le sais, ce n'est... »
___ « Non Andréa, on sait toutes les deux comment c'est difficile de réunir cette somme en seulement une journée. » lui coupé je la parole ; « Il y'a sûrement une autre solution. Et si jamais, je n'en trouve pas alors je vais me résigner à cette proposition. »
Elle me caresse l'épaule pour que je ressente sa présence et que je me rappelle que je peux compter sur elle comme d'habitude.
*** Quelques jours plus tard
Je rentre du travail, toute éreintée après une dure journée au boulot. Je n'ai qu'une seule envie et c'est de me débarrasser le plus vite possible de mes baskets pour permettre à mes pauvres pieds de respirer. Ensuite de pouvoir prendre une bonne douche bien chaude pour détendre mes muscles, puis de filer vite sous ma couverture.
Je laisse la porte se rabattre derrière moi. Alors que je traverse le petit couloir pour me rendre dans ma chambre, une voix familière résonne dans la pièce.
___ « Bonsoir Cassandra ! »
Je me fige et ma respiration se coupe. Mon cœur recommence à battre plus vite et mon estomac se contracte. La peur m'envahit. J'avale avec peine ma salive en hésitant de tourner mon regard vers monsieur Davis.
Je réussis finalement à le regarder. Il est assis sur le canapé, une jambe sur l'autre et porte des lunettes noires qui contrastent avec son habillement. Il porte aujourd'hui un tee-shirt et d'un pantalon, tous blancs et repassés. Ces cheveux sont relâchés avec quelques mèches derrière son oreille. À ses côtés, est assise ma mère.
Mon regard se pose ensuite sur les papiers qui se trouvent sur la table basse devant eux. Je distingue très difficilement l'écriture. Je prends une profonde inspiration avant de me diriger au salon.
___ « Bonsoir ! » réponds je, la gorge serrée.
___ « Monsieur Davis est là pour entendre la décision que tu as prise. » m'informe ma mère.
Ouais, bien sûre que je m'attendais à revoir cet homme un jour. Même si j'ignorais que ce serait le jour où j'ai le plus besoin de dormir que de parler avec lui.
Ma mère insiste son regard anxieux sur moi. J'évite de la regarder et je me concentre à analyser Leonardo davantage. Je remarque un léger sourire sarcastique au coin de ses lèvres.
J'ai tenté de trouver une autre issue mais j'ai réalisé que c'était une perte de temps. Il ne nous laisse pas le choix face à cette situation, nous sommes tombées dans ses filets le jour où ma mère a touché à cet argent.
___ « J'accepte ! » lâche je, le coeur meurtri et la gorge plus serrée.
Je vois ma mère libérer un souffle pour exprimer son soulagement. Ses lèvres s'étirent pour laisser voir un grand sourire.
___ « Excellent choix Cassandra ! » s'exclame Leonardo, d'une voix grave.
___ « Je ne crois pas que vous m'avez laissé le choix. »
___ « Bien sûre que tu avais le choix Cassie. Seulement que ce choix n'était pas à ton avantage. »
Il ose m'appeler Cassie, comme si nous nous connaissions auparavant.
___ « J'accepte mais à une condition monsieur Davis. » dis-je, d'un ton ferme.
Ils froncent tous les deux leurs sourcils, s'interrogeant peut-être sur ce que je vais rajouter. Je fixe durement Leonardo à travers ses lunettes.
___ « Si jamais je tombe, vous allez tomber avec moi. Vous avez donc intérêt à veiller à ce que votre plan ne tombe pas à l'eau. Parce que je vous garantie que si jamais je me fais prendre dans cette affaire, vous serez mêler à tout ça. » lui préviens je avec un air impassible.
Il retire nonchalamment ses lunettes et une lueur dangereuse traverse son regard sombre. Il ancre son regard intimidant dans le mien et je tressaille de peur.
___ « Est-ce une menace mademoiselle ? »
Sa voix grave et sèche me donnent de longs frissons.
___ « Une mise en garde, c'est tout. » rétorque froidement.
Il acquiese simplement puis se relève du canapé. Son regard se dirige sur les papiers traînant sur la table, je constate qu'il y'a aussi un stylo à billes déposé sur les documents.
___ « Tu dois signer ces papiers, qui indiquent que vous êtes officiellement ma belle sœur. » m'annonce t'il, le regard baissé sur les documents.
Je hausse les sourcils, sidérée. Je regarde immédiatement ma mère pour comprendre ce qui se passe mais elle est neutre. Leonardo relève ses yeux et les pose sur moi.
___ « Ne me dites pas que vous vous attendiez à un mariage glorieux ? » ironise t'il.
___ « C'est rapide, tout ça ! » dis-je.
___ « Vous ne suivez donc pas les informations à la télé ? » reprend t'il, d'un air moqueur.
___ « Pour rajouter encore plus de tristesse dans ma vie ? Non, merci ! La majorité des informations transmises lors du journal télé, sont de tristes informations. J'ai déjà suffisamment d'ennuis dans ma vie pour en rajouter avec les journaux. »
Il fait un simple grimace.
___ « Mon frère a eu un accident, en ce moment même il est dans les urgences. »
J'écarquille mes yeux de choc.
___ « Son état est très critique d'après les médecins. » rajoute t'il avec une note de moquerie dans la voix. « Vous devez jouer à la nouvelle mariée anéantie par l'accident de son amoureux. Concernant les photos de votre mariage, je m'en charge. » continue t'il.
Il se réjouit de l'état de son frère. Il suffit juste de l'écouter parler pour se rendre compte qu'il a quelque chose à avoir avec l'accident de son petit frère.
Mais comment peut-on être monstrueux à ce point ? Provoquer l'accident de son jeune frère juste pour des choses matérielles. Le diable n'est personne d'autre que l'homme lui-même !
Il saisit le stylo et me le tend. Mes doigts se mettent à trembler, mon cœur commence à battre plus fort comme un tambour. Je me rapproche à pas hésitants puis tends lentement ma main jusqu'à récupérer le stylo de la sienne. Une fois le stylo en ma possession, je me baisse au niveau des documents, jette un bref regard sur eux. Mes yeux parcourent entre les lignes de ces papiers et je réalise que ce sont nos papiers de mariage. Je retiens mon souffle puis signe nerveusement ces fichus papiers.
Quand je finis de signer, je dépose frénétiquement le stylo sur les papiers et me relève brusquement. Leonardo affiche un sourire fier tandis que ma mère m'observe avec des yeux tristes.
___ « Parfait ! Désormais, tu es madame Cassandra Davis, l'épouse de Santiago Davis. » relance t'il.
Ne supportant plus de l'entendre, je vais dans ma chambre en courant.
___ « Cassandra... Cassandra... » m'interpelle ma mère, d'une voix lourde.
Je feins la sourde et vais m'enfermer dans ma chambre. Je me débarrasse de mes chaussures en pleurant moins fort.
À suivre...