Chapitre 2 Chapitre 2

La pluie tombait drue lorsque Maya ferma la portière du taxi, ses mains tremblantes serrant le sac contenant le peu d'affaires qu'elle avait pu emporter. La maison devant elle était familière, mais elle hésita un instant avant de monter les marches. Une lumière chaude filtrait à travers les rideaux des fenêtres du rez-de-chaussée, contrastant avec l'obscurité glaciale de la rue. Elle inspira profondément et pressa la sonnette.

Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit sur une femme à l'allure imposante, vêtue d'un tailleur impeccable malgré l'heure tardive. Elena. Ses cheveux noirs étaient tirés en arrière, et ses yeux perçants s'adoucirent lorsqu'ils croisèrent ceux de Maya.

« Maya ? Mon Dieu, entre vite ! » dit-elle, son ton oscillant entre surprise et inquiétude.

Maya se précipita à l'intérieur, trempée et glacée. Elena referma la porte derrière elle, verrouillant machinalement tous les loquets, un geste qui reflétait sa nature prudente et protectrice.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda Elena, conduisant Maya vers le canapé en cuir du salon. « Tu as l'air... détruite. »

Les larmes que Maya avait retenues éclatèrent soudain, et elle se laissa tomber sur le canapé, enfouissant son visage dans ses mains. « Adrian... il m'a trahie, Elena. Avec Claire. Depuis des mois. »

Le visage d'Elena se durcit. Elle s'assit à côté de Maya, posant une main rassurante sur son épaule. « Cet enfoiré... Je savais qu'il était égocentrique, mais à ce point... Je suis désolée, Maya. »

Maya secoua la tête, cherchant à reprendre son souffle. « Ce n'est pas tout. Je suis enceinte. »

Elena cligna des yeux, surprise. Elle s'éloigna légèrement pour mieux observer le visage de Maya. « Tu es sûre ? »

« J'ai fait un test ce matin », répondit Maya, sa voix faible. « Je pensais que ça pourrait peut-être... nous rapprocher. Mais maintenant... »

Elena soupira profondément, son regard s'assombrissant. « Il n'a pas le droit de savoir. Pas après ce qu'il t'a fait. Cet enfant est à toi, et je vais m'assurer qu'il ne puisse jamais te le prendre. »

Maya leva les yeux vers son amie. « Je ne sais même pas par où commencer. Tout est tellement... confus. »

Elena se leva, marchant d'un pas rapide jusqu'à son bureau au fond de la pièce. Elle en revint avec un carnet et un stylo, son esprit déjà en train de formuler un plan.

« Écoute-moi bien, Maya », dit-elle, s'asseyant à nouveau. « Pour l'instant, il faut te protéger. Adrian va probablement essayer de te retrouver, soit pour sauver les apparences, soit pour s'assurer que tu ne parles pas de son infidélité aux médias. Il faut que tu disparaisses, que tu te rendes invisible. »

Maya hocha la tête, bien que le mot « disparaître » lui serre le cœur. « Comment ? Les médias vont me traquer. Tout le monde va vouloir des réponses. »

Elena tapota le stylo contre le carnet, réfléchissant. « Je vais gérer les médias. Je connais quelqu'un qui peut faire diversion, créer une fausse histoire pour détourner l'attention. Quant à toi, tu vas rester ici pour le moment. »

Maya ouvrit la bouche pour protester, mais Elena leva la main pour l'interrompre. « Pas de discussion. Cette maison est plus sécurisée que Fort Knox. Personne ne saura que tu es ici. »

Le silence tomba, entrecoupé seulement par le bruit de la pluie contre les fenêtres. Maya sentit une vague de soulagement mêlée d'anxiété. Elle avait confiance en Elena, mais l'idée de se cacher lui paraissait irréelle.

« Et pour ma grossesse ? » demanda-t-elle enfin, brisant le silence.

Elena posa son carnet sur la table basse. « Je vais te mettre en contact avec un médecin discret. Personne ne saura que tu es enceinte, à part moi et lui. »

Maya baissa les yeux, ses mains se posant instinctivement sur son ventre. « Je ne veux pas que cet enfant grandisse dans une vie remplie de scandales. »

Elena lui prit la main, ses yeux brillants de détermination. « Cet enfant aura une vie meilleure, je te le promets. Mais pour ça, il faut que tu sois forte. Tu peux faire ça, Maya. »

Maya hocha lentement la tête, prenant une grande inspiration. Elle savait qu'Elena avait raison, mais cela n'atténuait pas la douleur qu'elle ressentait.

Le lendemain matin, Maya fut réveillée par des coups insistants à la porte. Elena, déjà debout et vêtue d'un autre tailleur impeccable, lui fit signe de rester dans la chambre pendant qu'elle répondait. Maya écouta, tendue, et entendit une voix masculine.

« Madame Novak, des rumeurs circulent selon lesquelles Maya Westwood aurait quitté son domicile. Savez-vous où elle pourrait être ? »

C'était un journaliste.

Elena répondit d'un ton glacial : « Je ne commente pas les affaires personnelles de mes amis. Et je vous conseille de quitter ma propriété avant que je ne contacte la police. »

Maya entendit la porte se refermer sèchement et poussa un soupir de soulagement. Quelques instants plus tard, Elena entra dans la chambre, un sourire ironique sur le visage. « Les vautours sont déjà à l'affût. Tu vois pourquoi je disais qu'il faut agir vite ? »

Maya acquiesça. « Ils ne vont pas me laisser tranquille, n'est-ce pas ? »

« Pas tant qu'ils n'auront pas une histoire juteuse. Mais je vais leur donner quelque chose pour les occuper. »

Ce jour-là, Elena passa des heures au téléphone, orchestrant un plan complexe pour détourner l'attention des médias. Maya, de son côté, restait cloîtrée dans la maison, observant par la fenêtre les voitures qui ralentissaient parfois devant la grille. Elle se sentait comme une prisonnière, mais elle savait que c'était nécessaire.

Le soir venu, Elena revint avec des nouvelles. « J'ai fait publier une fausse information selon laquelle tu es partie en Europe pour te reposer après un 'épuisement émotionnel'. Avec un peu de chance, ils vont mordre à l'hameçon. »

Maya esquissa un sourire fatigué. « Merci, Elena. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. »

Elena haussa les épaules, un sourire en coin. « Tu es ma meilleure amie, Maya. Et crois-moi, je vais m'assurer qu'Adrian paie pour tout ce qu'il t'a fait. »

Cette promesse, bien que réconfortante, rappela à Maya qu'elle avait encore un long chemin à parcourir. Mais pour la première fois depuis longtemps, elle sentit une lueur d'espoir.

Elle coupa finalement tout contact avec Adrian, changeant de numéro et supprimant ses comptes sur les réseaux sociaux. Les premiers jours furent difficiles. Elle s'était habituée à l'idée d'être Mme Adrian Westwood, une figure publique, et abandonner tout cela la laissait avec un vide qu'elle peinait à combler. Mais chaque fois qu'elle pensait flancher, elle posait la main sur son ventre et se rappelait pourquoi elle faisait tout cela.

Dans l'ombre de la haute société qu'elle avait fuie, Maya recommençait à se reconstruire. Avec Elena à ses côtés, elle savait qu'elle n'était pas seule dans cette bataille. Mais elle ignorait encore que ce n'était que le début d'un combat bien plus grand, où le passé d'Adrian et les secrets qu'il dissimulait viendraient un jour frapper à sa porte.