Quand on est tous les deux, plus rien d'autre n'existe. On met la musique et on partage des moments de conversations interminables. Je lui cache beaucoup de moi, j'essaie de la faire parler un maximum. Je ne veux pas qu'elle connaisse le vrai « moi », le professeur dévergondé qui se tape tout ce qui lui passe sous la main et qui arrive encore défoncé de la veille en cours. Oui, ça m'est arrivé.
Elle est arrivée plus tôt que les autres jours aujourd'hui.
-Mes parents arrivent demain, je me suis dit que j'allais profiter un peu d'eux, le temps qu'ils resteraient. Alors pour palier au temps passé loin de vous, je suis venue un peu plus tôt aujourd'hui. Je ne vous dérange pas ?
Elle a mis sa petite robe blanche, celle qu'elle avait le premier soir sur la balancelle. Elle a troqué sa longue natte contre deux tresses africaines qui lui arrivent au milieu du dos. Je me rends compte que je ne l'ai jamais vu les cheveux lâchés.
-Tu ne me déranges jamais Lili. Je suis touché de l'attention.
Je stop là l'écriture pour la journée et vais, dans ces conditions, profiter de sa présence.
Il ne fait pas trop chaud aujourd'hui, je lui propose un petit tour sur la plage, pour lui montrer les entrées des grottes accessibles via le bas des falaises. Chaussures obligatoires bien entendu.
Après quelques minutes de marches dans le sable, on arrive au bas de la falaise à quelques centaines de mètres de la maison. Le but, c'est de longer la falaise au-dessus de l'océan. Il est calme, ce sera un jeu d'enfant. Je passe en premier pour l'aider à monter la roche.
Sans aucun problème, nous arrivons à l'entrée de la première grotte.
Elle s'approche, curieuse.
-Vous y êtes déjà entré ?
-Juste de quelques mètres. Je n'ai pas l'équipement pour aller plus loin malheureusement.
-Et les autres grottes ?
-Même problème. Il faut un équipement de spéléo. Si tu es intéressée, je nous trouve tout l'équipement nécessaire pour demain.
Elle rit.
-Non c'est gentil. La spéléo, ce n'est pas trop mon truc.
Elle s'assied par terre, les pied pendant vers l'océan. Elle sort un joint de sa poche et l'allume.
Je me pose à ses côtés. Sa tête se penche sur mon épaule et le reste de son corps se rapproche de moi, jusqu'à me coller. Je passe mon bras autour d'elle et nous regardons l'océan sans rien dire.
Les vagues s'écrasent sur les falaises sous nos pieds.
Au bout de presqu'une heure, je brise le silence.
- Ça te dit des grillades sur la plage devant la maison ? D'ici quelques heures, on aura droit à un magnifique couché de soleil.
Ses yeux s'illuminent. Quelle partie de ma phrase a eu cet effet ? Les grillades ? Le couché de soleil ?
De retour sur la plage, je commence le feu de bois. J'ai encore quelques côtelettes au congélateur et un peu de salade, je prépare le souper.
Lili est allongée sur un plaid dans le sable à côté du feu qui crépite.
Après manger, je m'allonge à ses côtés. Elle dort à moitié, blottie contre moi.
Je profite du coucher de soleil avec Lili endormie dans mes bras. Je la regarde, encore et encore, pour ne pas perdre une seconde de sa présence.
Je fini par la réveiller pour ne pas sombrer également. On boit un dernier verre à l'intérieur, elle lance The Air That I Breathe de The Hollies sur le fond et s'assied à côté de la platine pour siroter son whisky.
Elle me rend dingue.
J'espère, égoïstement, au fond de moi, que ses parents ne resteront pas longtemps. Plus vite ils repartent, plus vite Lili revient près de moi.
Elle termine son verre sur les dernières notes de la chanson puis vient vers moi et me serre dans ses bras.
-Je reviens vite.
-J'espère bien fillette.
Elle me regarde.
-Je n'ai pas envie de partir. Je peux rester dormir ici cette nuit ?
Je la décroche de moi.
-Ce n'est pas une bonne idée Lili, mais je peux te raccompagner en voiture si tu veux.
Elle me dit non de la tête et tourne les tâlons.
-Bonne nuit Derek.
-Bonne nuit Lili, profite bien de tes parents.
Comme chaque soir, je la regarde partir en espérant la revoir la seconde d'après.
**
Ça fait trois jours que je n'ai pas vu Lili. J'en profite pour avancer sur mon livre, j'ai la totalité du scénario. Il faut maintenant romancer le tout.
**
Dix jours que je n'ai pas vu Lili et je pars dans une semaine.
Peut-être que ses parents sont déjà repartis ? Peut-être qu'elle n'a plus envie de venir ? Je n'arrive plus à me concentrer. Mon livre est en standby.
J'ai envie de la voir, de la serrer contre moi. Ça fait des jours que je bande comme un âne, il faut que je rentre à Paris.
J'ouvre la deuxième bouteille de la journée, il est 17h. Je suis assis sur la balancelle. Je regarde en direction de la côte, elle n'arrive pas.
**
Je pars dans 2 jours.
Mes valises sont déjà faites. Je n'ai plus qu'à emballer mon PC et à partir, mais l'envie n'y est pas. Je ne suis pas pressé de retourner bosser et pas pressé de partir sans avoir vu Lili une dernière fois.
En plus, avec le taux d'alcool qui coule actuellement dans mes veines, je ne me donne pas dix kilomètres avant d'avoir un accident ou de me faire arrêter.
Je m'assieds devant mon ordinateur et poursuis mon écriture.
On toc à la porte. Lili ?
Je ne réfléchis pas, je me dirige vers la porte et ouvre.
C'est elle.
Elle devient d'un coup toute rouge et gênée. Elle bafouille quelque chose puis se cache les yeux.
Je me rends compte que je suis nu. Et merde. Je suis sorti de la douche et par cette chaleur j'ai préféré rester en tenu d'Adam. Dans la précipitation et mon ami Jack aidant, j'ai oublié ce détail.
J'aperçois un plaid sur le canapé, je le prends et m'en fait un kilt.
-Désolé Lili, c'est... c'est bon tu peux ouvrir les yeux.
Elle ouvre les yeux, rigole et me saute au coup. Je sens tout son corps contre le mien.
-Vous m'avez trop manqué ! Je craignais que vous soyez déjà parti.
Elle s'agrippe à moi. Je me dirige vers le fauteuil pour l'y déposer et accrocher mon plaid correctement.
Je prends la bouteille de Jack Daniel's, bois une gorgée et lui tends. Je vois dans ces yeux que nos moments lui ont manqués.
-Vous avez bien avancé sur votre livre ?
-J'ai eu l'occasion oui. Tu veux y jeter un coup d'œil ?
Elle acquiesce avec un grand sourire et s'approche du bureau. J'ouvre le fichier à la bonne page.
Je m'apprête à lui laisser ma chaise mais Lili, plus rapide que son ombre, s'assied sur mes genoux. Je cesse de respirer quelque seconde, je dois penser à autre chose qu'à lui sauter dessus.
Elle est déjà prise par l'histoire. Elle est là, sur moi, sa jupe légèrement remontée pour pouvoir m'enjamber. Je sens sa chaleur à travers le plaid. Mes mains parcourent son corps sans la toucher, son odeur m'enivre. Elle me rend fou.
Je me fais violence pour ne pas la prendre, là, sur mon bureau. La toucher comme personne ne l'a encore touchée. La faire crier comme personne ne l'a encore fait crier.
Je fais en sorte qu'elle ne sente pas mon érection en me reculant dans le fond de ma chaise. Je lui embrasse l'épaule. Son épaule douce et bronzée. Elle se tourne vers moi, me sourit, je continue d'embrasser son épaule, puis son cou. Je vois ses poils se hérisser sur tout son corps. Je devrais la mettre dehors et aller me coucher, autrement, j'ai peur de déraper.
-Tu es vierge Lili ?
Pourquoi ?
Pourquoi ai-je posé cette question ? Je savais que cette deuxième bouteille n'était pas une bonne idée.
Elle acquiesce de la tête doucement et se replonge dans le livre.
-Tu devrais revenir demain Lili, je ne pensais pas que tu viendrais aujourd'hui, j'ai peut-être un peu trop bu pour te recevoir – j'ai la tête dans son cou, je l'embrasse – ce n'est pas une bonne idée.
Elle arrête sa lecture et descend de mes genoux.
-Je reviens demain vers, disons, midi ? Comme ça je peux continuer un peu ma lecture et vous, vous êtes au courant que je passe : vous n'avez pas d'excuse.
-On fait comme ça Lili, je t'attends demain.
Elle hésite quelques secondes puis viens me dire au revoir d'un câlin.
-A demain fillette.
-A demain Derek.
Je la laisse aller vers la porte et rentrer chez elle, je ne suis plus bon à rien dans cet état.
Je me dirige vers ma chambre, ôte le plaid qui commence à gratter et me jette sur le lit ; j'ai bien l'intention de penser à Lili toute la nuit.
*
Je pars demain. Je me réveille morose, malgré ma nuit exaltante. Ces deux mois sont passés bien trop vite. J'ai pu écrire le gros de mon livre, comme chaque année, mais j'ai une boule au ventre de quitter Lili.
Il est déjà 11h, cette journée défile. Je profite de la plage, au soleil.
Eléonore doit passer à midi, je file me laver et prépare un petit apéritif.
11h45, je l'attends de pieds fermes, la bouteille de Jack déjà bien entamée. Si je ne veux pas me retrouver dans l'état d'hier, il vaudrait mieux que je freine maintenant. Je me roule un joint et décide de l'attendre à la balancelle.
En sortant, je vois sa silhouette au loin arriver. Je ne me contrôle déjà plus. Je m'assieds sur les marches du porche et la regarde s'approcher, avec impatience. Je sors déjà le pétard que je lui ai roulé et lui tends quand elle arrive à ma hauteur.
-Bonjour Fillette.
Elle me répond par son plus grand sourire, prend le joint et va s'assoir dans la balancelle, huilée le matin-même. Elle allume son joint.
-Bonjour Derek. Vous avez bien dormi ?
Me demande-t-elle le sourire en coin. Je lui rends ce sourire coquin et vais chercher l'apéritif que je pose sur la petite table basse sortie pour l'occasion.
Elle a l'air ravi, mais, comme si elle avait oublié quelque chose, elle se lève et va à l'intérieur.
Une minute plus tard, j'entends The Dark Side Of The Moon des Pink Floyd résonner. Elle monte le son et revient s'assoir près de moi.
-J'adore vos vinyles ! Chez mes parents, les seuls vinyles qu'il y ait, sont des Demis Roussos et la Compagnie Créole.
Elle a l'air dépité.
-Tu reprends tous les vinyles que tu veux quand je m'en vais Lili. Ou même, si tu veux les écouter ici, je te laisse un jeu de clés et tu es ici chez toi.
Elle me regarde, les yeux grands ouverts et les sourcils levés à l'extrême.
-Vous me laisseriez les clés de chez vous ? Vraiment ?
-Elle est vide dix mois par an cette maison, ça lui ferait plaisir d'avoir un peu de compagnie. Attends.
Je me dirige à l'intérieur et fouille dans le tiroir de l'entrée pour en ressortir un jeu de clés, avec un vieux porte clé « I Love Paris » accroché dessus. Je lui amène.
-Tiens, voilà tes clés. Tu es chez toi.
Elle en pose son toast et prend les clés, les yeux brillants et écarquillés.
-Je ne sais pas quoi dire... Merci beaucoup !
Elle me saute au cou. Elle sent bon... la vanille je dirais.
Elle examine le porte clé et me regarde d'un air désappointé.
-I Love Paris ?
Elle ricane.
-Je le garde quand-même, il me fera penser à vous.
On échange un regard captivé. Lili, arrête de m'envouter comme ça, tu me rends fou...
-Vous partez quand d'ailleurs ?
-Tiens donc. Ça t'intéresse maintenant que tu vas avoir la maison.
Elle rit.
-Je pars demain à 6h du mat' fillette. Déjà demain...
Je jette au loin le cul du joint qui me restait en main.
Elle me regarde, l'ai stupéfait.
-Demain ? Déjà ?
-Je bosse lundi. Enfin, je « bosse ». Je vais assister aux réunions interminables entre dirlo et professeurs pour préparer la rentrée. Rien de passionnant.
Elle ne dit plus rien. Pour la première fois depuis que je la connais, elle a l'air triste. Est-ce mon départ qui la met dans cet état ?
Elle vient s'assoir près de moi, sur les marches du porche. Elle penche sa tête sur mon épaule et se glisse sous mon bras.
On regarde l'océan tous les deux. Breathe (In The Air) des Pink Floyd tourne sur le fond.
Je pense à la route qui m'attend demain. Comment partir loin d'elle ? Je voudrais pouvoir la voir tous les jours, l'avoir tous les jours près de moi.
Nos regards se croisent et se fixent quelques secondes.
-Ça vous dit un petit film ?
Je me lève, lui tends la main pour l'amener à l'intérieur. Je prends la bouteille posée sur le bar et de quoi rouler avant d'aller dans le salon.
On se pose sur le canapé. Elle décide de regarder 28 Jours Plus Tard de Dany Boyle. Très bon choix. Elle le connait déjà par cœur à ce qu'elle me dit.
Je lui sers un verre et bois au goulot une bonne gorgée pour me détendre. Lili vient se blottir contre moi, dans mes bras. Elle recroqueville ses jambes sur le canapé.
Elle s'endort à la moitié du film, il est 14h. Il fait une chaleur étouffante ici ou c'est moi ?
Je laisse le film tourner et la regarde dormir. Je remets une de ses mèches de cheveux rebelles derrière son oreille. Aujourd'hui, elle est coiffée de sa longue natte qui me fait tellement d'effet. Je me retiens de la toucher, de la caresser. J'essaie de penser à mon bouquin, mais rien n'y fait. Mes yeux finissent rivés sur elle, sur ses jambes nues.
Le générique de fin, plus volumineux que le reste du film, la réveille. Son premier réflexe en ouvrant un œil est d'attraper son verre posé sur la table et d'en boire une gorgée.
Elle se redresse, l'air encore endormi, puis se lève et va lancer un album : Pearl de Janis Joplin. Elle remarque le jeu d'échecs posé sur l'étagère en face de la porte d'entrée.
-Une petite partie ça vous dit ?
-Je suis toujours partant pour une partie d'échecs.
Ça fait des années que je n'ai plus joué, voyons si c'est comme le vélo.
C'est un jeu en verre. Les blancs sont en verre translucide et les noirs sont en verre opaque. Elle installe le jeu correctement à première vue.
-Honneur aux plus jeunes. Lili, à toi les blancs.
Elle se défend bien. Elle connait des bonnes tactiques, mais je reste imbattable. À la quatrième manche perdue, elle veut arrêter.
-Vous êtes trop fort ! C'est trop dur de jouer contre vous.
-Tu t'avoues vaincue Lili ?
-Je déclare forfait, oui.
Elle fait tomber son roi et remballe le jeu dans sa boîte qu'elle remet à sa place, le tout avec son plus beau sourire.
Elle vient se rassoir dans le fauteuil pour m'enlacer.
-Je peux dormir avec vous ce soir Derek ?
-Lili, je n'ai pas voulu hier, ce n'est pas pour accepter aujourd'hui.
-Hier vous m'avez dit que c'est parce que vous aviez trop bu. Pas aujourd'hui.
Elle ressert son étreinte et colle sa tête sur ma poitrine ; elle doit sentir mon cœur battre la chamade.
Je ne comprends pas ce qu'elle attend de moi.
-Je veux juste dormir avec vous Derek. On n'est pas obligé de faire des trucs, je n'y connais rien de toute façon. J'ai juste envie de rester coller à vous jusqu'à votre départ.
-Lili.... Je t'assure fillette ce n'est pas l'envie qui manque - Putain non ! - mais ce n'est pas une bonne idée.
Poussé par un élan consciencieux que je regrette déjà, je l'éloigne de moi.
-Je vous reverrai quand si je ne reste pas ce soir ?
Sa voix tremble. Elle a l'air triste.
-Je reviens l'année prochaine, en juin.
-Je ne vous reverrai pas avant juin de l'année prochaine ? Dans un an ?
-Je ne pourrai pas redescendre avant. Si le cœur t'en dit, tu peux monter me voir à Paris.
Elle prend un air boudeur, partagée entre colère et peine.
Je la prends dans mes bras.
-Ne m'en veut pas Lili, s'il te plait. Il ne faut pas que ces deux mois terminent comme ça. On a passé une bonne journée, il faut rester sur la même lancée. Je te ramène chez toi ?
Elle hoche de la tête pour dire oui.
Elle écrase la fin de son joint dans le cendrier, descend d'une traite la fin de son verre et s'assure qu'elle a bien repris les clés « I Love Paris ».
-Je suis prête.
Je l'invite à emprunter le petit chemin de latte de bois qui mène à la route. Elle monte dans le pickup.
J'ai le cœur gros. Quand la reverrais-je la prochaine fois ?
On arrive chez elle. Je stoppe le véhicule dans le virage, caché par les haies qui clôturent son allée.
Elle comprend le message et me monte dessus pour m'enlacer. Je plonge ma tête dans son cou et la serre fort contre moi pour m'enivrer encore une fois de son parfum.
-Tu vas me manquer Lili.
Je m'imprègne de son odeur. Elle m'enserre fort dans ses bras, puis ouvre ma portière pour descendre par mon côté.
-A bientôt Derek, bonne route demain.
-Merci fillette. A bientôt.
Elle s'éloigne dans le chemin, m'adresse un dernier regard et disparait dans l'allée derrière le massif.
A bientôt Lili. Tu me manques déjà.
Je démarre le moteur et rentre me coucher. Demain, une grosse journée m'attend.
*
5h30, le réveil sonne. Je profite d'un café-clope sur le porche en regardant le soleil se lever doucement à l'horizon.
Ils annoncent beau temps sur tout le pays aujourd'hui. Heureusement, quitter le soleil pour la pluie serait encore plus déprimant.
Je sors de la douche et regroupe les dernières affaires.
Je laisse un mot à Lili.
Fillette,
Fais comme chez toi. Tout ici est à toi.
Y compris ce qu'il y a dans le pochon sur le bureau.
A bientôt Eléonore.
Derek
Je lui laisse le reste d'herbe que j'avais emportée. Quand elle viendra, elle aura de quoi passer le temps.
Je rempli le coffre de la voiture, tout est prêt.
Je fais un dernier tour pour vérifier que je n'ai rien oublié et termine par le porche.
L'odeur de Lili flotte dans l'air. Je regarde en direction du chemin qu'elle emprunte pour venir, dans l'espoir de la voir peut-être, mais rien.
Après avoir tout fermé, je m'apprête à remonter le chemin à travers les dunes pour rejoindre la route.
-Derek !
J'entends Lili m'appeler, est-ce une hallucination ?
-Derek !
Je fais le tour de la maison et retourne sur la plage.
C'est Lili. Elle arrive en courant, tellement pressée qu'elle tombe dans le sable. Je me retiens de rire... pas elle.
Elle se relève et court à nouveau vers moi, elle me saute dans les bras, je ne la lâche plus. De mes deux mains, je la garde serrée contre moi.
-J'ai eu peur de vous rater.
Elle me regarde et dépose ses lèvres sur les miennes, le temps d'une seconde qui me semble une éternité. Une éternité de douceur et de volupté, dans laquelle je m'abandonne complétement. Je tombe à genoux dans le sable, elle reste enlacée à moi. Je la serre fort et l'allonge sur la plage. Je la touche enfin. Sa peau, sa bouche... me font tellement d'effet.
-Lili, je dois y aller fillette. Il faut vraiment que j'y aille.
Elle me regarde.
-Ne m'oubliez pas s'il vous plait Derek.
Ses yeux ne quittent pas les miens, ils me pénètrent.
-Comment t'oubliez Lili ? Comment oublier ces deux mois ? Tu me rends dingue depuis le premier jour.
Je n'ai pas envie de la lâcher, j'ai envie de l'embrasser, de lui sauter dessus et de la prendre sur la plage. J'aimerais que ce moment soit interminable : elle et moi, ici, indéfiniment.
Le soleil est à peine levé, le sable et les dunes de couleur rosée, ne font qu'accentuer le côté chimérique du moment.
Elle reste là, dans mes bras à me regarder. Qu'est-ce que cette magnifique jeune fille trouve au vieux bonhomme que je suis ? Elle pose sa main sur ma poitrine, elle passe entre les boutons de la chemise et caresse ma peau.
Je commence à être à l'étroit dans mon jeans.
-Lili, je vais y aller avant que ça dérape complètement. J'ai tenu bon durant deux mois, ne me fais pas flancher maintenant.
Je rapproche ma bouche de la sienne sans la toucher. J'embrasse à la place, sa joue et son cou.
-Vous me manquez déjà.
-Toi aussi fillette, tu n'imagines pas.
Elle sourit.
Je me lève et me dirige vers la voiture. Je l'embrasse malgré tout une dernière fois avant de m'en aller, elle, reste assise dans le sable.
Je ne peux pas conduire dans cet état, j'essaie de penser à autre chose. J'allume la radio, Earth Angel, la version de Bobby Veel est jouée dans la voiture. Lili, pourquoi es-tu venue ? J'ai encore la sensation de tes mains sur ma peau.