Engagé dans le périphérique, je ne peux plus ignorer que je suis arrivé à destination. Les mendiants, les ordures, la pollution, les klaxons... Nous sommes à Paris.
J'habite dans le 16ème, je sors Porte de la Muette et direction la maison.
Je me gare en bas de l'immeuble, atteins péniblement l'ascenseur et arrive enfin devant mon appartement.
Je m'affale sur le canapé en rentrant. Plus que quelques heures et le boulot recommence, le traintrain quotidien va reprendre son rythme.
Une bonne douche et un bon verre de whisky et je m'endors, épuisé par la route.
*
7h, le réveil sonne, la routine reprend. Un café, un pétard, une douche. Je pense à Lili. Je ne la verrai pas aujourd'hui, ni demain. Putain qu'est-ce que je fou ici ? J'ai envie de la voir.
Aller ! On se reprend et direction le lycée. Premier jour, je suis déjà blasé.
Les lettrages de la cour ont été refaits durant l'été. Ils sont d'un blanc aveuglant.
Dans la salle des profs, je retrouve mes collègues. Je remarque des nouveaux assis dans les canapés. Un nouveau et une nouvelle pour être précis. Une nouvelle très mignonne d'ailleurs, une petite brune à lunettes, en jeans baskets et débardeur customisé Batman. Elle va plaire aux étudiants, sans aucun doute, et pas qu'aux étudiants...
Je me dirige vers les collègues avec qui j'ai un peu d'affinité. Ils racontent leurs vacances. Je préfère ne pas trop m'étendre sur les miennes, je concentre mon récit sur mon livre et les beaux paysages.
Je regarde du coin la nouvelle. Je ne sais pas l'âge qu'elle a, ni même son domaine. Je demande si les autres se sont déjà présentés.
-C'est qui la nouvelle ? C'est quoi son truc ?
-Déjà à l'affût Derek ? Mollo, elle vient d'arriver.
Je ne fais pas attention à sa remarque et me dirige vers elle, je me présente.
-Salut ? Derek, professeur de littérature.
Je lui tends la main en m'asseyant sur le fauteuil face à elle.
-Marjorie, bonjour. Je suis la nouvelle prof de dessin.
Une artiste, j'aurais dû m'en douter, avec un accent parisien à s'arracher les oreilles.
-Tu n'hésites pas si tu as besoin d'infos ou autre, je serais ravi de t'aider.
Je fais le charmeur, la drague un peu et elle a l'air réceptive, je commence bien l'année.
Le directeur arrive dans la salle des profs. Les autres y vont à coup de « Bonjour Monsieur le Directeur ». Je reste affalé dans mon fauteuil sans dire un mot. Il se place au milieu de la pièce pour prendre la parole.
-Bonjour à tous. Je vois que vous êtes tous présents, même les petits nouveaux, pour la réunion de rentrée. Merci.
Rires dans l'assemblée. Je souffle déjà d'ennui.
-Comme chaque année, la réunion de ce jour se concentrera sur la distribution des plannings et la configuration des nouvelles mises en place du règlement d'intérieur. Nous dispatcherons également les élèves par classe en fonction des options choisies de chacun. Mais d'abord, petit tour de table et présentation des nouveaux.
L'assemblée s'affaire dans la salle. Le tour de table est bien trop long pour le peu de profs que nous sommes. Forcément, tout le monde à son histoire à raconter : les nouvelles grossesses, les décès, les vacances à la plage avec les enfants qui courent partout....
-Bonjour à tous, moi c'est Enrique, je suis le nouveau prof d'Espagnol. Je me réjouis de rencontrer mes nouveaux élèves et de passer cette année en votre compagnie.
Enrique est l'Espagnol typique. Noir de cheveux et d'yeux, il a le teint légèrement halé et parle avec un léger accent hispanique. Il doit avoir plus ou moins mon âge.
-Bonjour, moi c'est Marjorie, la nouvelle prof de dessin. Je travaillerai en collaboration avec Bastien durant ses cours d'arts plastiques. J'espère que cette année va bien se dérouler, c'est mon premier travail en tant que prof, j'appréhende un peu.
Elle a l'air très stressée. Il va falloir qu'elle se détende si elle veut se faire respecter par des ados de juste quelques années de moins qu'elle.
La pause arrive enfin, je file dans la cour me faire une clope, j'en ai bien besoin. Marjorie me suit de peu. Je savais que c'était une bonne idée de me présenter. Je poursuis notre conversation, brutalement interrompue par le directeur une heure plus tôt.
-Ça va ? Tu ne stresses pas trop pour ton premier jour ?
-Si un peu. Cette petite pause cigarette se faisait désirer. Et là, ce ne sont que les collègues, j'appréhende bien plus les élèves.
Elle tire une longue bouffée sur sa cigarette.
Elle est petite, plutôt mince. Ses lunettes carrées lui donnent beaucoup de charme.
-Tu commences fort en même temps, des lycéens directement.
-Oui, on m'a beaucoup de fois fait la réflexion mais je suis plus à l'aise avec des jeunes qu'avec des enfants.
-Tu as quel âge ?
-J'ai vingt-cinq ans. J'ai eu mon diplôme il y'a deux ans, mais ce n'est pas évident de trouver un travail en tant que prof de dessin. En littérature ce doit être déjà plus facile.
Elle se tourne vers moi, attendant confirmation.
-Je ne pourrais pas te dire, ça fait vingt ans que je suis nommé ici. Je ne me souviens même pas du temps que ça m'a pris pour trouver cette place.
Elle reste songeuse quelques secondes.
-Vingt ans ? Tu as quel âge Derek ?
Décidemment, qu'ont-t-elles toutes avec mon âge ?
-Quarante-sept.
Elle me lance un regard épaté. J'ai beau me sentir bien conservé, je pense tout de même faire mon âge. Que ce soient mes cheveux gris, mes rides ou mes kilos en trop, je n'ai plus le corps d'un homme de trente ans.
-Tu me donnais qu'elle âge ?
-Je ne sais pas, plus proche de la quarantaine que de la cinquantaine. Mais je te rassure, tu es plutôt pas mal pour ton âge.
Elle rit. Stressée mais du genre direct la Marjorie.
La pause se termine, tels des élèves, nous trainons pour rentrer.
Le directeur nous fait faire un tour du bâtiment. Ce bâtiment que j'arpente depuis maintenant vingt ans ; je le connais bien assez.
Après la distribution des plannings et lecture du règlement d'intérieur, il est presque 18h quand cette journée se termine enfin.
Je me dépêche d'aller à ma voiture et donne rendez-vous à mes potes de guindailles dans notre pub privilégié.
Je passe par l'appartement pour me rafraichir et me trouver une tenue plus tape à l'œil : ce soir, je ne dormirai pas sur la béquille.
C'est déjà la grande ambiance quand j'arrive au Malet'O, dans le 8ème. Il est à peine 20h et les gens sont chauds bouillants. Les filles sont plus canons les unes que les autres avec leurs jupes au ras des fesses et leurs décolletés plongeants.
Je vois mes potes accoudés au bar, en charmante compagnie.
-HEY ! DEREK !!!
Pierre et Marc sont du genre exubérant. Si quelqu'un dans le bar ne les a pas entendus c'est qu'il est sourd.
Petite accolade et présentation des deux biches qui les accompagnent, et je paie ma tournée. Retour des bonnes habitudes.
Je sens que la petite blonde qui accompagne Pierre, Ilona, a le béguin pour moi.
Son visage a l'air en plastique, mais elle est plutôt jolie, la trentaine. Elle a un beau regard, des yeux bleus très clairs. Elle me colle et me caresse le bras. Je ne rentrerai pas seul ce soir, désolé Pierre, mais ta petite blonde est pour moi.
Pierre s'est de toute façon trouvé une autre bimbo pour la soirée, avec laquelle il entame une partie de billard.
Marc est déjà reparti avec son escorte, il est à peine minuit.
Ilona m'effleure constamment. Elle boit beaucoup et commence à m'allumer sensuellement. Elle fait mine de rien et pose sa main sur mon entre-jambe, déjà bien renflée. Discrètement, je lui propose de continuer ça dans un endroit plus adéquat.
Je règle la note, fais signe à Pierre que je m'en vais et prends Ilona par la main pour l'accompagner jusqu'à la voiture.
A peine assis derrière le volant, qu'elle m'enjambe et détache ma ceinture. Malgré l'excitation croissante qui m'envahie depuis mon retour, je la repousse sur son siège.
-Attends. Je fais les choses bien, je t'emmène chez moi.
Elle continue de m'embrasser et déboutonne mon jeans pour passer sa main dans mon caleçon et me caresser. Putain ça fait deux mois que j'attends ça.
Je démarre le moteur et fonce à l'appartement, tout en laissant sa main faire des allers-retours lascifs dans mon caleçon.
On arrive enfin. Aussitôt entrée dans l'ascenseur, elle se déshabille déjà.
Je la plaque sur le miroir derrière elle et porte ses cuisses à mes hanches. Mon jeans pas tout à fait rattaché, il me faut moins d'une seconde pour le faire tomber et la pénétrer violemment d'un seul coup. Je la prends comme si je n'avais pas baisé depuis des mois.
L'ascenseur s'arrête. Je remonte mon jeans d'une main et tire Ilona jusqu'à l'appartement.
Je reprends là où je me suis arrêté dans l'ascenseur. Je la mets à quatre pattes sur le canapé, elle me demande de la prendre, et de la prendre encore. Je n'arrive plus à me retenir.
-Lili...
Merde, non, c'est Ilona. Elle n'a pas l'air de s'en être rendu compte.
Je vais me servir un verre de Jack dans mon mini bar et lui propose de rouler un joint. Elle ne fume pas. Tant pis, je me défonce seul. Je lui propose une douche, mais elle préfère rentrer chez elle.
Je lui promets pourtant monts et merveilles pour cette nuit et demain matin, mais elle se lève tôt demain et ne veut pas rentrer tard.
Je me retrouve ma gueule tout seul à nouveau avec mon whisky. Je lance une chaîne X et termine ma soirée.
**
Trois mois que je suis rentré de vacances et je n'arrive pas à me retirer Lili de la tête. Sa bouche douce et pulpeuse, son goût... Eléonore...
J'ai beau me taper toutes les filles faciles de Paris, je n'arrive pas à me débarrasser de mon envie d'elle.
J'écoute les Pink Floyd et Janis Joplin en boucle.
Je me réjouis d'être aux vacances d'hiver. J'aime imaginer que Lili pourrait venir à Paris durant ses vacances, mais sans numéro de téléphone, ni adresse, ni nom de famille, le rêve devient compliqué.
Elle s'est peut-être trouvé un petit copain depuis la rentrée.
C'est quoi déjà ce site sur lequel les jeunes communiquent avec des photos ? Skyblog ou quelque chose comme ça ? Je regarde sur internet si je ne trouve pas une Eléonore qui habite le sud de la France. Je dis n'importe quoi... Je me ressers un verre.
Il vaut mieux que je sorte, je prends la voiture et roule vers l'est.
**
Noël approche à grands pas. Mon frère, Nathan, passe comme chaque année avec son mari Gérald et leurs deux enfants.
Ça fait 15 ans qu'ils sont ensemble, dont 5 ans de mariage. C'est le couple le plus stable que je connaisse. Stéphanie et Maxime, âgés de 7 et 4 ans, sont adorables. Polis, bien élevés, se sont de chouettes mômes. A chaque noël on sort le grand jeu pour voir leurs grands yeux émerveillés.
Nathan est mon petit frère et le voir en costume de père-noël pour ses enfants fait partie des traditions familiales depuis maintenant 7 ans. N'empêche que, l'appartement transformé en garderie pendant dix jours, ça m'irrite un peu. Des jouets à droite à gauche, des cris, des pleurs... la joie d'avoir des enfants.
Quand le 24 au soir arrive, la magie opère. Cette année, c'est Gérald qui fait le père-noël, Nathan a trop mal au dos, son travail de cariste aura eu raison de lui.
Le sapin n'est pas assez large pour couvrir la quinzaine d'énormes cadeaux emballés avec soins pour les enfants.
Ils s'émerveillent à chaque déchirage de paquet cadeau. Une mini-cuisine, des dinosaures, des poupées, des petites voitures ; de quoi s'occuper toute l'année.
A minuit, tout le monde au lit. Nathan et Gérald sont eux aussi fatigués. Ils défont le canapé-lit et s'installent pour dormir. Je vais faire un tour.
Je monte dans le pickup et regarde mon répertoire téléphonique à la recherche d'une autre âme esseulée :
Des noms de filles dont je ne me souviens même pas, des potes-parents donc occupés en ce soir de noël, Marc et Pierre ... si je ne trouve personne d'autre seulement. Je soupire.
Marjorie... Tiens, pourquoi pas ?
-Allo ? Marjorie ? C'est Derek.
Elle est seule. Sa famille habite dans le centre du pays et ce n'est pas la porte à côté. Je lui propose d'aller la chercher et d'aller boire un verre, elle me répond qu'elle a du champagne chez elle et qu'elle ne le boira jamais seule.
C'est parti, je fonce chez Marjorie.
Elle m'ouvre vêtue d'une petite robe rouge et d'un chapeau de père-noël. Définitivement pas timide la Marjorie.
Elle m'amène dans son salon. Elle vit dans un chouette studio en banlieue. Il est décoré de façon très féminine, du rose, du velours et de la fausse fourrure, elle a allumé des bougies pour l'occasion.
Elvis qui chante noël tourne sur le fond. Ça fait longtemps que je ne me suis pas senti aussi bien. Elle m'offre une coupe de champagne pour parfaire le tout et s'assoit à côté de moi.
-A la tienne Derek.
-A la tienne Marjorie.
Elle boit une petite gorgée de son verre en me regardant, sa main devient baladeuse. J'ai à peine le temps de réagir à ses avances qu'elle remonte sa robe sur ses hanches et s'assoit sur moi pour m'embrasser. Je me prête totalement au jeu et lui retire sa robe. Elle est nue dessous. Je l'embrasse et la caresse, partout. J'abaisse mon pantalon sur mes chevilles, elle s'agenouille devant moi. Résolument pas timide cette petite Marjorie.
Je l'admire à l'œuvre et profite de ses faveurs.
Je la retourne et la prends sur la petite table basse devant son canapé. Elle crie fort, je me laisse entraîner par son plaisir. Elle crie mon nom, ça m'excite encore plus, je ne me retiens plus et donne tout ce que j'ai.
C'était trop bon.
Je me rassois sur le canapé. Elle est à genoux, devant moi, elle tremble et n'arrive pas à reprendre son souffle. Elle me regarde, les yeux brillants. Ses cheveux sont en pétard, elle est très jolie comme ça.
-Derek... C'était trop bien.
Elle a l'air assouvie. Je le suis aussi. Une soirée bien remplie.
Je remonte mon pantalon et termine mon verre.
-Bonne nuit Marjorie.
Je l'embrasse sur le front.
-Tu t'en vas maintenant ?
-Pourquoi, tu veux remettre ça ?
Je la reluque de haut en bas, intéressé.
-Je...heu... non pas forcément, mais je pensais que tu voudrais rester dormir.
-J'essaie de ne pas abuser des bonnes choses. A très vite Marjorie.
Je claque la porte derrière moi, satisfait de cette soirée improvisée.
En rentrant, je fais le plus doucement possible pour prendre de quoi rouler dans le salon où dorment mon frère et son mari. Je lance un film sur le PC portable, branche un casque pour ne pas réveiller les enfants dans la pièce d'à côté et m'endors.
**
Le soir du réveillon de la St Sylvestre, une baby-sitter est venue pour les enfants. Je traine Nathan et Gérald au Malet'O. L'ambiance bat son plein et l'année 2004 se termine gentiment.
Marc est à nouveau venu avec la même fille, c'est la 5ème fois de suite qu'il vient avec elle. Il ne le dira pas, mais il est piqué. Pierre est là aussi, accompagné de jumelles. Une bonne soirée l'attend.
Gérald vient vers moi.
-Alors Derek ? Toujours pas de petite femme en vue ?
-Non, rien de sérieux. En même temps, tu sais bien que je ne cherche pas beaucoup.
-Des enfants, une femme ou même juste une fiancée. Ça ne t'attire pas ?
-Rien de tout ça ne me donne envie. Je suis trop vieux déjà pour ça et puis la vie en couple j'ai déjà donné, tu sais bien. Je vie pour le cul et le travail. Mais d'abord le cul.
Je vide d'une traite mon verre de whisky en reluquant la jolie brune au fond du pub. Elle a les cheveux noirs et bouclés. La vingtaine, de grands yeux noisette. Inévitablement, elle me fait penser à Eléonore.
Elle porte une petite robe noire, magnifiquement décolletée devant et indécemment décolletée derrière. L'ouverture du dos laisse apparaître ses sublimes creux de Vénus. C'est très subjectif, très sexy. Elle me rend mon regard intéressé.
Je ne suis pas le seul à apprécier la vue, je remarque une bande de lourds sur la gauche en train de la reluquer comme des morts-de-faim devant un morceau de viande.
Elle s'approche pour commander au bar dans une démarche élégante sur ses talons aiguilles. En arrivant à ma hauteur, elle sent mon regard insistant sur elle et me regarde. Elle me sourit.
-Je peux vous offrir à boire mademoiselle ?
-Volontiers. Un rhum coca s'il vous plait.
Je fais signe au barman qui nous apporte deux verres.
Je l'invite à venir se poser avec moi sur une banquette qui vient de se libérer dans la salle.
-Je m'appelle Angélique, Et vous c'est quoi ?
-Angélique ? Ça te va très bien. Moi c'est Derek.
Elle rougit. Physiquement et pour certaine de ses réactions, elle me fait penser à Lili. C'est agréable d'être près d'elle.
Après un tête-à-tête d'une grosse demi-heure, je me dis qu'elle ne doit pas avoir plus de vingt ans. Ses talons, sa robe et son maquillage font office d'apparat. Elle doit avoir dix-neuf ans, tout au plus.
Dans 10 minutes, il est minuit. Ce sera le passage en 2005. Je la regarde à mes côtés, elle boit son verre.
-Tu veux vraiment passer tes dernières minutes de l'année avec moi mon ange ?
-Pourquoi ? Vous ne pensez pas que c'est une bonne idée ? Vous êtes un genre de psychopathe ou un cannibale ?
-Non, je suis un homme, je ne sais pas si c'est mieux.
Elle rigole et bois une gorgée de son verre.
On entend le décompte se faire crier dans le pub.
10 ! 9 ! 8 !
Je regarde Angélique. Encore une nymphette, c'est quoi mon problème ?
4 ! 3 ! 2 !
Angélique me regarde et attend le « 1 » pour me sauter au cou.
BONNE ANNEE !!
Le patron met sa tournée de champagne pour tout le monde, un verre en entrainant un autre, je mets la tournée suivante.
Angélique ne me lâche pas de la soirée, accrochée à mon bras, elle profite de sa nuit et me présente à ses copines, plus âgées qu'elle.
À 3h30, il ne reste pratiquement plus personne. Les copines d'Angélique sont rentrées et je me suis engagé à la ramener chez elle en un seul morceau.
On est dans la voiture vers 4h.
-Vous m'amenez chez vous Derek ?
-Chez moi ? Tu veux venir chez moi ? C'est pas du tout ce qui était prévu fillette.
J'ai l'impression d'être en présence de Lili, je lui caresse la joue. Elle ferme les yeux et prends ma main dans la sienne.
-J'ai envie de passer la nuit avec vous.
Elle se penche vers moi et m'embrasse. So Far Away de Carol King passe à la radio. Je me recule.
-Tu as quel âge Angélique ?
-Je ne suis pas vierge si c'est ça qui vous inquiète.
Elle m'embrasse à nouveau.
-Lil... euh, Angélique, réponds-moi. Tu as quel âge ? Ne me mens pas.
-J'ai vingt ans. Je vous jure que c'est vrai. J'ai vingt ans.
-Qu'est-ce que tu fous dans cette caisse avec moi ?
Je laisse tomber ma tête sur l'appui-tête, dépité.
-Tu sais l'âge que j'ai ? Pourquoi tu veux passer la nuit avec moi ?
Elle sourit, je ne comprends pas.
-Vous êtes encore plus beau quand vous êtes fâché.
-Je ne suis pas fâché, j'ai juste du mal à comprendre ce que tu fais ici.
Je caresse sa peau chaude et douche.
-Emmenez-moi chez vous, j'ai juste envie de passer la nuit avec vous.
Elle se couche sur mon épaule.
-J'ai passé la soirée avec vous et vous me plaisez. Je vous trouve beau. J'ai adoré parler avec vous toute la nuit. La suite logique, c'est une nuit ensemble non ?
Elle m'embrasse sur la joue et dans le cou. Elle essaie d'atteindre ma bouche.
-Vous n'êtes pas le premier homme de plus de trente ans avec qui je sors vous savez. J'en ai déjà connu quelques-uns. C'est vrai.
Elle prend ma main et la pose sur son genou.
- J'ai juste envie de passer mes premières heures de 2005 avec vous, s'il vous plait.
Je me laisse prendre au piège et l'embrasse. Elle veut monter sur moi, mais je la repousse sur son siège. Nous sommes toujours dans la rue devant le Malet'O.
-Je ne peux pas t'emmener chez moi, il y a la famille.
Je la dévisage, elle respire l'envie de baiser. J'envisage la banquette arrière, elle hausse les épaules.
-Tu ne seras pas choquée si je prends une chambre d'hôtel ?
Elle fait signe que non de la tête et me dévore des yeux en se mordillant la lèvre. Elle fait aller sa main de sa poitrine à son entre-jambe, se caresse la cuisse et gémit légèrement quand sa main disparait sous sa jupe et touche sa petite culotte. Elle écarte les jambes et continu de se caresser.
J'appuie sur l'accélérateur, je cherche un hôtel avec une chambre libre et des accès extérieurs. Il va falloir la jouer discret pour entrer avec Angélique dans la chambre.
Je tente un hôtel que je connais, à quelques minutes en voiture. Bingo, une chambre libre et elle est accessible par l'extérieur.
Je gare la voiture.
-Toujours décidée à passer tes premières heures de 2005 avec moi Angélique ?
-Toujours décidée Derek.
Je l'invite à me suivre jusque-là chambre. On rentre, j'allume la radio. Elle me tourne le dos et contemple la chambre. Je vois Lili. Je la prends dans mes bras, par derrière. Je l'embrasse dans le cou et caresse ses cuisses. Je passe ma main sous sa robe pour continuer ce qu'elle commençait sans moi dans la voiture.
Je goûte le parfum qu'elle laisse sur mes doigts et m'en délecte. Elle se retourne vers moi, je l'en empêche. Je veux la garder de dos et imaginer Lili dans cette chambre d'hôtel avec moi.
Je lui ôte sa robe et embrasse ses épaules, son cou, son dos.
Je la plaque contre le mur derrière moi et lui écarte légèrement les jambes, façon fouille policière. Je descends sa petite culotte sur ses chevilles. Elle est magnifique nue, dans cette posture.
Je lui demande de ne pas bouger, le temps de retirer mon pantalon et ma chemise.
-Baisez-moi Derek. Venez.
Je ne me fais pas prier. Je la prends contre le mur et la fait crier comme elle n'a jamais crié. Je camouffle ses cris avec ma main pour ne pas ameuter tout l'hôtel.
Je ralentis le rythme pour qu'elle puisse reprendre son souffle. Elle ne tient plus sur ses jambes ; je la laisse s'effondrer sur ces genoux. Je suis toujours raide comme un poteau, je la prends encore. Elle n'en peut plus. Ses poils s'hérissent sur son corps, je jouis en même temps qu'elle.
-Lili, c'est trop bon !
Et merde, encore !
Elle ne réagit pas. Surement en train de se remettre de son homme de plus de trente ans.
J'attrape mon pantalon pour prendre une clope. Je lui en propose une.
Avec un sourire jusqu'aux oreilles et les cheveux en bataille, elle s'en allume une.
-Derek... C'était...
Elle ne termine pas sa phrase. Elle se contente de rougir et de me regarder passionnément.
Après la clope, je l'invite à passer au lit. Je ne sais pas elle, mais moi je n'ai plus vingt ans. Une nuit blanche et une partie de jambes en l'air comme celle-ci et il me faut 10 heures de sommeil pour me remettre.
Elle enfile ma chemise et va se coucher.
Je nous plonge dans le noir avant de me glisser près d'elle dans le lit. Elle vient se blottir dans mes bras.
Je l'embrasse sur le front et sombre dans les bras de Morphée.
Quand je me réveille, il est 14h passée. Angélique dort toujours à côté de moi. Son maquillage a disparu avec la nuit et les mouvements, elle a l'air si jeune.
Elle porte ma chemise. C'est malin, je ne peux pas m'enfuir sans la réveiller.
Je vais prendre une douche et rassemble nos affaires. Elle se réveille quand j'allume une clope.
-Salut.
-Bonjour Angélique, bien dormi ?
J'aimerai lui tendre une tasse de café, mais je n'ai que des cigarettes sur moi. Elle accepte et se rallonge sous le drap.
Je reste sur le fauteuil en face du lit et espère vite récupérer ma chemise pour mettre les voiles.
Après sa clope, elle va se laver. Se rhabille avec sa robe de soirée et ses talons, puis remonte sa masse de cheveux encore mouillée en chignon.
-On décolle quand vous voulez.
Dit-elle en me rendant ma chemise.
On passe par l'extérieur pour retourner à la voiture. Je rentre son adresse dans le GPS, direction la banlieue parisienne.
Elle se colle à moi.
-Merci pour cette nuit Derek, j'ai passé un super moment.
Elle me sourit. Je pose ma main sur sa cuisse, je ne dis rien. Je ne regrette pas cette nuit, mais j'ai encore une fois abusé. 20 ans.
Je la dépose chez elle et retourne à l'appartement où Nathan et Gérald m'attendent.
-Je ne te demande pas si tu as passé une bonne nuit.
Nathan est en train de préparer le souper du soir. Ils partent demain. Il a toujours souhaité que je me case une bonne fois pour toute, que je fonde une famille. Que je sois aussi heureux que lui.
-Une nouvelle histoire sans lendemain si tu veux tout savoir petit frère.
Je fouille après une bière dans le frigo. Rien. Je me dirige vers le mini-bar et descends le fond de la bouteille de whisky.
Gérald entre dans la pièce et me regarde d'un air accusateur.
-Tu fais de la peine à voir Derek. C'est avec la petite brune que tu as passé la nuit ?
Les images de cette nuit me reviennent. La petite Angélique chaude comme les braises.
J'ignore Gérald et vais fumer un joint dans ma chambre - avec les enfants à la maison, les habitudes changent forcément. L'entente entre Gérald est moi n'a jamais été au beau fixe, il y a toujours eu des hauts et des bas. Il estime que je suis une mauvaise influence pour Nathan et n'a jamais approuvé mon mode de vie.
**
Dans deux jours c'est déjà la rentrée, les examens et tous les retombés de cette période de fête. Le retour à la morosité.
Après le départ de mon frère, je me réapproprie l'appartement. Petit apéro avec Marc et Pierre. Sans gonzesse cette fois, entre hommes. On branche la console et on se fait une partie de GTA San Andreas, en se relayant la manette.
Marc nous raconte qu'avec la fille de l'autre soir, celle qu'il amène maintenant à chaque soirée, il y a effectivement un truc. Il pense à se poser avec elle.
Pierre et moi le regardons dubitatifs. Marc est, après moi, le célibataire le plus endurci que je connaisse.
-Et quoi, vous allez habiter ensemble ?
Pierre s'inquiète du changement que cela va apporter à sa vie. Sans Marc, Pierre ne sortirait pas autant. Et ce n'est pas moi qui vais remplacer Marc pour les guindailles de tous les soirs. J'apprécie Pierre, mais ma solitude encore plus.
Ils partent vers une heure. Je m'effondre au lit, demain, la semaine d'examens commence.
*
Les élèves sont adossés aux murs ou parterre, cahiers et livres en main en train de réviser dans les couloirs. Quelle salle période.
Seuls quelques invétérés cancres sont dans la cour en train de fumer. L'air d'en avoir rien à faire, ils sont carrément venus les mains dans les poches.
Les élèves défilent dans la classe un par un pour nous présenter l'avancement de leur projet de fin d'année et répondre aux questions des différents professeurs. On prévoit une heure par élève. Après ça, ils se dirigent vers les salles d'examens écrits.
Cette semaine semble interminable et dans quelques jours, il faudra déjà leur faire emmagasiner la nouvelle matière pour l'examen final. D'année en année, j'oublie à quel point c'est pénible.
J'invite Marjorie à manger avec moi ce soir. J'ai besoin d'un vendredi soir tranquille.
On se commande un chinois, chez elle. On regarde la télé, on rit devant la série Scrubs.
Je lui propose de passer la nuit chez moi, j'ai envie de fumer.
Arrivés à l'appartement, je roule un pétard et nous sers deux verres de Jack. Elle ne fume pas d'habitude, mais ce soir, elle a envie d'être dans le même état d'esprit que moi.
Je lance Polaroid Girl de Massive Attack sur la chaîne-hifi et vais me rassoir sur le canapé à ses côtés.
Elle me monte dessus et se trémousse sur moi au rythme de la musique. J'accompagne le mouvement de son corps avec mes mains puis l'allonge dans le canapé pour la prendre, lascivement. Quelques minutes plus tard, elle s'endort dans le canapé. J'ai envie de la laisser là, mais finalement, je la porte et la couche dans mon lit avant de me glisser à côté d'elle.
Quand j'émerge le lendemain, elle est déjà levée et a préparé le café.
Elle est assise nue dans le fauteuil devant un dessin animé, une clope en bouche et un café dans la main. Une image plutôt agréable à voir dès le matin.
Elle se lève pour me servir mon café et m'embrasse tendrement la joue.
-Je me lave et je m'en vais, ne t'inquiète pas. Je ne vais pas squatter ton appartement très longtemps.
Elle me fait une mimique d'effrontée et se dirige vers la salle de bain, ses fringues en main.
Je regarde son petit cul dandiner en buvant mon café, encore à moitié endormi.
Je la laisse rentrer en métro, je n'ai pas envie de prendre le volant, je préfère passer la journée devant un jeu vidéo.