Mon père est parti quand elle était enceinte de Nathan et depuis, elle n'a plus jamais aimé. Nathan et moi n'avons jamais manqué de rien, mais nous n'avions ni câlin ni bisou en dehors de nos jours d'anniversaire. Les fêtes de fin d'années se faisaient sans elle donc ce n'est pas non-plus lors de ces soirées familiales qu'elle s'épandait d'amour.
Quand j'ai quitté le foyer à 16 ans, j'ai su que c'était pour elle une libération et quand Nathan est parti, à 18 ans, elle fût enfin libre. Libre d'enchainer les histoires d'amour ratées. Elle a rencontré Kevin, mon beau-père, il y a 10 ans et ils ne se sont plus quittés depuis. Ils se sont mariés l'année suivant leur rencontre. C'est bien le 1er homme qui reste si longtemps à ses côtés, le premier qu'elle tolère si longtemps. Je ne me demande pas pourquoi. Elle ne s'est pas adoucie, elle a juste vieillie et ne veut pas rester seule, tout simplement.
Je suis encore dans mon lit.
Je me lève et vais me faire couler un café sans dire un mot.
Pour ses 73 ans, ma mère est encore une belle femme. Ses kilos en trop et sa petite taille la rajeunissent, je ne suis pas étonné de la voir aux bras de Kevin. Il a 15 ans de moins qu'elle et est très soigneux de sa personne. D'ailleurs, me voir les cheveux hirsutes et la barbe non rasée depuis des jours le rend dingue.
Aujourd'hui j'ai 48 ans. Et je suis seul dans mon appartement avec ma vieille mère et Kevin qui range ce qui, pour lui, est désordre. Je ne suis pas une fée du logis certes, mais mon foyer et propre et rangé. Il m'exaspère.
Je me roule un gros joint devant lui et laisse les résidus laissés sur le bar en lui déconseillant formellement d'y toucher.
Je prépare un thé à ma mère. Nous parlons de tout et de rien assis au bar, tandis que Kevin, qui a trouvé la télécommande de la télé, s'endort sur le fauteuil.
Ils repartent sur les coups de 14 heures pour ne pas rater la partie de belotte de ma mère avec ses copines à 16 heures.
Je retourne me mettre au lit, en priant pour que le 19 février de l'année prochaine tombe un jour de semaine pour avoir la paix.
**
Les jours défilent, plus que deux mois avant la fin de l'année scolaire. Marjorie cache bien notre jeu au lycée. Elle arrive vraiment à faire abstraction de notre relation à partir du moment où elle franchie les portes de l'école. Moi, j'y arrive un peu moins. Avec ma libido exacerbée, il m'arrive souvent d'aller la retrouver entre deux cours pour la taquiner un peu et plus si affinité.
On s'est mis d'accord nous ne sommes pas ensemble. On couche ensemble quand on a envie, mais rien ne nous empêche de voir ailleurs. Une sorte de cinquième roue de carrosse à portée de main.
Dans deux mois je retourne dans le sud. L'année dernière à cette époque j'avais hâte d'y être. Cette année je suis impatient mais tout aussi anxieux. Huit mois que je n'ai pas de nouvelle d'Eléonore, est-ce que tout sera comme si on ne s'était jamais quittés ?
J'ai encore le temps de penser à ça. Mais plus l'échéance se rapproche, plus je pense à elle.
Je retournerais bien voir la petite Angélique pour me libérer l'esprit. Elle me fait tellement penser à Lili, d'ailleurs quand je l'imagine, je vois le visage de Lili.
Le soir-même après les cours, je tourne dans son quartier. Avec un peu de chance, elle reconnaîtra le pickup.
Il est plus ou moins 17h 30 quand j'arrive à la hauteur de sa maison. Quelques minutes plus tard je la vois longer le trottoir de sa rue.
Elle est en jeans et porte un léger débardeur à dentelles... sans soutien-gorge. Ses cheveux sont remontés en chignon lâche duquel s'envolent quelques mèches avec le vent.
Je suis garé sur le trottoir en face de son entrée, elle m'aperçoit. Elle pose son sac devant l'entrée et court vers la voiture. Elle ouvre directement la portière côté passager et se jette sur moi pour m'embrasser.
Je la décolle rapidement et regarde les alentours. Personne.
-Pas ici Angélique. Reprends ton sac, je t'embarque pour la soirée.
Pleine d'enthousiasme, elle prend son sac et le jette par-dessus la barrière de son jardin, puis revient s'assoir dans la voiture.
Je reprends la route dans le sens inverse et l'emmène chez moi.
-Je ne pensais pas te revoir un jour. Jamais dans mes rêves les plus fous j'aurais imaginé que tu viendrais m'enlever comme ça.
Elle a les yeux brillants de passion. Je passe un bras autour d'elle, l'autre étant accroché au volant pour nous amener à bon port.
Sa main se pose sur la bosse naissante dans mon pantalon et me caresse. Je sens son regard coquin sur moi, je la laisse se faufiler sous mon jeans.
Je me répète en boucle qu'elle est majeure, qu'elle est là parce qu'elle en a envie.
De ma main qui l'entoure, je glisse un doigt dans sa bouche, elle le suce. Je ne vois pas d'endroit où m'arrêter sur la route pour faire une pause. Je continue de rouler. Elle suce mes doigts à la vitesse qu'elle me caresse. Je ne me retiens plus, j'abaisse sa tête à la hauteur de mon entre-jambe et la laisse amplifier mon excitation.
Elle se positionne difficilement dans la voiture pour me laisser le levier de vitesse disponible. Son chignon se défait légèrement, je passe ma main dans ses cheveux bouclés.
-Ne t'arrête pas mon ange.
Au moment de jouir, elle insiste pour que je reste en elle.
J'ai encore plus envie d'elle maintenant ; j'appuie sur l'accélérateur. Angélique s'adosse sur son siège et tourne la tête vers moi.
-J'aime bien quand vous me traiter comme une femme comme ça.
Elle descend ses mains vers son entre-jambe et caresse son jeans. C'est une vraie coquine, pas si « angélique » que ça.
Je remplace sa main par la mienne, elle pousse un soupir. J'essaie de garder un œil sur la route mais elle a un sex-appeal hypnotisant. Elle me regarde en haletant presque, les bretelles de son débardeur sur les bras, plongeant encore plus son magnifique décolleté.
On arrive enfin à l'appartement.
Dans l'ascenseur, le vieux couple du dessus monte en même temps que nous. C'est difficile de cacher la tension sexuelle qui règne dans ces deux petits mètres carrés. Je reluque Angélique qui, quand elle le remarque, déboutonne son pantalon et commence à retirer ses baskets.
L'ascenseur arrive à notre étage.
Je presse le pas pour ouvrir la porte et la baiser sur le bar de la cuisine.
Son jeans baissé sur les cuisses, je lui remémore notre nuit le soir du nouvel an. Elle me demande de la baiser encore et encore. Toutes les pièces y passent, je la prends et la reprends dans tous les recoins de l'appartement, dans toutes les positions possibles. Dans le lit, elle me demande de faire avec elle comme avec les autres femmes, plus mûres.
Je ne comprends pas où elle veut en venir. Je pense faire ce qu'il faut – pas de la meilleure des façons, qu'on se le dise - pour qu'elle se sente plus femme que jeune fille. Elle prend ma main et la met autour de sa gorge.
Je comprends le message et hésite avant de serrer la main autour de son petit cou.
-Qu'est-ce que tu me demandes Angélique ? Tu veux que je te fasse mal ?
-Serre fort Derek.
Je m'exécute et accélère le rythme de mes va et vient. Je ferme les yeux et imagine Eléonore.
Pourquoi ? Angélique est là ! Elle se donne toute à moi... A mon âge, on n'a pas tous la chance de se taper une sublime jeune fille de 20 ans. Pourquoi Eléonore m'obsède tant ?
Je raccompagne Angélique chez ses parents le lendemain matin, lui promettant de repasser vite la chercher.
Il serait temps que je me fasse une femme de mon âge. On ne peut pas dire que ce fût une année brillante côté cœur. Quand vais-je mûrir un peu ? J'attends peut-être la crise de la cinquantaine.
Je rentre chez moi en passant par les routes de campagne. Elles sont peu nombreuses dans le coin mais heureusement, aussi peu fréquentées. Je mets la radio à fond et fume le joint que j'ai roulé spécialement pour le trajet. Mon lecteur CD saute sans arrêt et je n'ai pas de playlist sur clé. Je cherche un bon morceau sur les ondes. Je m'arrête sur un best of des années soixante, Heart Full Of Soul de The Yardbirds rythme mon trajet. Juste après, je m'en rends compte au moment du refrain, ils diffusent Elenore de The Turtles, suivi de Young Girl de Gary Puckett... Quelle ironie... Est-ce un message caché ?
C'en est trop pour moi, je coupe la radio et appuis sur le champignon pour rentrer rapidement.
**
Je ne pense qu'à baiser. A boire et à baiser.
Marjorie fait très bien sa cinquième roue de carrosse pour les dernières semaines de cour. Les toilettes des profs ne sont pas confortables mais font bien l'affaire de temps en temps.
Je décompte les jours et stresse de plus en plus.
Dans une semaine je reprends la route vers le sud. J'ai déjà l'idée d'une nouvelle enquête à mettre sur papier. Le précédent roman est en phase d'édition.
**
Le jour J, comme d'habitude, je pars directement après le dernier cours. Marjorie sait que je pars pour deux mois et hésite à me dire aurevoir. Je la prends à part et lui roule la pelle de sa vie, je sais déjà dans quels bras m'allonger à mon retour.
Je prends la route sur les coups de 17h.
7h et quelques pauses plus tard j'arrive enfin. 1er constat : il fait noir dans la maison. Je sors mes valises, prends une grande bouchée d'air iodé et descends vers la maison.
J'allume une fois rentré, personne.
Je constate qu'Eléonore est régulièrement venue et qu'elle compte revenir bientôt. Cette maison ressemble à une chambre d'ado.
Des fringues trainent un peu partout. Ses fringues comme les miennes d'ailleurs. Des bouteilles de whisky vides ou à moitié vides trainent comme un ou deux cendriers pleins. Un nouveau vinyle est posé sur la table : Mezzanine de Massive Attack.
Sur le bureau je vois mon petit mot laissé l'année dernière. Il est entouré de petits cœurs et autres déclarations d'amour. Je souris.
Je défais mes valises et me rends sur le porche. Pas de Lili non plus. Elle a dû rentrer vu l'heure tardive. Peut-être reviendra-t-elle demain ?
Je retourne faire un peu d'ordre dans la maison, embarque une des bouteilles entamées et vais me coucher.
Mon lit embaume Lili. C'est enivrant. Elle est venue dormir dans mon lit, ça m'excite. Elle a dormi dans ces draps, va savoir ce qu'elle y a fait d'autre. Mon esprit phantasme et part dans ses délires.
*
J'avais oublié à quelle point le soleil est aveuglant ici, je me réveille vers 9h, un rayon de soleil dans les yeux.
J'inspire l'odeur de Lili toujours bien présente. Je vais directement prendre une douche pour me rafraîchir, il faudrait que je pense à mettre la climatisation dans cette maison.
Je me prépare mon petit déjeuner préféré : café-pétard et vais profiter de la fraicheur de l'océan.
C'est vraiment apaisant. Dans ces moments, je me rappelle la bonne idée qu'était d'acheter cette maison.
Après une petite promenade sur la côte, je me pose pour écrire un peu, je vide le dernier reste de whisky.
Je décide d'aller faire les courses vers 17h. Sur la route du retour, une Opel, genre familiale, me rentre dans le parechoc.
Rien de grave. De la tôle froissée sur les deux véhicules. De la voiture responsable sort un homme en costard et sa femme.
Ils ont tous les deux l'air plutôt classe. L'homme s'approche, navré et demande à remplir le constat. Au plein milieu de la route, cela ne me semble pas prudent, je leur propose d'aller se poser dans un petit café un peu plus loin. Ils acceptent et nous voilà parti en convoi dans le bar du village d'à côté.
Après deux tournées de bières et le constat rempli, nous faisons plus ample connaissance. Je me rends compte qu'en quatre ans, je n'ai jamais pris le temps de rencontrer les autres habitants du coin.
Lui s'appelle Philippe, le courant passe tout de suite très bien. Il aime boire un verre à l'occasion et ne vit que pour son travail. Il est d'ailleurs d'un retour d'un voyage d'affaire ; il est représentant pour une grande marque.
Sa femme, Annick, travaille dans la même boite que lui. C'est une très belle femme, elle doit avoir une petite quarantaine d'années. Elle a les cheveux très courts noirs et de grands yeux noisette. Elle est très classe, de bonne éducation. Ses ongles sont bien manucurés et elle boit sa bière par petite gorgée, l'air de pas y toucher. Elle dégage quelque chose de très sensuel.
Nous passons la soirée à boire sans voir l'heure passer.
Annick se lève.
-Phil chéri, je vais appeler à la maison pour prévenir la petite que nous ne tardons pas.
Philippe lui donne de la monnaie et elle disparait dans le couloir où le téléphone est indiqué.
-La petite, la petite - Ressasse Philippe avant de finir son verre - elle a eu 16 ans le mois dernier.
-Vous avez des enfants tous les deux ?
-Une fille, Eléonore. On ne la voit pas beaucoup avec notre travail. On essaie de combiner les deux, ce n'est pas toujours évident. Mais heureusement, c'est vraiment une chouette gamine. Intelligente et tout.
Je n'écoute pas la fin de sa phrase. Eléonore... Ce sont les parents d'Eléonore... Ils sont plus jeunes que moi.
Il sort une photo de son portefeuille.
-C'est elle. Enfin, c'était il y a deux ans. Mais elle a à peine changé depuis.
Je prends la photo et la regarde. C'est bien ma Lili, son visage parfait de son sourire immense. C'est une photo de famille, je suis mal à l'aise de la voir. Je lui rends.
-Jolie gamine.
Lui répondis-je. Je ne sais pas trop quoi lui dire.
Je vois Annick revenir insatisfaite.
-Pas de réponse à la maison. Elle doit encore être en balade.
Cela signifie qu'elle est chez moi.
Il est 23h30, je leur propose de rentrer s'assurer de la bonne santé de leur fille, tandis que je rentre ranger mes courses.
Evidemment, j'espère par-là m'assurer moi-même de la bonne santé de leur fille.
Je fonce à la maison. En arrivant je vois une nouvelle bouteille de Jack entamée sur la table et des restes de glaçons dans un verre. Elle est venue.
Je m'approche de ma chambre, la porte est entrouverte. J'entends les Beatles tourner sur le fond. J'ai le souffle coupé. Je pousse la porte et aperçois sa silhouette sous le drap. Je m'approche.
Elle est encore plus belle que dans mes souvenirs. Elle est sur le ventre, la tête tournée vers la fenêtre, une jambe en dehors du drap. Elle a encore un joint en main ; il est éteint. Je le prends et le rallume puis m'assieds sur le fauteuil en face du lit. En la reluquant de haut en bas, je me rends compte qu'elle est vêtue du t-shirt que je portais la veille, que j'ai grossièrement laissé sur mon lit ce matin. Je termine son joint et m'endors, assis devant elle.
L'étincelle d'un briquet me sort de mon demi-sommeil.
Eléonore est assise dans le lit et vient de s'allumer un joint. Sa grande natte en pétard lui donne un côté sauvage. Elle se rend compte que je la regarde et me sourit. Elle s'approche de moi et vient, à genoux, m'enlacer tendrement.
-Derek, vous êtes revenu.
Elle me serre de plus en plus fort. Je la porte sur mes genoux.
-Tu m'as tellement manqué fillette.
Je ne peux pas m'empêcher d'embrasser son cou, sa peau. Elle ouvre ma chemise pour embrasser la mienne, amoureusement.
J'ai envie d'elle comme jamais. Je la porte et la couche dans le lit. Elle me regarde passionnément, comme elle me regardait déjà l'année dernière.
Je reste assis près d'elle et caresse son visage. Elle fait glisser ma main vers son nombril et poursuit sa descente sur sa culotte.
Je m'arrête avant qu'elle n'aille trop loin.
Elle me regarde perplexe. Je remplace ma main par la sienne.
-Je me refuse de te toucher Lili, caresse-toi pour moi.
J'embrasse son épaule, son cou et guide sa main entre ses jambes. Elle est tellement belle. Je la regarde se caresser, les joues rougies par le plaisir... Je lâche sa main pour me toucher, excité par ce tableau qui s'offre devant moi.
-Tu es toujours vierge Lili ?
Elle hoche la tête en me regardant.
-Vous êtes le seul homme qui ne m'ait jamais touché Derek.
Ça m'excite de savoir que cette bouche parfaite n'a été effleurée que par mes lèvres, même si ce n'était que quelques secondes.
Je reprends sa main pour la passer sous sa culotte.
-Derek je... je préfère rester dessus...
Elle rougit, gênée.
-Excuse-moi Lili, je... je ne me rends pas compte de ce que je fais.
Je la prends dans mes bras et mets fin à cette indécente session.
Et c'est reparti pour deux mois de torture.
Je ne tiendrais jamais deux moi avec elle sans la toucher. Surtout si elle est chaude comme ça.
Je passe un pacte avec moi-même : pas tant qu'elle n'a pas au moins 18 ans.
La journée avance et il commence à faire une chaleur étouffante.
Lili va se laver et ressort de la salle de bain vêtue d'une petite robe bleue à fleur, qui la moule à la perfection. Elle a coiffé sa chevelure en deux longues tresses.
Je sors boire mon café sur le porche, elle vient s'assoir près de moi.
-Ça vous va bien les cheveux comme ça.
C'est vrai que mes passages chez le coiffeur n'ont pas été très réguliers cette année. J'ai les cheveux au vent et une barbe de quelques semaines maintenant. Un vieil ermite et elle me regarde, les yeux pleins d'amour.
J'entends qu'elle a lancé Hurdy Gurdy Man de Donovan sur le fond. C'est ma compilation des années 70.
Elle me raconte son année. Elle a un meilleur ami, Éric, un fou de lecture comme elle. Il se sont rencontrés à la bibliothèque et il n'habite pas loin. Elle me rassure et me jure qu'il n'est jamais venu ici, dans la maison.
Quand elle vient, c'est seule. Elle enfile souvent une fringue à moi et bois jusqu'à s'endormir. Elle vient généralement le week-end et passe deux jours à fumer et profiter de la platine vinyle.
Elle me raconte aussi qu'elle a réussi son année avec brio mais qu'elle ne se réjouissait pas pour autant d'être en septembre. Tu m'étonnes fillette, moi non plus !
Je lui demande de m'en dire plus sur Éric. Avec un brin de jalousie dans la voix, mais qu'elle ne décèle pas. Il est en terminale L et il est aussi dans la troupe de théâtre. Il a déjà redoublé une fois quand il était plus jeune et fait donc parti des plus vieux du lycée.
D'après ce qu'elle me dit, pour une tête, il est marrant est plutôt exubérant.
-Tu as déjà fait des trucs avec lui Lili ?
Elle rigole et bois une gorgée de café.
-Non, je vous ai dit, vous êtes le seul homme à avoir posé les mains sur moi.
Elle rougit.
-Vous êtes jaloux ?
Cette fois c'est moi qui rigole et ne réponds pas.
Je crois que je n'apprécierais effectivement pas de savoir qu'un autre homme la touche alors que je me refuse moi-même de la toucher.
Elle plonge ses orteils dans le sable chaud et s'appuie contre moi. Elle pousse un soupir de bien-être.
-Je ne voudrais pas être ailleurs pour tout l'or du monde.
Moi non plus Lili, pour rien au monde je voudrais être ailleurs que là, toi dans mes bras.
How Can You Mend A Broken Heart d'Al Green berce ce moment.
A la fin de la chanson, elle se lève et va changer le disque. Elle lance Mud Slide Slim And The Blue Horizon de James Taylor.
Elle roule deux pétards et vient se reposer sous le porche. Nous passons l'après-midi à écouter la musique.
*
Je suis devant mon bureau, mais mon livre n'avance pas. Je n'ai pas la tête à ça. Mes pensées sont toutes dirigées vers Lili. Et un peu vers cet Éric c'est vrai.
Je me demande à quoi il ressemble, est-ce qu'il lui plaît ?
Ce sera peut-être lui son premier petit copain. Peut-être que ce sera un chouette type, peut-être pas.
Je fais semblant d'écrire sur la page encore blanche devant moi. J'écris, puis j'efface.
-Eléonore, ça te dit une petite bouffe dehors ? Je vais devenir fou si on reste ici.
Elle acquiesce et nous voilà partis vers la côte. Je connais un restau sympa en bord de mer avec les pieds dans le sable.
Elle commande des moules au vin blanc et moi l'entrecôte du patron. On demande une bouteille de Jack Daniel's directement à table. Je la regarde se régaler de ses crustacés.
Elle me raconte sa vie de lycéenne, comme non populaire mais déléguée de classe tout de même. Son cercle d'amis ne s'est pas élargi, en dehors d'Éric, elle ne côtoie personne.
Elle parle, elle parle et ne mange pas. Mon plat est fini depuis déjà quelques minutes qu'elle est toujours en train manger.
Je lui sers le dernier verre de la bouteille et lui ordonne de ne plus ouvrir la bouche tant que son plat n'est pas terminé.
Elle rit.
Je recommande une autre bouteille et préviens le patron qu'on repartira avec. Il me fait payer un supplément.
De retour dans la voiture, je propose à Lili d'aller s'allonger sur une plage, autre que celle de devant la maison pour changer. Elle prend la carte, ferme les yeux et choisi au hasard une plage sur la carte de la région. C'est parti pour l'Est.
La plage qu'elle a trouvée est déserte, pas un chat, pas une trace dans le sable. Elle est contente de son choix, elle court dans le sable encore chaud, direction l'océan.
Elle saute dans l'eau encore toute habillée et en ressort aussi vite tellement l'eau est glacée. J'arrive à son secours, rieur, et lui donne ma chemise. Elle s'emmitoufle dedans et boit une grosse gorgée de whisky pour se réchauffer.
On s'allonge dans le sable pour contempler le ciel. Je n'ai jamais vu autant d'étoiles au mètre carré.
Un pétard et quelques minutes plus tard, elle dort. Je la porte jusqu'à la voiture et reprends le chemin de la maison.
Je la couche dans le lit, lui retire ses chaussures et vais m'effondrer sur le canapé devant une émission à la con à la télé.
*
Elle me réveille le lendemain avec un café, un pétard et un sourire. Que demander de plus ?
Elle repart tôt dans la matinée, ses parents l'attendent pour une journée en famille à l'Aqua Park à quelques kilomètres d'ici. Elle me promet de passer à son retour.
Je me concentre enfin sur mon bouquin. A peine devant mon écran, que le fil conducteur est mis en place dans ma tête, j'ai les protagonistes et les rebondissements. Il n'y a plus qu'à mettre sur papier. Les heures s'écoulent et les pages se remplissent. Il est maintenant minuit passé. Lili ne viendra plus.
Je regarde le travail accompli et ma tête dans le miroir confirme que j'y ai passé du temps. Entre les joints et les heures passées devant l'écran, mes yeux sont devenus deux globes rouges et gonflés, entourés de paupières tombantes et violacées. Avec ma barbe de quelques semaines et mes cheveux en bataille, je fais vraiment peur à voir.
Je file sous la douche et essaie d'arranger un peu cet aspect de vieux clochard mal embouché. Après ça, un petit sandwich sur la plage pour décompresser et au lit. Je me couche dans les draps dans lesquels Eléonore a passé la nuit, la chambre porte encore son odeur.
*
La journée est déjà bien entamée quand Eléonore arrive à la maison. Je vois sa silhouette déambuler au loin, assis sur le porche.
Elle porte une robe en dentelles blanche et un chignon mal fait. Un chignon ? Qu'a-t-elle fait de sa natte ? Elle n'en reste évidemment pas moins jolie, ça met même son visage en valeur.
Elle pose ses lèvres sur les miennes en arrivant et se pose à côté de moi.
-Bonjour fillette.
-Bonjour Derek. Vous avez passé une bonne journée ?
Je la regarde, elle a l'air de très bonne humeur.
-Pas autant que la tienne visiblement. Tu m'as l'air bien joyeuse.
-Oui, je me suis levée de super bonne humeur ce matin et en général quand c'est comme ça, je pète la forme pour toute la journée.
Dit-elle en allant lancer la musique : Blonde on Blonde de Bob Dylan. Elle met la piste I Want You, puis revient sur le porche en sifflotant sur l'air de l'harmonica. Elle vient se mettre entre mes jambes, sur la marche en-dessous de celle sur laquelle je suis assis et s'adosse sur moi.
Elle transpire la joie de vivre. On passe l'après-midi entrelacés sur le porche à rire et faire des devinettes.
Après une plâtrée de pâtes, elle s'assied à mon bureau et commence à lire mon livre. Son chignon retombe fort dans sa nuque, lâchant au passage quelques mèches de cheveux le long de son visage. Elle lit consciencieusement et passe l'une de ces mèches rebelles derrière son oreille. Je la regarde et la désire comme j'ai rarement désiré quelqu'un. Je regarde sa bouche, de temps en temps elle se lèche les lèvres et y laisse une légère couche brillante. Je vois sa poitrine se dresser à chaque courant d'air que provoque la porte laissée entrouverte. Ses jambes se croisent, se décroisent, elle se met en tailleur ou un genou relevé et l'autre plié. Elle ne tient pas en place.
Après une grosse demi-heure de lecture, je la vois bailler.
-Fatiguée ?
Elle hoche la tête, se lève de la chaise et vient m'enlacer.
-Dormez avec moi cette nuit.
Elle lève les yeux vers moi.
-S'il vous plait.
Avec ses grands yeux noirs et son visage d'ange, comment lui dire non ? Elle ne me lâche pas et me suis dans la chambre.
Je referme derrière nous et m'adosse à la porte. Elle prend une chemise à moi qui traine dans le linge et se met dos à moi pour retirer sa robe. Elle baisse d'abord les bretelles puis se défeuille de haut en bas. Arrivée aux genoux, elle laisse tomber sa robe sur le sol. Elle enfile ma chemise et se retourne vers moi. Elle rougit quand elle s'aperçoit que je ne l'ai pas quitté des yeux.
Elle s'assied sur le bord du lit et détache ses cheveux en une cascade brune et infinie. Elle se recule dans le fond du lit pour atteindre le coussin puis s'allonge et se tourne vers moi.
-Vous ne venez pas ?
Je n'ai qu'une réponse à cette question : je retire mon t-shirt et mon pantalon et me glisse près d'elle. Elle se blottie immédiatement contre moi, comme si elle avait attendu ça toute la journée.
J'ai un braquemart entre les jambes, j'essaie de garder mes distances, mais elle se colle à moi. Je ne peux pas m'empêcher de l'embrasser. Le temps d'une seconde, à plusieurs reprises, pour sentir la douceur de ses lèvres. Ça me rend plus dingue encore.
Elle frotte son bassin contre la bosse plus que prononcée dans mon caleçon.
-Lili, arrête. Je ne te garantie pas de rester sage si tu continues.
Elle ne s'arrête pas pour autant. Je me mets sur elle, sans cesser de l'embrasser et me colle entre ses jambes. Je commence un mouvement de va et vient qui la fait frémir. Elle me regarde profondément.
J'ai envie de retirer sa culotte et de la pénétrer à fond, mais je continue à me frotter contre elle en la regardant prendre son pied. Elle pousse des petits cris étouffés. J'accélère le va et vient, je ne me contrôle plus. Lili j'ai envie de te baiser maintenant.
Elle garde les yeux fermés et les mains accrochées à mes bras, se laissant emporter par mes mouvements rapides et secs. Ses cris m'excitent, j'accélère le rythme et l'accélère encore. Sous ses cris et mes gémissements, la chambre semble n'être plus qu'un lit. Plus rien n'existe autour de nous. Juste elle, sa peau douce, son odeur et sa voix, sous moi... sous mes coups de bassin à répétition. Elle s'abandonne entièrement à moi. Elle ne récupère pas son souffle et garde les ongles enfoncés dans mes bras, je l'embrasse sur toutes les parties de son corps accessibles.
J'ai déjà joui deux fois mais je vois qu'elle reste sensible à mes mouvements. Je ne m'arrête pas. J'ai l'impression que ce moment ne terminera jamais et me complaît dans cette sensation. Je profite et n'en rate pas une miette. Mon cerveau enregistre ces images pour ne jamais les oublier : Lili en pleine jouissance.
Elle n'arrive plus à m'embrasser tant son corps ne lui répond plus. Elle tremble de partout.
-Tu veux que j'arrête ?
Elle hoche la tête, à bout de souffle. Je me décale d'elle lentement et m'étends à ses côtés. Je rallume mon joint, nonchalamment jeté sur ma table de nuit et le tends à Lili, encore haletante. Elle me regarde comme anesthésiée : elle n'est de toute évidence plus en état de faire quoi que ce soit. Ces yeux brillent comme jamais, elle ne cesse de sourire. Ses mains parcourent ses cuisses de haut en bas et restent posées sur sa culotte, trempée.
Je la fais fumer en gardant le joint en main. Ça la fait rire.
Je pose ma main sur les siennes, toujours sur son entre-jambe.
-Ça t'a plût ?
Elle retire ses mains, me laissant seul sur sa petite culotte.
-C'était trop bon Derek.
Elle referme ses cuisses autour de ma main, m'emprisonnant dans son entre-jambe chaud et humide. Elle mouille abondamment, j'ai envie de la goûter, j'ai envie de la faire jouir avec mes doigts, de m'enfoncer profondément en elle.
-J'ai envie de vous Derek.
Elle me susurre ça, me suppliant presque.
Je la regarde : je ne peux pas faire ça. Je retire ma main malgré moi et prends son menton pour qu'elle me regarde.
-Je ne ferai pas ça. Je vais déjà beaucoup trop loin avec toi.
-Je ne le dirai à personne Derek, ce sera entre vous et moi, c'est tout... J'ai envie de vous.
Je me tourne dans le lit, les yeux fixés au plafond. Je rallume le joint éteint dans le cendrier de la table de nuit et reste silencieux. Eléonore finie par se blottir dans mes bras et s'endort quelques minutes plus tard.
*
Le bruit de l'eau qui coule dans la douche me réveille, j'entends l'album de R.E.M. Automatic For The People tourner sur le fond. Lili n'est plus à côté de moi et il fait grand soleil dehors. Une tente s'est formée avec le drap au niveau de mon entre-jambe, je profite de l'absence de Lili pour évacuer ma frustration.
Quand la douche s'arrête, je suis devant mon bureau, un verre et un joint en main, prêt à démarrer. J'entends Eléonore se glisser hors de la salle de bain et venir se faire un café.
Elle s'approche du bureau, curieuse, et lorgne l'avancée de mon roman. Elle porte mon peignoir.
-Je ne dois pas rentrer chez moi trop tard aujourd'hui : mes parents s'en vont vers 14h, je voudrais leur dire aurevoir.
Elle pose sa tasse de café sur le bureau, juste devant le clavier de mon ordinateur. Puis, d'un mouvement gracieux et sensuel, elle m'enjambe et s'assied sur moi.
-Je ne vous dérange pas pour écrire ?
Je passe mes bras autour d'elle et termine la phrase commencée à l'écran.
-Non, c'est parfait.
Elle est blottie contre moi et passe ses doigts le long de mon dos. Je frissonne.
J'essaie de me canaliser sur mon bouquin, en vain. Elle se colle à moi, m'embrasse... Ça me déconcentre. Je n'arrive plus à penser à autre chose qu'à sa bouche, sa peau, ses mains sur moi. Je capitule et m'affale dans le fond de mon siège pour savourer ses assauts lubriques. Ses baisers langoureux m'enflamment et ses déhanchés me rendent complétement dingue. J'attends quoi pour lui retirer ce peignoir et lui sauter dessus ? Elle ne demande que ça.
Je me fais des films dans ma tête en la regardant s'exciter sur moi.
Elle attrape ma main et les poses sur son entre ses jambes.
-S'il vous plait Derek...
Ses yeux sont fermés, elle frémit et transpire. Ses cheveux encore mouillés se collent à sa peau. Je n'ai plus la volonté de refuser ses avances et la laisse guider ma main sous son sous-vêtement.
Je tente de calmer mes ardeurs habituelles et attrape la bouteille de whisky pour engloutir plusieurs grosses gorgées.
-Tu vas me rendre complètement fou.
Drive résonne dans la maison.
Elle accompagne mes doigts sur les parties de son corps encore inexplorées, sous cette culotte que j'ai tant de fois imaginé retirer... Je la laisse me guider, à son rythme, dans son étroite intimité.
La chaleur oppressante de l'extérieur alourdit l'atmosphère déjà torride de la pièce. La moiteur ambiante fait suer nos corps et amplifie le côté sexuel de cet instant.
Mes doigts se perdent en elle doucement. Ses bras m'entourent, me laissant à présent seul aux commandes de mes va-et-vient hésitants.
Je me contrôle. Je me fais violence pour ne pas succomber à mes pulsions. J'ai envie d'elle, de son corps tout entier. Je dois penser à autre chose... Je sens ses mains sur mon entre-jambe, je vais perdre pied...
Je stoppe net sa frénésie, et la mienne par la même occasion. Je me lève brusquement de ma chaise et attrape la bouteille posée au sol.
-Eléonore, ne me demande plus de faire ça. Je pourrais être ton père putain...
Je bois et la dévisage de haut en bas. Elle a l'air en colère. Elle me regarde sèchement, comme si j'étais en train de l'engueuler. Sa bouche est encore plus désirable quand elle boude.
-Habille-toi et rentre chez toi Lili.
Elle va se changer dans la chambre et sort de la maison sans me dire aurevoir.
Je me rassieds à mon bureau et m'adosse à ma chaise, cogitant sur ces 10 dernières minutes.
J'ai son odeur partout sur moi, sur mes doigts, je remarque des traces de griffures sur mes bras. J'ai encore tout fait foirer.
**
Quinze jours qu'Eléonore n'est pas venue, mon bouquin avance vraiment bien. Elle me manque. Cette maison me parait triste et ennuyeuse quand elle n'est pas là. Il faut que je sorte.
Je prends la voiture et vais longer les routes côtières de la région pour m'en mettre plein la vue. Je traverse les petits villages des alentours, il ne fait pas trop chaud aujourd'hui, les gens profitent de l'extérieur, des terrasses et des parcs.
Une terrasse me fait de l'œil, elle a une vue sur l'océan et j'ai justement envie d'un petit rafraichissement. Je m'arrête et contemple les alentours. Petit coin bien sympa, bien isolé, adresse à retenir.
Je m'assieds en terrasse, tourné vers l'horizon et attend le barman.
-Un whisky sec s'il vous plait.
Le serveur est jeune, blond et boutonneux. Il ne doit pas avoir plus de 17 ans. Il a un badge à son nom : Éric. Nous ne sommes pas nombreux dans ce café, je suis donc très vite servi.
Je profite du moment. J'entends qu'il y a de l'ambiance à l'intérieur, des rires et des voix portent jusque sur la terrasse. Je commande un autre verre à Éric, qu'il m'apporte aussi rapidement que le premier.
Je passe par l'intérieur pour payer et reprendre la route. Le jeune Éric a l'air fort occupé avec sa petite amie. Je le vois de dos, embrassant langoureusement une petite brune contre le mur. Vu le nombre de personnes dans la salle, il n'a pas dû m'entendre arriver, je me racle la gorge.
Éric se tourne vers moi affolé.
Putain mais c'est ma petite brune à moi à qui il est en train de rouler une pelle !
Éric est le camarade de classe de Lili... Le franc tombe.
Je la dévisage. Elle remet sa jupe en place et me regarde avec de grands yeux. Sa bouche est toute humide, elle est légèrement décoiffée. Elle rougie tellement qu'on ne voit plus qu'elle.
Éric se met derrière la caisse pour me donner la note.
-Désolé M'sieur, c'est ma petite amie, vous savez ce que c'est. Ça vous fera 5 euros 40 M'sieur.
-Je sais ce que c'est en effet.
Je lui tends 7 euros et lui dis de garder la monnaie.
Sa « petite amie » ?
Lili me regarde gênée. Je la fixe quelques secondes et continue ma route.
A quoi elle joue ? Depuis quand c'est sa « petite amie » ? Quinze jours que je ne l'ai pas vue, C'est donc ça qu'elle fait quand elle est loin de moi.
Je me rends compte que je suis en train de rouler à 180 sur les routes de campagne, je décélère, me calme. Reprends un rythme de croisière et rentre à la maison.
Je me jette sur le canapé, pose la nouvelle bouteille de Jack sur la table basse et me roule un énorme pétard pour faire descendre ma rage.
Pourquoi suis-je si énervé ?
Qu'a-t-elle fait durant ces quinze jours ?
-Derek ?
Lili est de toute évidence rentrée. Je me lève et me dirige vers elle.
-Qu'est-ce que tu viens faire ici Eléonore ? Si c'est pour me prendre pour un con comme tout à l'heure, tu peux repasser plus tard.
-Quoi je... non... Derek. Je suis désolée. Je ne voulais pas....
-Ça fait quinze jours que je ne te vois plus et c'est pour te retrouver, par hasard, au bras de ce garçon ? J'appelle ça me prendre pour un con. Je vois que tu t'occupes très bien sans moi et que tu n'as plus besoin de « mes services ». J'ai bien compris pourquoi tu restais et après un refus indiscutable tu as tout simplement décidé de ne plus venir et d'aller voir ailleurs. Je n'ai plus l'âge de ces conneries.
Elle ne dit rien, me regarde la bouche serrée, les larmes aux yeux.
-Ma valise est faite, je retourne à Paris. Je ne sais pas à quoi tu joues, mais pas avec moi... Bonne continuation fillette.
-Derek, non partez pas maintenant s'il vous plait.
Elle pleure et s'accroche à moi.
-Je suis désolée, restez encore !
-Je n'y arriverai pas Eléonore... Tu me rends dingue... Je deviens fou ici, que tu sois là ou pas. J'ai besoin de prendre du recul, je dois rentrer.
J'ai envie de l'embrasser encore une fois avant de partir.
Je l'attrape par les épaules et la plaque violemment contre le mur pour accéder à la porte. Elle est en larme, prostrée.
Je monte dans le pickup et démarre ; il faut que je parte, qu'on s'éloigne l'un de l'autre.
*
Je roule toute la nuit. J'arrive au petit matin à l'appartement. Je ne pensais pas qu'il pouvait faire si chaud à Paris en cette saison.
Je m'écroule sur mon lit et dors toute la journée.
Mon sommeil est rythmé de rêves érotiques avec Lili. Je me réveille toutes les heures avec une gaule pas possible.
Il faut que je baise.
Je me lève vers 20h. Je me lave et me dirige vers la maison des parents d'Angélique.
Je lui envoie un sms une fois garé : Je suis devant.
Elle sort de chez elle et comme elle en a pris l'habitude, se jette sur moi en passant par la portière côté passager. Je l'empêche de se rassoir sur son siège et l'amène sur mes genoux pour l'embrasser langoureusement. Je passe ma main sous sa petite culotte pour y glisser mes doigts et la fais s'empaler sur moi.
Elle inspecte les alentours.
-Ne t'arrête pas Angélique.
Je la fais rebondir sur mes genoux jusqu'à m'abandonner en elle.
-Rentre chez toi maintenant mon ange. Je t'appelle dans la semaine.
Elle reste là à me regarder, puis sort du pickup.
-Passe une bonne nuit Derek.
Sur la route vers l'appartement je pense à Lili. Si j'avais su, je l'aurais baisée comme je baise Angélique.