Chapitre 5 Chapitre 5

Chapitre 5

Alice ne s'était jamais sentie aussi vulnérable que ce jour-là. Elle savait que Damian Hunter n'était pas un homme à prendre à la légère. Ses regards glacés, son sourire dissimulé, tout en lui criait la menace, la manipulation, la domination. Mais rien n'aurait pu la préparer à l'affrontement qui allait se dérouler, là, devant elle. Elle avait eu le temps de réfléchir, de se convaincre qu'elle n'avait rien à perdre, mais face à lui, tout ce qu'elle avait construit semblait fragile, comme du verre prêt à se briser.

« Je ne vous ai pas invité ici, Alice, » dit-il, sa voix basse, presque dénuée de toute émotion. « Mais je suppose que vous êtes trop têtue pour comprendre. »

Elle leva les yeux vers lui, les sourcils froncés. Il ne pouvait pas être aussi direct, aussi cruel, sans raison. « Je suis là pour Claire, Damian. Pas pour vous. »

Il la dévisagea, un rictus indéchiffrable sur les lèvres. Il savait très bien pourquoi elle était là. C'était lui, la raison, l'éléphant dans la pièce, même si personne ne l'osait jamais nommer.

« Claire est une grande fille. Elle sait ce qu'elle fait, » répondit-il avec un ton détaché, comme s'il balayait l'ensemble du sujet d'un simple geste de la main. « Vous, par contre, vous êtes ici parce que vous n'avez rien d'autre à faire. Croyez-moi, ce ne sera pas la première fois que vous vous brûlerez les ailes à vouloir jouer les justicières. »

Alice sentit une rage sourde se lever en elle, mais elle la réprima. Elle devait garder son calme, ne pas lui donner la satisfaction de la voir perdre son contrôle. Damian savait exactement où il frappait, il savait quoi dire pour la déstabiliser. C'était un maître dans l'art de la manipulation, et elle était une simple apprentie, même si elle n'aimait pas le reconnaître.

« Vous croyez que je vais reculer ? » répondit-elle enfin, la voix plus ferme qu'elle ne l'aurait voulu. « Je ne suis pas là pour faire plaisir à Claire, ni pour vous faire plaisir. Je suis là parce qu'il y a trop de choses que vous cachez. Et je vais les découvrir. »

Il s'approcha d'elle lentement, comme un prédateur prenant son temps pour encercler sa proie. Alice ne bougea pas, mais elle sentit la tension monter dans l'air autour d'eux. Elle avait envie de reculer, de fuir, mais elle savait que ce serait la fin de tout. Ce qu'il voulait, c'était l'intimider, la faire se sentir insignifiante, faible. Mais elle ne se laisserait pas faire.

« Vous pensez vraiment pouvoir gagner cette bataille ? » demanda-t-il, son regard perçant planté dans le sien. « Je vous assure que vous ne connaissez pas l'ampleur de ce que vous êtes en train de défier. »

« Je connais assez de choses pour savoir que vous ne vous arrêterez devant rien, » répondit-elle, la voix froide. « Mais je ne partirai pas. Vous pouvez essayer de m'intimider, de me faire peur, mais je ne vais pas me taire. »

Un éclat de rire, faible mais cinglant, échappa à Damian. Il s'écarta un peu, l'observant comme un tigre qui tourne autour de sa proie, prêt à frapper au moment où il le jugerait nécessaire. « Vous croyez que c'est de la peur que vous ressentez, Alice ? Vous vous trompez. Vous ressentez l'effroi, le genre d'effroi qui vous déchire de l'intérieur sans que vous sachiez pourquoi. »

Elle se haussait de plus en plus d'épaule, refusant d'admettre qu'il avait raison. Il ne devait pas la faire douter. Elle était là pour une raison, et même si elle avait l'impression que tout lui échappait, elle devait garder sa tête froide.

« Vous avez probablement une belle image de vous-même, vous êtes l'homme à abattre, le grand stratège, mais vous êtes aussi comme tous les autres, » dit-elle, s'efforçant de paraître plus calme qu'elle ne l'était. « Vous êtes juste un homme avec des ambitions cachées, des secrets qu'il ne veut pas voir exposer. »

Damian la fixa un instant, puis ses lèvres s'étirèrent en un sourire. Pas un sourire amical, non, un sourire qu'il réservait à ses ennemis, à ceux qu'il détestait ou qu'il méprisait. Ce sourire, Alice l'avait vu avant, elle l'avait vu sur d'autres visages, dans d'autres situations. C'était un sourire de défi, un sourire de domination.

« Ambitions ? Vous croyez que j'ai des ambitions ? » Il se mit à rire, mais son rire était froid, distant. « Tout ce que j'ai, je l'ai pris. Rien ne m'a été donné. Vous parlez de secrets, mais vous ignorez tout de ce que j'ai fait pour en arriver là. Ce que je suis, ce que j'ai, c'est la conséquence de choix que vous ne pouvez même pas imaginer. Vous voulez savoir ce que j'ai caché ? Il y a des choses que même vous, avec toute votre arrogance, ne voudriez pas connaître. »

Alice sentit une colère brûlante s'emparer d'elle, mais elle s'efforça de la contenir. Il ne fallait pas qu'il sache qu'il avait touché juste, qu'il avait trouvé une fissure dans son armure. « Vous vous croyez invincible, mais vous n'êtes qu'un homme, Damian. Et je vais vous le prouver. »

Le sourire de Damian se fit plus glacé, presque moqueur. « Tant mieux. Je préfère quand vous vous prenez pour un héros. Mais sachez que ce n'est pas une histoire de pouvoirs ou de forces. C'est une question de survie. Vous ne comprenez pas encore, mais vous allez vite apprendre que dans ce monde, ceux qui ne comprennent pas se font écraser. »

Alice l'ignora, son esprit tournant à toute vitesse. Ce qu'il venait de dire n'était pas qu'une menace, c'était un avertissement. Un avertissement sur tout ce qui se jouait derrière le mariage avec Claire, derrière les apparences, derrière les bons rapports d'affaires. Ce mariage n'était pas qu'une alliance, c'était un instrument. Un instrument pour des jeux de pouvoir qu'elle ne comprenait pas encore, mais qu'elle allait découvrir, coûte que coûte.

Elle le regarda de nouveau, les yeux fixés sur lui, bien décidée à ne pas fléchir. « Je n'ai pas peur de vous, Damian. Ni de vos jeux. Je vais tout savoir. Parce qu'au bout du compte, il n'y a qu'une vérité : celle que vous essayez de cacher. »

Son regard s'assombrissait, une lueur de colère et de défi dans ses yeux. « Vous ne savez pas à qui vous vous attaquez. »

Elle tourna les talons sans un mot de plus. Ce n'était pas la fin. Ce n'était que le début. Elle était prête à plonger dans l'enfer qu'il avait créé, et elle sortirait victorieuse, ou pas du tout. Mais qu'il sache bien une chose : elle ne se laisserait pas écraser. Elle allait le faire tomber, lui et tout ce qu'il représentait.