Chapitre 3 Chapitre 3

Chapitre 3

Claire arriva dans le bureau avec un air qui trahissait un mélange de nervosité et d'excitation. Alice la regarda sans rien dire, le silence s'étendant entre elles comme une mer calme juste avant la tempête. Claire s'assit, se forçant à sourire, mais il y avait quelque chose de bizarre dans son regard, quelque chose qui fit immédiatement tiquer Alice. Elle avait l'habitude de lire les gens, de capter ces petits signes de malaise qu'ils essayaient de dissimuler. Et là, ce n'était pas le sourire d'une jeune femme amoureuse, mais celui de quelqu'un qui cachait un secret.

« Alice, » dit Claire d'une voix un peu plus tremblante que d'habitude, « j'ai quelque chose à te dire. »

Alice se força à sourire, même si elle n'avait aucune idée de ce qui allait suivre. « Je t'écoute. »

« Damian et moi... nous avons décidé de nous marier. »

Les mots frappèrent Alice comme une gifle. Son esprit se figea un instant, et elle eut du mal à assimiler ce qu'elle venait d'entendre. C'était absurde, totalement insensé. Claire et Damian ? Les deux, ensemble ? Le milliardaire impitoyable, l'homme responsable de tant de souffrances dans la vie d'Alice, allait épouser Claire ?

« Tu... tu es sérieuse ? » demanda Alice, ses mots venant avec difficulté, chaque syllabe chargée de méfiance.

Claire hocha la tête, son sourire se fissurant sous le regard perçant d'Alice. « Oui. C'est officiel. Nous avons discuté de tout ça, et il... il m'a demandé de l'épouser. Je n'avais pas le choix. Il fallait que je fasse ça, Alice. Pour l'entreprise, pour la famille. »

« Mais... pourquoi ? Pourquoi lui ? » Alice avait du mal à comprendre. Que pouvait bien avoir Damian de si spécial pour que Claire accepte un mariage avec lui ? Un mariage arrangé, ce n'était pas le genre de Claire. Elle était gentille, généreuse, et même un peu naïve parfois. Mais pas assez pour se laisser entraîner dans un mariage qui semblait aussi froid et calculé.

« Je n'ai pas eu de choix, Alice. » Claire baissa les yeux. « Il avait déjà tout prévu. Tout était orchestré. Un contrat, des obligations. Il m'a dit que c'était pour l'avenir de l'entreprise familiale. »

Alice sentit une colère sourde monter en elle, et elle se leva brusquement. « Tu ne peux pas faire ça, Claire. Tu ne peux pas te laisser manipuler comme ça ! »

« Je n'ai pas le choix ! » Claire s'était mise à pleurer maintenant, des larmes silencieuses roulant sur ses joues. « Je veux te protéger, mais je ne peux pas m'en sortir seule. Je dois épouser Damian. Je dois... »

Alice s'approcha d'elle, posant une main ferme sur son épaule. « Tu te protèges en te mariant avec lui ? C'est un piège. Tout ça, c'est un piège, Claire. Tu crois vraiment que Damian agit par amour ? Il veut quelque chose, et ça n'a rien à voir avec tes sentiments. »

Claire la regarda, son regard noyé dans les larmes. « Que veux-tu que je fasse, Alice ? Il a tout sous contrôle. J'ai vu ce qu'il a fait à ton père. J'ai vu comment il manipule tout autour de lui. Si je ne fais pas ce mariage, je vais tout perdre, et toi aussi. »

Le silence retomba dans la pièce. Alice regarda Claire, son esprit tournant à toute vitesse. Elle avait toujours détesté Damian, mais entendre Claire parler de lui ainsi, comme s'il était un tyran invisible qui contrôlait tout, la fit frémir. Il n'était pas question qu'elle laisse ce mariage se faire sans y mettre son grain de sel. Elle n'avait jamais cru aux contes de fées, mais ça, c'était bien un cauchemar.

« Tu sais ce qu'il te reste à faire, Claire, » dit Alice après un long moment de réflexion. « Tu dois repousser ce mariage, coûte que coûte. »

Claire sembla un instant hésiter, mais son regard se fixa sur Alice, ses yeux emplis de détresse et de confusion. « Comment ? »

« Je vais intervenir, » répondit Alice, son ton devenu plus ferme. « Je suis ton avocate maintenant, et tu as besoin de conseils juridiques. Il y a des failles dans ce mariage, Claire. Des failles qu'on peut exploiter. »

Claire secoua la tête, mais Alice pouvait voir qu'elle était prête à l'écouter. C'était tout ce qu'elle voulait, après tout. Que Claire comprenne qu'elle n'était pas seule. Que ce mariage, bien qu'inéluctable pour elle, pouvait encore être arrêté. « Tu ne peux pas épouser un homme comme lui. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'il ne t'aime pas. C'est une transaction. Une manipulation. »

Claire la regarda intensément, cherchant des réponses dans les yeux d'Alice. « Tu crois que c'est tout ? Un jeu de pouvoir ? »

« Oui. Il est comme ça. Il se cache derrière son empire, il se cache derrière ce mariage. Mais tout ce qu'il veut, c'est avoir le contrôle sur toi, sur ta famille, sur ton héritage. »

Claire hocha la tête lentement, visiblement en proie à un tourbillon de pensées. Alice savait que l'idée d'annuler ce mariage la hantait déjà. Mais elle devait aller plus loin. Elle devait l'aider à voir au-delà des apparences.

« Tu dois m'écouter, Claire, » insista Alice. « Tu ne peux pas faire ça seule. Je vais t'aider à protéger ta famille, mais il faut que tu sois prête à te battre. »

Claire tremblait maintenant. Elle savait qu'Alice avait raison. Elle savait que tout ça n'était pas juste une question de sentiments ou de devoir familial. Damian Hunter était un monstre déguisé en homme d'affaires respectable, et Claire était prise dans ses filets.

Alice retourna au bureau, un plan déjà en tête. Elle allait devoir exploiter chaque faiblesse de Damian, chaque faille dans le système. Ce mariage ne pouvait pas avoir lieu. Pas tant qu'Alice serait là pour le stopper. Et pour cela, il allait falloir jouer un jeu dangereux. Un jeu qui allait peut-être la faire entrer dans l'arène qu'elle détestait tant. Mais tant qu'il y aurait une chance de sauver Claire, Alice allait tout donner.

Elle se leva brusquement. « Je vais commencer à analyser les documents liés au mariage, » dit-elle. « On va trouver une solution, Claire. On va stopper ce mariage, avant qu'il ne soit trop tard. »

« Tu es sûre de toi ? » Claire demanda, sa voix brisée mais remplie d'espoir.

Alice se tourna vers elle, un regard déterminé dans les yeux. « Oui. Il est temps de leur montrer qu'ils n'ont pas tout le pouvoir. »