La salle de bal résonnait des éclats de rires et des bruits de conversations animées. Les murs richement décorés de tentures et de miroirs reflétaient les lumières tamisées des lustres en cristal, baignant l'atmosphère d'un éclat chaleureux. Mélissa observait la scène depuis un coin reculé de la pièce, une coupe de champagne à la main. Elle portait une robe d'un noir profond, élégante et simple, qui mettait en valeur sa silhouette affinée et rehaussait son allure mystérieuse. Ses cheveux, coupés courts, révélaient la détermination de ses traits et faisaient ressortir l'éclat intense de ses yeux.
Elle se sentait sereine, en contrôle. Sa transformation était totale. Dans cette salle pleine de gens, elle passait presque inaperçue, mais elle savait que l'élégance de son allure, le calme assuré de sa posture, captaient discrètement les regards. Elle remarqua quelques hommes qui la fixaient avec curiosité, hésitant à s'approcher, peut-être intimidés par la froideur calculée de son attitude.
C'est alors qu'elle le vit entrer. Lui. Celui qu'elle avait aimé pendant huit ans et qui l'avait trahie de la manière la plus cruelle. Son cœur manqua un battement, mais elle resta impassible, se forçant à garder un visage de marbre. Il semblait détendu, insouciant, parlant avec quelques amis d'un air jovial. Elle observa ses gestes, ce sourire familier qui autrefois faisait battre son cœur plus fort. Mais ce soir, elle se sentait comme une étrangère face à cet homme qui avait autrefois signifié tant pour elle.
Il ne l'avait pas encore remarquée, et elle se sentit presque soulagée. Elle n'était pas certaine de sa réaction à la vue de son visage. Elle savait qu'elle avait changé, qu'elle n'était plus la même femme, mais elle craignait malgré tout que le souvenir de leur relation ne vienne troubler la maîtrise qu'elle avait acquise. Elle détourna légèrement le regard, décidant de ne pas lui accorder plus d'attention. Il ne méritait pas son regard, ni sa présence, ni même sa pensée.
Mais le destin en décida autrement. Elle sentit soudain un regard insistant sur elle, et elle se tourna, impassible, pour tomber nez à nez avec lui. Il la fixait, un mélange de surprise et d'intrigue dans les yeux. Elle le regarda quelques secondes, indifférente, comme s'il n'était qu'un inconnu dans la foule. Elle détourna ensuite les yeux, comme si ce simple échange de regard n'avait pas la moindre importance.
Il s'approcha, pourtant. Elle sentit son regard s'alourdir, son pas hésitant comme si lui-même ne croyait pas ce qu'il voyait. Il s'arrêta à quelques centimètres d'elle, l'observant d'un air où se mêlaient l'incrédulité et l'intérêt.
« Mélissa ? C'est... c'est bien toi ? » Sa voix trahissait un mélange de surprise et de perplexité.
Elle leva les yeux vers lui, le fixant avec une froideur qu'elle maîtrisait à la perfection. Elle n'avait plus à jouer de rôle, tout en elle exprimait la distance et l'indifférence. Elle haussa légèrement les sourcils, comme si sa présence ici ne signifiait rien pour elle.
« Oui, c'est moi, » répondit-elle simplement, d'une voix calme et posée.
Il la scruta, visiblement troublé. Son regard parcourait son visage, s'attardait sur ses cheveux courts, sa tenue élégante, comme s'il essayait de retrouver la femme qu'il avait autrefois connue. Mais la Mélissa d'avant n'était plus là ; celle qui se tenait devant lui était une femme en pleine possession de sa force, et cela semblait le déstabiliser.
« Tu... tu as changé, » balbutia-t-il, comme s'il peinait à comprendre ce qui se passait. « Je ne t'avais pas reconnue. »
Elle eut un léger sourire, glacé et presque imperceptible. « Les choses changent, » répondit-elle simplement.
Il resta silencieux un instant, comme s'il cherchait les mots. Puis, prenant son courage à deux mains, il lui lança un regard hésitant, presque vulnérable.
« Ça fait longtemps. J'espérais qu'on pourrait parler. »
Elle soutint son regard sans ciller, le jaugeant d'un œil perçant. Ce désir de renouer le dialogue, de retrouver un semblant de connexion, lui semblait dérisoire. Il lui avait suffi de quelques mots pour comprendre qu'il ne la connaissait pas, qu'il n'avait jamais pris la peine de vraiment voir qui elle était. Cette pensée la rendait étrangement sereine.
« Parler ? De quoi ? » répliqua-t-elle d'une voix neutre.
Il sembla pris au dépourvu par son ton, et elle put voir une lueur d'incertitude traverser son regard. Ce n'était pas la réaction à laquelle il s'attendait, et cela le perturbait visiblement.
« Je... Je ne sais pas, de... de tout ça, » bafouilla-t-il. « Je pense qu'on devrait se retrouver, discuter de ce qui s'est passé. »
Elle le fixa, impassible, un éclat de froideur dans les yeux. « Tout ça » ? Sa trahison, la souffrance qu'elle avait endurée, réduites à un vague « tout ça » ? Elle ne put réprimer un sourire sarcastique. Il ne méritait aucune explication. Elle avait tiré un trait sur cette partie de sa vie et n'avait aucune intention de lui offrir le luxe de renouer un semblant de relation.
« Il n'y a rien à discuter, » répondit-elle sèchement, tournant légèrement la tête pour regarder ailleurs.
Il sembla désorienté, comme s'il ne comprenait pas ce qui se passait. Il cherchait quelque chose, une connexion, un souvenir peut-être, mais elle lui offrait seulement une indifférence glaciale.
« Mais... Mélissa, je veux dire... je regrette tellement ce qui s'est passé. J'ai fait des erreurs, je le sais. J'aurais aimé pouvoir tout effacer, repartir de zéro avec toi. »
Elle réprima un rire amer. Repartir de zéro ? Comme si tout ce qu'elle avait vécu pouvait être effacé, comme si elle pouvait oublier cette douleur pour lui offrir une seconde chance. Non, il n'y aurait aucun retour en arrière. Elle était devenue bien trop forte pour cela.
« Certaines choses ne peuvent pas être effacées, » dit-elle d'une voix tranchante. « On doit vivre avec les choix qu'on fait. »
Elle sentit son regard désemparé sur elle, mais elle n'en avait cure. Elle lui tourna le dos et s'éloigna lentement, le laissant seul, désemparé au milieu de la foule. Elle savait qu'elle avait attisé sa curiosité, peut-être même son regret. Et cela ne la touchait absolument pas. C'était précisément l'effet qu'elle recherchait : lui montrer qu'elle avait évolué, qu'elle n'était plus la femme qu'il pouvait manipuler et blesser impunément.
Elle continua à avancer dans la salle, le menton haut, un sourire en coin. Elle sentait les regards sur elle, l'admiration mêlée de respect que suscitaient sa démarche assurée et son attitude de femme indépendante. Elle savait qu'il la regardait, qu'il était incapable de détacher son regard de cette femme qu'il ne reconnaissait plus, cette Mélissa qui semblait avoir effacé toute trace du passé qu'ils avaient partagé.
Elle échangea quelques mots avec des invités, profitant de la soirée avec une élégance froide, inaccessible. Mais elle ne put s'empêcher de remarquer, de loin, les tentatives maladroites de son ex pour la rejoindre, pour tenter d'entamer à nouveau la conversation. Chaque fois, elle feignait de ne pas le voir, se glissant dans la foule, se laissant emporter par d'autres discussions, l'ignorant ostensiblement.
Finalement, il trouva un moyen de l'aborder à nouveau, et cette fois, il la regarda avec une intensité presque désespérée.
« Mélissa, s'il te plaît, » murmura-t-il, visiblement troublé. « Je ne sais pas ce qui s'est passé pour toi, ce qui t'a transformée ainsi... Mais j'aimerais que tu me laisses une chance. Laisse-moi te montrer que j'ai changé, moi aussi. »
Elle le fixa, en silence, laissant ses mots glisser sur elle sans qu'ils n'éveillent la moindre émotion. Il était trop tard pour les excuses et les regrets, trop tard pour chercher à la rattraper. Elle avait passé trop de nuits à essayer de comprendre pourquoi il l'avait trahie, à chercher des réponses qu'il n'avait jamais été capable de lui donner.
« J'ai appris une chose, » dit-elle d'une voix glaciale, « c'est que les mots ne valent rien sans les actes. Et jusqu'ici, tout ce que tu m'as montré, c'est ton incapacité à tenir tes promesses. »
Elle le laissa ainsi, pétrifié, déstabilisé par cette femme qu'il ne parvenait plus à comprendre. Puis, sans un mot de plus, elle tourna les talons et quitta la salle, le laissant seul au milieu des rires et des éclats de voix.
En regagnant la nuit fraîche,
Elle sentit une vague de satisfaction l'envahir. Elle n'avait plus besoin de lui.