Téa avançait en silence aux côtés de Nicolas, parcourant les terres de la frontière avec vigilance. Elle sentait le poids de sa présence à chaque pas, et, malgré elle, elle commençait à percevoir autre chose derrière son arrogance. Depuis le début de cette mission, son attitude semblait s'être adoucie, même si elle n'arrivait pas à savoir si cela était dû à la situation ou à autre chose. Nicolas gardait les yeux fixés sur l'horizon, ses sens en alerte, prêt à réagir à la moindre menace. Pourtant, quelque chose dans son comportement trahissait une attention qu'il n'avait jamais eue auparavant, comme s'il surveillait leur environnement autant qu'il la surveillait elle.
Ils marchèrent en silence un moment, jusqu'à ce que Téa décide de briser la glace.
« Pourquoi tu te donnes tout ce mal pour me provoquer ? » demanda-t-elle, le regard droit devant elle. « Tu pourrais te contenter de m'ignorer, comme tu le fais avec les autres. »
Nicolas la regarda du coin de l'œil, visiblement surpris par sa question. Il hésita un instant avant de répondre, comme s'il pesait ses mots.
« Peut-être parce que tu es différente, » finit-il par dire, le ton sérieux. « Avec toi, je ne sais jamais à quoi m'attendre. Les autres... disons qu'ils me laissent faire ce que je veux sans jamais me défier. »
Elle le regarda, étonnée. « Alors tu préfères être défié ? »
Un sourire en coin apparut sur les lèvres de Nicolas. « Disons que ça rend les choses intéressantes. Ça change de ceux qui me flattent uniquement parce que je suis le fils de l'Alpha. »
Téa resta silencieuse, digérant ses mots. Elle n'avait jamais pensé à la pression qui pesait sur lui en tant qu'héritier. Tout le monde voyait Nicolas comme une sorte de prince arrogant, mais elle commençait à se demander si cette attitude n'était pas une façade pour masquer quelque chose de plus profond.
« Alors c'est ça, ton truc ? Ta façon de faire face à cette pression ? » demanda-t-elle, un peu plus doucement.
Nicolas se tendit légèrement, son regard fuyant le sien. « Peut-être, » murmura-t-il. « C'est plus facile de jouer au dur que de laisser les autres voir que... »
Il s'interrompit, comme s'il en avait déjà trop dit. Téa le dévisagea, touchée par cette confession inattendue. Elle ressentit un élan de compassion, quelque chose qui ne ressemblait en rien à l'agacement qu'elle avait ressenti auparavant. Avant qu'elle ne puisse répondre, un bruit soudain attira leur attention. Nicolas se tendit immédiatement, posant une main protectrice sur son bras pour la stopper. Son regard s'était durci, et Téa pouvait sentir l'adrénaline qui montait en elle. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle, guettant le moindre mouvement.
« Quelque chose approche, » murmura-t-il, les yeux fixés sur les arbres environnants.
Ils échangèrent un regard, puis se mirent en position, prêts à réagir. L'instant d'après, trois silhouettes surgirent des fourrés. Ils n'étaient pas de leur meute - des intrus, manifestement agressifs, qui n'avaient pas l'intention de parlementer. Nicolas réagit en un éclair, se plaçant instinctivement devant Téa pour la protéger.
Les ennemis les encerclèrent, un sourire mauvais aux lèvres. Téa sentit ses muscles se tendre, prête à se défendre. Nicolas lui jeta un coup d'œil, un éclair d'inquiétude dans le regard.
« Reste derrière moi, » ordonna-t-il, d'un ton sans appel.
Elle serra les dents, refusant de se laisser intimider. « Je peux me défendre toute seule, tu sais. »
Mais Nicolas n'écoutait pas, ses yeux étaient rivés sur leurs assaillants, ses mains déjà prêtes à frapper. L'affrontement fut brutal. Les ennemis attaquèrent avec une force déconcertante, mais Téa et Nicolas, bien que surpris, ne cédèrent pas. Téa esquivait les coups, ses mouvements fluides et précis, tandis que Nicolas luttait avec une férocité impressionnante. Elle remarqua, même dans le feu de l'action, qu'il gardait toujours un œil sur elle, s'assurant qu'elle ne soit pas en danger.
Un moment d'inattention, cependant, faillit leur coûter cher. Un des ennemis parvint à contourner Nicolas et se précipita sur Téa. Avant qu'elle ne puisse réagir, elle sentit une main puissante agripper son bras, la tirant en arrière. Elle se débattit, mais l'adversaire ne la lâcha pas. Juste avant qu'il ne l'attaque, Nicolas surgit, le visage empreint d'une rage froide. Il asséna un coup puissant qui projeta l'ennemi à terre, libérant Téa dans la foulée.
« Je t'avais dit de rester derrière moi, » grogna-t-il, visiblement contrarié.
Elle reprit son souffle, une réplique sur le bout de la langue, mais avant qu'elle ne puisse parler, un autre ennemi attaqua. Cette fois, ils luttèrent ensemble, leurs mouvements s'harmonisant étrangement, comme s'ils avaient toujours combattu côte à côte. Téa se surprit à lui faire confiance, sentant qu'il la protégeait sans pour autant la considérer comme faible. Et Nicolas, pour la première fois, semblait la respecter comme une partenaire à part entière.
Après un combat intense, ils finirent par repousser les assaillants, qui prirent la fuite, blessés et vaincus. Nicolas et Téa restèrent un moment immobiles, reprenant leur souffle, leurs regards se croisant dans un silence empreint d'émotion. Ils avaient réussi, ensemble, et elle savait que cette expérience venait de changer quelque chose entre eux.
« Pas mal pour quelqu'un qui prétendait pouvoir se défendre seule, » lança-t-il finalement, un sourire en coin.
Elle leva les yeux au ciel, mais ne put s'empêcher de sourire. « Et toi, pas mal pour quelqu'un qui pense que je suis incapable de me protéger. »
Nicolas éclata de rire, un rire franc, sans moquerie cette fois. Téa le regarda, surprise. Ce rire, elle ne l'avait jamais entendu. Ce n'était pas le rire du Nicolas arrogant qu'elle avait connu jusqu'à présent, mais celui d'un homme capable d'une sincère légèreté.
Ils continuèrent leur patrouille, mais cette fois, l'atmosphère entre eux avait changé. Nicolas s'ouvrit davantage, lui parlant de son enfance, de ses attentes en tant que futur Alpha, et des défis auxquels il faisait face. Téa, de son côté, lui parla de sa propre expérience au sein de la meute, de ses peurs et de ses espoirs. Elle était surprise de voir à quel point il pouvait être à l'écoute, et comment il arrivait à la rassurer d'un simple regard ou d'un mot.
Ils ne s'étaient jamais sentis aussi proches, et chaque moment passé ensemble renforçait ce lien naissant. Téa se sentait inexplicablement protégée à ses côtés, et Nicolas, lui, semblait retrouver une part de lui-même qu'il avait enfouie sous son arrogance.
La nuit tombait doucement quand ils atteignirent une clairière pour installer leur campement. Alors qu'ils rassemblaient du bois pour le feu, Téa sentit une chaleur inattendue en elle, quelque chose qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant.
« Téa, » dit-il doucement, interrompant le silence qui les enveloppait. « Je voulais te dire... Merci. Pour m'avoir fait voir les choses différemment. »
Elle releva la tête, surprise. Il la fixait avec un regard sérieux, ses traits durs adoucis par une sincérité désarmante. Elle ne sut quoi répondre, prise au dépourvu. Mais quelque chose en elle savait que cette nuit-là, tout avait changé. Ils s'étaient découverts l'un l'autre, et, même s'ils étaient encore loin de tout se dire, elle sentait qu'un lien indéfectible venait de se nouer entre eux.
« Merci à toi, » murmura-t-elle enfin, touchée. « Pour m'avoir fait confiance. »
Ils échangèrent un sourire, une compréhension silencieuse entre eux, et continuèrent à préparer le campement. Pour la première fois, elle se sentait vraiment en paix en sa compagnie.