Aujourd'hui, cependant, elle se promit que les choses allaient changer. Elle ne savait pas encore comment, mais elle allait lui montrer qu'il ne pouvait pas continuer à la provoquer impunément. Elle le vit arriver vers elle, avec son air suffisant habituel, et elle se prépara mentalement. Il ne la surprendrait pas cette fois.
« Salut, Téa, » lança-t-il d'un ton décontracté, les mains enfoncées dans les poches de son manteau. « On dirait que tu ne peux vraiment pas te passer de moi, toujours dans les parages... »
Téa respira un grand coup pour maîtriser la colère qui montait en elle. Elle décida qu'elle n'allait plus esquiver ses piques ou faire comme si cela ne l'atteignait pas. Cette fois, elle allait répondre.
« Peut-être que c'est toi qui me traques, » répliqua-t-elle, les bras croisés. « Après tout, tu sembles bien plus préoccupé par ce que je fais que l'inverse. »
Il haussa un sourcil, légèrement surpris, mais un sourire amusé s'étira sur ses lèvres. Il semblait apprécier cette nouvelle réplique.
« Touché, » répondit-il, un éclat de malice dans le regard. « Je ne pensais pas que tu étais capable de riposter. »
« Et moi je ne pensais pas que tu avais une si haute opinion de toi, » rétorqua-t-elle sans se démonter.
Il rit, mais son rire manquait de la nonchalance habituelle. Pour la première fois, il semblait déstabilisé, même si ce n'était qu'un bref instant. Puis il se rapprocha, réduisant la distance entre eux de manière intentionnelle, presque menaçante.
« Je crois que tu commences à comprendre, Téa, » murmura-t-il, son regard braqué dans le sien. « Je n'ai pas besoin de faire d'efforts pour attirer l'attention des autres. »
Leur proximité la déstabilisa un instant, mais elle refusa de céder. Elle sentait le regard des membres de la meute autour d'eux, observant la scène avec intérêt. C'était probablement la première fois qu'ils voyaient quelqu'un tenir tête à Nicolas. Elle prit une grande inspiration, puis recula d'un pas, un sourire méprisant aux lèvres.
« Peut-être, mais avec moi, ça ne marche pas, » dit-elle fermement, sa voix claquant comme un fouet.
Elle aurait juré voir un éclair passer dans le regard de Nicolas, un mélange d'agacement et de défi. Avant qu'il ne puisse répliquer, un murmure s'éleva dans la meute autour d'eux. Les loups s'étaient arrêtés pour les observer, murmurant entre eux, curieux de ce qui se passait. C'était un spectacle inhabituel, et Téa sentait le poids des regards peser sur elle. Elle n'était pas vraiment à l'aise d'être au centre de l'attention, mais elle refusait de se laisser impressionner.
« Vous deux, dans mon bureau. Immédiatement. »
La voix de l'Alpha résonna dans l'air, imposante. Téa et Nicolas se tournèrent d'un même mouvement pour voir l'Alpha les regarder, les bras croisés, un regard dur fixé sur eux. La tension était palpable, et Téa savait qu'ils n'avaient pas le choix. Elle échangea un dernier regard avec Nicolas avant de suivre l'Alpha, la mâchoire serrée, prête à affronter ce qui l'attendait.
Une fois dans le bureau de l'Alpha, ils se retrouvèrent debout, côte à côte, face à lui. Il les scruta un moment en silence, son regard passant de Nicolas à Téa, comme s'il analysait la situation. Puis il prit la parole d'un ton grave.
« J'ai observé vos querelles depuis un certain temps, et cela commence à poser problème dans la meute, » dit-il. « Vos petites rivalités nuisent à l'harmonie du groupe, et cela ne peut pas continuer. »
Téa baissa les yeux, un peu honteuse. Elle savait que leur attitude n'était pas idéale, mais elle ne pensait pas que cela irait jusqu'à attirer l'attention de l'Alpha lui-même.
« C'est pourquoi je vais vous assigner une mission ensemble, » continua-t-il. « Peut-être qu'en travaillant en équipe, vous comprendrez l'importance de la cohésion et du respect mutuel. »
Téa sentit son estomac se nouer. Travailler en équipe avec Nicolas ? Elle n'était pas sûre de pouvoir le supporter. Elle osa un regard vers lui, mais il semblait parfaitement calme, presque amusé par la situation. Bien sûr, il trouvait cela drôle. Il adorait la provoquer, et l'idée de passer du temps avec elle devait lui plaire.
L'Alpha poursuivit sans leur laisser le temps de protester.
« Vous partirez demain à l'aube. Votre mission consiste à patrouiller dans les terres frontières, pour vérifier qu'aucune menace ne s'approche de notre territoire. Vous ne reviendrez qu'une fois que vous serez capables de travailler ensemble sans vous disputer. »
Téa sentit son cœur s'accélérer. C'était donc une mission de longue durée. Elle n'avait pas prévu de passer autant de temps seule avec Nicolas, et encore moins dans un cadre aussi isolé. Elle ne pouvait protester, mais elle sentit son regard s'assombrir, les mâchoires serrées.
« D'accord, » finit-elle par murmurer, résignée.
Nicolas hocha la tête en silence, sans un mot de plus. L'Alpha les congédia, et ils quittèrent son bureau ensemble, un silence lourd planant entre eux. Ils marchèrent en silence un moment, jusqu'à ce qu'ils soient suffisamment loin des autres membres de la meute. Enfin, Nicolas se tourna vers elle, un sourire narquois au coin des lèvres.
« Alors, tu es prête pour notre petite escapade ? » lança-t-il d'un ton amusé.
Téa lui lança un regard noir, serrant les poings pour se maîtriser. Elle refusait de lui donner le plaisir de voir à quel point cela la dérangeait.
« Ce n'est pas une escapade, c'est une mission, » répondit-elle froidement. « Et je te conseille de prendre cela au sérieux. »
« Bien sûr, mademoiselle parfaite, » répliqua-t-il avec un sourire moqueur. « Je ferai de mon mieux pour être à la hauteur de tes standards. »
Elle soupira d'exaspération, accélérant le pas pour le distancer. Mais il la suivait, sans se presser, comme s'il se délectait de chaque seconde passée à la voir lutter contre son agacement. Elle se promit intérieurement de ne pas céder à ses provocations durant cette mission. Si elle devait passer du temps avec lui, elle le ferait en gardant son calme et sa dignité.
Le lendemain matin, alors que l'aube pointait à peine, elle se retrouva devant l'entrée du territoire de la meute, équipée et prête pour leur mission. Nicolas l'attendait déjà, appuyé nonchalamment contre un arbre, les bras croisés. Il avait l'air parfaitement détendu, comme s'il partait en promenade.
« Prête ? » demanda-t-il, un sourire en coin.
Elle lui lança un regard dur, sans un mot, puis commença à marcher en direction de la frontière. Il la suivit en silence, et ils marchèrent ainsi un long moment, chacun perdu dans ses pensées. Malgré elle, Téa sentait son esprit divaguer, songeant à cette étrange alchimie qui semblait les lier. Elle ne comprenait pas pourquoi il l'irritait autant, mais elle ne pouvait nier que sa présence éveillait en elle des émotions qu'elle avait du mal à contenir.
Au bout d'un moment, Nicolas brisa le silence.
« Tu sais, tu es la première personne à ne pas me traiter comme le fils de l'Alpha, » dit-il, d'une voix étrangement sérieuse.
Elle tourna la tête vers lui, surprise par ce changement de ton. Pour la première fois, elle voyait en lui autre chose qu'un simple provocateur. Il semblait sincère, presque vulnérable.
« Peut-être parce que je te vois tel que tu es, Nicolas, » répondit-elle doucement.
Il la regarda, surpris, et un léger sourire apparut sur son visage, cette fois dépourvu de moquerie. C'était un sourire honnête, qui fit battre le cœur de Téa un peu plus fort. Elle se détourna rapidement, perturbée par ce bref instant de complicité. Elle se promit de ne pas se laisser troubler. Mais, au fond d'elle, elle savait que cette mission serait tout sauf ordinaire.