Les chaînes du destin
img img Les chaînes du destin img Chapitre 5 05
5
Chapitre 6 06 img
Chapitre 7 07 img
Chapitre 8 08 img
Chapitre 9 09 img
Chapitre 10 10 img
Chapitre 11 11 img
Chapitre 12 12 img
Chapitre 13 13 img
Chapitre 14 14 img
Chapitre 15 15 img
Chapitre 16 16 img
Chapitre 17 17 img
Chapitre 18 18 img
Chapitre 19 19 img
Chapitre 20 20 img
Chapitre 21 21 img
Chapitre 22 22 img
Chapitre 23 23 img
Chapitre 24 24 img
Chapitre 25 25 img
Chapitre 26 26 img
Chapitre 27 27 img
Chapitre 28 28 img
Chapitre 29 29 img
Chapitre 30 30 img
Chapitre 31 31 img
Chapitre 32 32 img
Chapitre 33 33 FIN img
img
  /  1
img

Chapitre 5 05

TITRE: AMINA, MA FEMME.

CHAPITRE : 2

______ [Amina]

Pourquoi ai-je accepté de me marier à Tidiane SEYDOU ? Tout d'abord, il y a une réalité qui s'est imposée à moi ces derniers mois. Mon père, qui avait toujours montré une confiance inébranlable dans l'avenir de notre famille et de l'entreprise, avait commencé à exprimer des préoccupations grandissantes concernant la direction future de l'entreprise familiale. J'ai appris que son désir de prendre sa retraite était devenu de plus en plus pressant. Et même si ces discussions étaient souvent feutrées et chargées de sous-entendus, j'avais compris qu'il espérait que l'entreprise resterait entre de bonnes mains, idéalement celles d'un visage masculin qui pourrait maintenir et renforcer les liens familiaux et professionnels.

Ismaël, mon frère aîné, a été un pilier central dans nos plans familiaux. Jusqu'à récemment, il semblait qu'il reprendrait le flambeau à son retour de la Belgique où il vit avec sa femme, Emma qui est de nationalité belge. Mais récemment, nous avons appris qu'Ismaël avait acquis la nationalité belge grâce à Emma puisqu'ils se sont mariés car elle est actuellement enceinte de lui, et qu'il a décidé de s'établir définitivement en Europe. Cette décision n'était pas seulement un changement de cadre de vie mais aussi une indication claire qu'il ne reviendrait plus au Sénégal. Ce changement a été un coup dur pour mon père, qui voyait dans le retour d'Ismaël une solution idéale pour la continuité de l'entreprise.

Face à cette situation, mon père s'est retrouvé dans une position délicate. Il était évident qu'il préférait que la gestion de l'entreprise reste entre les mains d'un homme, en partie par souci de préserver les traditions et en partie parce qu'il croyait qu'un homme pourrait maintenir une continuité dans la direction. L'idée d'avoir une femme à la tête de l'entreprise était quelque chose qu'il trouvait difficile à envisager, malgré mes compétences et ma formation en droit des affaires.

Ma propre situation, en tant qu'avocate de renom, avait été bien perçue, mais je savais aussi que mon père, tout en étant fier de mes réalisations, avait des attentes différentes pour moi. Il espérait que l'entreprise serait dirigée par quelqu'un qui comprendrait et préserverait les valeurs familiales. Mon père voulait également s'assurer que la transition se fasse de manière harmonieuse, et il voyait le mariage avec Tidiane SEYDOU comme une solution viable pour assurer la pérennité de l'entreprise tout en restant dans les limites de notre cercle familial.

Accepter de me marier à Tidiane, donc, est devenu une option qui répondait à plusieurs objectifs. D'une part, cela permettait de respecter les traditions et les attentes familiales tout en offrant une solution pratique à la question de la direction de l'entreprise. D'autre part, travailler avec lui serait certainement un défi, mais aussi une opportunité de façonner l'avenir de l'entreprise avec une personne qui, je l'espérais, partagerait mes objectifs et ma vision.

L'acceptation de ce mariage arrangé est donc devenue, pour moi, une décision pragmatique. Mon choix de faire face à cette réalité était également motivé par la compréhension que je serais mieux placée pour influencer le cours des affaires et de ma propre vie en acceptant cette union.

Cette décision était également une façon de me préparer à l'inévitable réalité des mariages arrangés. En acceptant cette offre, je prenais le contrôle de ma situation plutôt que d'attendre un mariage qui pourrait ne pas être en accord avec mes propres aspirations. Il était important pour moi de choisir un partenaire avec lequel je pourrais collaborer et évoluer, plutôt que de me retrouver dans une situation où je serais peut-être simplement une figure décorative à côté d'un homme qui ne partagerait pas mes valeurs ou ma vision pour l'avenir.

______ [Tidiane]

Aujourd'hui, c'est le jour de mon mariage avec Amina, et je n'avais jamais vécu une telle intensité d'émotions auparavant. En tant que Wolof, je savais que notre mariage serait un événement grandiose et coloré, mais aucune préparation ne pouvait réellement me préparer à ce qui allait se passer ce jour-là. J'étais plein de joie, mais aussi de nervosité alors que je me tenais devant la maison, prêt pour cet instant unique.

Lorsque la musique des tam-tams et des percussions se fit plus forte, je savais que le moment était venu. La cérémonie avait commencé par les préparatifs traditionnels. Et après les échanges nécessaires, nous avions commencé à organiser cette journée mémorable. La dot, les cadeaux symboliques, et toutes les festivités étaient en place. Mais le moment le plus poignant de cette journée c'était sans aucun doute celui où Amina est apparu dans les escaliers.

Amina descendait les escaliers accompagnée de sa mère et des autres femmes de sa famille. Ses pas étaient légers et fluides, et sa robe était d'une splendeur inégalée. Les tissus chatoyants et les décorations délicates reflétaient la lumière, créant une aura presque magique autour d'elle. Mon cœur battait la chamade alors que je la voyais s'approcher. Je ne pouvais pas détacher mes yeux d'elle, tellement elle semblait être l'incarnation même de la beauté.

Elle était à couper le souffle. Mon père se tenait juste à côté de moi, observant la scène avec un sourire satisfait. Alors que Amina avançait vers nous, il me lança un regard complice et me demanda :

- « Alors Tidiane, comment trouves-tu Amina ? » J'étais tellement subjugué par la beauté de ma future épouse que je n'avais pas vraiment réfléchi à ce que j'allais dire. J'étais totalement ébloui, incapable de trouver les mots justes pour exprimer ce que je ressentais.

- « Sublime. Elle est incroyablement sublime. » Mon père éclata de rire. Son rire était plein de joie et de malice, comme s'il savourait ce moment autant que moi. Il me regarda avec un sourire moqueur et me dit :

- « C'est bien, mais il vaudrait mieux que tu fermes ta bouche sinon une mouche risque d'y entrer. Et puis, il est hors de question que tu embrasses Amina dans cet état. »

Ses paroles me firent reprendre conscience. Mon père avait raison, je devais me ressaisir. Ma bouche était grande ouverte, comme si je n'avais jamais vu de beauté auparavant. En un instant, la réalisation que j'étais au cœur d'un moment aussi solennel et joyeux m'envahit. J'avais été tellement submergé par mes émotions que j'avais oublié les conventions et la décence du moment.

Je fermai la bouche rapidement, essayant de retrouver un semblant de calme et de dignité. Mon père, toujours avec son sourire amusé, me tapota l'épaule pour me rappeler de garder mon sérieux.

Nous fûmes alors assis côte à côte, et les parents, en particulier ceux d'Amina, se préparèrent pour la bénédiction.

Le père d'Amina, Mohamed, se leva pour prendre la parole. Son discours, était une déclaration d'amour et de fierté envers sa fille unique :

- « Amina est ma prunelle, ma seule fille. Elle est comme une jolie fleur dans mon jardin, précieuse et fragile. Tidiane, je te demande de prendre soin d'elle comme on prend soin de la plus belle des fleurs. Elle mérite tout le bonheur du monde, et je te fais confiance pour veiller sur elle avec tout l'amour dont tu es capable. »

À ces mots, les larmes commencèrent à couler sur ses joues, et je sentis une douleur dans mon cœur. En voyant ses larmes, Mohamed, tout aussi ému, s'approcha et l'embrassa doucement sur le front. C'était un geste tendre et réconfortant, et je ne pouvais qu'admirer la profondeur de leur lien.

Je savais que c'était à moi maintenant de prouver que je méritais sa confiance. Je me tournais vers Amina et, avec toute la sincérité dont j'étais capable, je lui promis :

- « Je te protégerai contre vents et marées. Je prendrai soin de toi et je veillerai à ce que tu sois heureuse. »

En entendant ces paroles, Amina leva les yeux vers moi. Sa surprise était évidente. Les larmes continuaient de couler, mais il y avait désormais une lueur de quelque chose de plus doux dans son regard, visiblement touchée par mes paroles, elle semblait percevoir un espoir dans ce mariage qui était, au départ, une union arrangée.

Dans ses yeux, je pouvais lire une nouvelle ouverture, une reconnaissance de mes intentions sincères. C'était un début, un petit pas vers un avenir que nous devions construire ensemble. Et dans ce regard partagé, j'eus l'impression que nous avions fait un premier pas vers la compréhension et l'acceptation mutuelle.

[*****]

La cérémonie était désormais derrière nous. Après des adieux chargés d'émotions avec les parents d'Amina, il était temps pour elle et moi de quitter la maison de ses parents. Je me tenais en retrait, attendant près de la voiture qui nous attendait pour nous conduire à la maison où nous allions vivre ensemble dès maintenant. Amina, les yeux encore rougis par les larmes, prenait un dernier moment pour embrasser ses parents. C'était un instant empreint de tristesse et de mélancolie. Je pouvais voir la douleur sur son visage, une douleur qui se mêlait à la résignation.

Je cherchais à respecter son espace, préférant rester en arrière pour ne pas interrompre ces adieux poignants. Amina serra ses parents dans ses bras, leur murmurant des mots que je ne pouvais pas entendre mais dont le poids émotionnel était palpable. Ses larmes coulaient librement alors qu'elle faisait ses adieux, et ses parents semblaient peinés également. La scène était à la fois belle et déchirante.

Finalement, Amina se détourna et se dirigea vers la voiture. Elle monta dans la vehicule avec une lenteur résignée, je l'aidais à monter à bord avant de m'installer à ses côtés. Le chauffeur démarra doucement, et nous nous enfonçâmes dans la nuit. Tandis que le chauffeur démarrait, nous nous retrouvâmes plongés dans un silence chargé. Amina restait immobile, les yeux rivés sur la fenêtre, comme si le paysage nocturne pouvait lui offrir un peu de réconfort. Ses larmes, qu'elle essayait de cacher en détournant la tête, étaient encore visibles à travers la vitre.

                         

COPYRIGHT(©) 2022